Quand la Daiei se la jouait Ben-Hur

Shaka (aka Buddha)

Kenji Misumi – 1961

Au début des années 60, on ne se refuse rien à la Daiei (c’est après que ça va se gâter). Dans la lignée des grandes fresques hollywoodienne, on décide de produire un film sur la vie de Bouddha, et en 70 mm encore ! une première au Japon. On confie le projet à l’un des maîtres artisans du studio, à savoir Kenji Misumi (qui enchaînera d’ailleurs avec le premier volet de Zatoichi), et l’on enrôle les meilleurs acteurs du studio (Reizo Ishikawa, Shintaro Katsu, Kôjirô Hongo…) ou des figures d’autres stuidios (j’ai pu reconnaître grimée en Indienne Haruko Sugimura, une des actrices fétiches d’Ozu).

Le résultat ? Très honorable.

Alors oui, on n’atteint pas les degrés de somptuosité d’un Cléopâtre, d’un Ben Hur ou d’un Spartacus. À y regarder de près, les bijoux portés font quand même un peu trop mastoc (la HD ne pardonne pas pour ce genre de chose). Et il est tout de même un peu étrange de voir des Hindous avec des visages de Japonais. Après, plutôt que le bling bling Bollywoodien, je préfère encore ça, d’autant que la mise en scène de Misumi ainsi que les décors sont plaisants.

L’épreuve ultime : Bouddha devant résister à la danse tentatrice d’une bijin bonnet L.

Quant à l’histoire, je dirais que ceux qui ont lu le manga d’Osamu Tezuka (de 1983) sont en terrain connu. Il serait d’ailleurs intéressant de savoir si le film a été une des sources du Dieu des mangas pour créer l’un de ses chefs d’œuvre (très probable qu’il l’ait vu). Les principales étapes de sa vie sont restituées : sa naissance, son dégoût des armes, son mariage avec une princesse qui va se suicider, son départ pour une vie purement spirituelle, son enseignement, etc. Dotée d’une durée mesurée de 2H38, cette fresque enchaîne finalement assez bien les épisodes, et l’on n’a pas le temps de s’ennuyer devant ce Technicolor nippon en Super Technirama 70mm, avec notamment quelques scènes mémorables : la danse de la tentation pour essayer de faire chuter Bouddha, une exécution avec des éléphants, des infanticides, etc (Ah ! Pas mal de jolies princesses, aussi).

Une belle surprise finalement assez confidentielle, le nom de Kenji Misumi étant avant associé à Zatoichi, à la série des Baby Cart et à d’autres films de sabre. Cela dit, il suffit de voir la programmation de la Cinémathèque concernant le grand cycle qui lui est consacré pour voir que sa filmo est encore largement à explorer.

7, 5 /10

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