Adultères criminellement soporiphiques

Warui Yatsura (aka Bad Sorts aka The Wicked)

Yoshitarô Nomura – 1980

Le docteur Toya est peut-être un bon docteur, mais il a deux défauts : celui d’engranger des dettes et d’utiliser les femmes pour essayer de les surmonter, par exemple en les aidant à zigouiller leurs maris afin de palper une part de l’héritage. Malheureusement, la mécanique ne va pas tarder à se s’enrayer…

La même année, Nomura sortait Writhing Tongue, étonnant film sur une petite fille s’égratignant un doigt dans un marais et qui va aller de mal en pis, avec de terrifiantes scènes à l’hôpital. Il est intéressant de voir qu’il est sorti après The Wicked, comme si Nomura avait voulu se secouer un peu du « style Nomura », à savoir une histoire sombre bâtie souvent à partir d’un roman de Seichô Matsumoto, avec un crime, une reconstitution, une scène de procès et parfois un secret enfoui (ainsi Le Vase de sable, sans doute son chef-d’œuvre).

Car il faut bien le dire, The Wicked n’est guère palpitant. Pourtant, l’affiche est aguicheuse (et encore plus la deuxième) avec ses cinq belles actrices, notamment une Meiko Kaji qui pour l’occasion va devoir gérer (et elle le gère très bien) un rôle où elle n’a pas à rester mutique en prenant un air ténébreux. La photographie est soignée, les scènes s’enchaînent bien, mais voilà, tout cela est bien bavard et, surtout, on peine à s’intéresser au personnage du docteur, joué par un Takao Kataoka bien trop fade. Le docteur est une belle crapule, d’accord, mais que l’acteur nous donne au moins envie soit d’être derrière lui, soit de le détester et de souhaiter ardemment sa chute. Là, c’est ni l’un ni l’autre tant son personnage est inexpressif au possible. Je ne sais pas si cela tient de l’acteur ou de la volonté de Nomura, mais le résultat est au bout d’un moment problématique. En voyant le film, sans doute à cause de son métier qui en fait quelqu’un qui appartient aux couches hautes de la société, j’ai songé aux épisodes de Colombo dans lesquels les meurtriers avaient du relief et pouvaient donner du fil à retordre à Colombo. C’est ça que j’aurais voulu voir, au moins je n’aurais pas attendu les vingt dernières minutes pour voir enfin le film s’animer avec un inspecteur joué par un Ken Ogata pugnace. Mais en fait vain espoir puisque face à Ogata, le bon docteur se fait méchamment bouffer tout cru. Et même chose finalement lors des nombreuses scènes avec les différentes conquêtes, l’expressivité des Meiko Kaji, Keiko Matsuzaka, Junko Miyashita, Mariko Fuji et autre Ai Kanzaki permettant au moins de rendre le bavardage des scènes un peu plus supportable.

Bref, sans être un mauvais film, The Wicked est à l’image de son personnage principal, un film fallot dans la filmographie de Nomura.

6/10

 

 

 

 

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