L’Olrik Team à l’assaut du mont Fuji ! (3) : Zawa Zawa

La section allant de la septième à la huitième station était la plus longue : 400 mètres d’ascension, une grosse heure et demie. Heureusement, le flyer indiquait que le trajet serait ponctué de petits chalets où se reposer. Enfin, « se reposer », disons juste que l’on avait le droit de s’asseoir en face pour reprendre des forces, mais y entrer pour piquer un roupillon réparateur, pour cela il fallait réserver à l’avance.

Pas les douze sanctuaires, mais plutôt les douze temples du consumérisme. Vous allez comprendre pourquoi.

Évidemment, tout était complet (j’avais vérifié quelques semaines auparavant), et pour ce qui était d’y entrer pour se restaurer, les prix affichés demandaient réflexion. Car il faut évoquer ici une particularité du Mont Fuji, trésor national qu’il convient de préserver mais qui n’empêche pas l’habituel jeu de l’offre et de la demande : plus vous montez, plus votre corps est soumis à la fatigue et demandeur d’un peu de réconfort alimentaire, plus les prix deviennent exorbitants. Au début, j’ai un peu froncé les sourcils en voyant qu’une Cup Noodle était vendue 400 yens (normalement, c’est cent au supermarché). Mais finalement, c’était encore raisonnable puisque quelques centaines de mètres plus loin, c’était carrément 700 yens. Même la petite bouteille d’eau, il vous faudra la payer chèrement et en déguster la moindre goutte. En voyant cela, je songeai à la série Kaiji et l’une de ses morales : soit tu raques le prix fort, soit tu crèves. Que choisis-tu ?

Zawa zawa

Bon, on en n’était pas non plus à ce point, nous avions encore notre propre bouteille d’eau et nos barres de céréales, mais j’imaginais des randonneurs insouciants (comprenez : encore plus que l’Olrik Team), démunis de ces denrées et avec juste 200 yens en poche, franchement mal en point, au bord du malaise, demander à une des échoppes de leur faire l’aumône d’une misérable Cup Noodle à partager. C’était l’assurance de faire un remake japonais de la Cigale et la Fourmi !

En tout cas, un qui ne chantait pas et encore moins dansait, c’était Olrik the 3rd. Jugez plutôt :

Laissez-moi agoniser tranquille !

Remarquez, je n’avais qu’à mettre à ses pieds une petite pancarte avec inscrit dessus « À vot’ bon cœur, Dieu vous le rendra », et j’étais sûr de récolter une petit pactole me permettant de m’acheter toutes les Cup Noodle que je voulais. D’ailleurs, quelle lumière éclairait son frêle visage en papier mâché ? Ceci :

Eh oui ! juste à côté se trouvait la fenêtre d’un chalet derrière laquelle une grappe de riches randonneurs japonais prenait la pause pour une photo. Tout allait bien pour eux : chaleur, réconfort et nourriture abondante (limite s’il n’y avait pas des hôtesses), comme l’indique à droite l’homme un peu joufflu en train de se goinfrer de son curry. Très dickensien en fait comme situation, j’appréciai assez. Mais allez ! l’heure n’était pas au conte de Noël mais à l’EXPLOIT majuscule et aidant Olrik the 3rd à se relever (pas besoin de le faire pour Olrik jr, tout allait parfaitement bien pour lui), nous reprîmes l’ascension du sentier escarpé et biscornu. Dans l’obscurité, il était assez sympa d’avoir en ligne de mire les lueurs des prochains chalets, synonymes de pauses salutaires, même si Olrik the 3rd commençait à pousser des soupirs de découragement à leur vue. Mais ainsi est cet enfant : à la fois bougon et volontaire. Et surtout pris dans un engrenage car, après plusieurs passées à marcher, il était maintenant conscient que faire demi-tour serait aberrant. 

Je me souviens plus trop quelle heure il était durant l’ascension de cette section. Je crois en tout cas que c’est à ce moment que Castor Joufflu commença à se plaindre du froid. Fort opportunément, son grand frère avait mis un deuxième sweat-shirt dans son sac, juste au cas où. Comme lui n’avait pas particulièrement froid, il accepta d’en affubler son frangin. Ça allait mieux mais la poursuite de l’ascension jusqu’à la huitième station ne fut pas sans me rendre soucieux. Intérieurement, résonnaient les notes de l’OST de l’arc d’Asgard de Saint Seiya, notamment ce morceau :

Froidure, redoutable nature, souffrance, oui, il n’est pas exagéré de dire que l’on affrontait une épreuve du même acabit que celles éprouvées par les cinq chevaliers de bronze. Et ce n’était que le début !

À suivre…

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