Allez, c’est le moment de reprendre les rênes de ce site, après une absence de plus de trois semaines, because voyage au Japon. Remarquez que j’aurais pu me fendre de quelques articles durant le voyage, comme je l’avais fait lors du précédent, mais je ne sais trop pourquoi, il m’a cette fois-ci été impossible d’achever là-bas un quelconque article. Sans doute parce que le séjour durait bien moins longtemps que les précédents (quinze jours au lieu de quarante) et qu’il m’importait de faire autre chose que d’être devant un écran à empiler des lignes. Et puis, tout bêtement, il y avait aussi une question de plaisir. Autant la dernière fois il y avait eu plaisir à raconter au plus près des choses vécues, autant là, j’ai senti qu’il serait plus vif en décalant la rédaction.
Bref, une semaine après un retour qui a été bien moins cauchemardesque que le précédent, me revoici devant mon écran pour tenter de relater ce huitième voyage au Japon, voyage sous couleurs (presque) automnales, une première pour moi.
Mon beau-père est un génie du mal
Prévu depuis cinq mois, aidé financièrement par des beaux-parents qui se languissaient à l’idée de devoir attendre une année de plus avant de voir leurs petits-enfants et qui étaient prêts à raquer les billets d’avion pour raccourcir notre retour, ce séjour devait se faire durant la Toussaint, avec un aller se faisant un deux fois. D’abord, dès le mardi avant les vacances, Madame partait flanquée des enfants, histoire de gratter quelques journées en plus avant les vacances, puis moi en solo dès le vendredi.
Le voyage ne fut pas totalement sans histoire pour Madame Olrik puisque son avion, accusant au départ de Roissy un retard de quatre heures, arriva à Tokyo avec autant de retard, la condamnant à se rendre à un hôtel avec les enfants pour prendre le lendemain matin le premier avion pour Miyazaki. Mais les merveilles de la technologie étant ce qu’elles sont maintenant, je pus suivre via Skype le déroulement des opérations et être rassuré.
Moins rassurant en revanche était la capacité de mon beau-père à entreprendre des trucs en mon absence. Pour faire simple, adorant ses petits-fils, il a déjà cette capacité à faire sortir comme Garcimore des billets de dix mille yens de ses poches pour ensuite les filer à Olrik jr et Olrik the 3rd, public forcément tout acquis à ce type de spectacle. D’un côté, ça leur fait plaisir, de l’autre, merde ! s’il s’agit de les pourrir pour les transformer en Abdallah comme dans Tintin, moi je dis stop !
Du coup, avec l’arrivée de l’anniversaire d’Olrik jr, je me méfiais. Méfiance légitime car c’est le jeudi que j’appris via Skype que le beau-père, en discutant avec Olrik jr afin de connaître quel serait son souhait de cadeau, lui proposa le choix entre… la Nintendo Switch ou la PS4 !
A gauche, la peste, à droite, le choléra.
Il faut vous dire ici un truc : je n’ai rien contre les jeux vidéo. Ce serait d’ailleurs bien hypocrite de ma part puisque ayant eu ma première console à l’âge de sept ans (un Atari 2600), j’ai toujours eu jusqu’à ma post-adolescence un joujou de ce type (un Amstrad CPC 464, une Mégadrive puis un PC) me permettant de cocooner avec délices dans des bulles de temps devant un écran. Est-ce que je le regrette ? Je ne sais pas trop à vrai dire. Ce qui est sûr, c’est que j’ai pris mes distances avec les jeux vidéo, jugeant qu’en termes d’enrichissement et de plaisir, rien ne remplace un bon livre ou un bon film. Du coup, j’ai à cœur de contrôler le temps que passent les enfants devant des jeux. Je puis même aller jusqu’à dire que j’ai parfois des allures de Kapo lorsque je patrouille dans la maison pour surprendre les kids en train d’essayer de jouer en cachette, alors qu’ils ont épuisé leur temps de jeu quotidien. Cela donne alors lieu à des scènes bien hypocrites, je le reconnais, scènes ressemblant parfaitement à ça :
Connaissez-vous le blog de Morgan Navarro ?
Bref, en plus d’une tablette (là aussi, offerte par mon beau-père – le démon ! – lors du voyage 2017), d’une PS2 (la dernière console que j’ai achetée pour moi-même, j’avoue, machine acquise après mon deuxième voyage afin de pouvoir jouer à Taiko no Tatsujin – puisque j’avais récupéré à Tokyo deux « tatacons » – le taiko miniature pour pouvoir y jouer), d’une Nintendo DS light et d’une 3DS, on allait devoir se coltiner une nouvelle console. Un espoir cependant : il n’y avait rien d’encore acheté puisque Madame, ne sachant pas trop si une Switch japonaise (apparemment Olrik jr avait jeté son dévolu sur cette console) pouvait fonctionner en France avec des cartouches françaises, avait conseillé à son père d’attendre mon arrivée pour voir cela avec lui. Je me faisais fort alors de le baratiner pour l’enjoindre à abandonner ce projet et acheter quelque chose de plus utile (par exemple un beau vêtement, une belle paire de chaussures, un beau plumier, etc.). Las ! Une heure plus tard je reçois sur Skype un autre message : profitant que ma douce était occupée à prendre son bain, et sans doute aussi un peu ivre de plusieurs verres de shochu (je le connais, hein !) et d’avoir ses petits-fils à proximité, le beau-dab s’était empressé d’aller sur Amazon pour commander en loucedé la Souitche. Moi qui comptais lire là-bas tranquillement A l’Ombre des jeunes filles en fleurs dans le salon baigné par la douce lumière automnale, j’en allais être pour mes frais…
Hakuho me souhaite la bienvenue !
Le lendemain, direction Roissy. Une amie vint nous prendre le matin, moi et mes valises, avec son mini-van vert pour me déposer à la gare de ma bourgade. Un TER et un TGV plus tard j’arrivai à l’aéroport avec quelques heures à tuer avant le départ prévu à 20H30. Pas de retard cette fois-ci, je ne risquai pas de connaître la même déconvenue que Madame à Tokyo. Dans l’avion j’inspectai la liste des films que le serveur vidéo-ludique proposait. Quoique assez peu friand du sieur Tatsuya Fujiwara, je tentai ceci :
Memoirs of a murderer
Remake d’un film coréen, le film raconte l’histoire d’un serial killer qui attend sagement la période de prescription de ses crimes pour sortir en librairie le récit de ses exploits sanglants. N’étant pas toujours particulièrement attentif lorsqu’il s’agit de suivre un film avec des sous-titres anglais, alors que je suis occupé à gérer devant moi un plateau repas japonais avec plein de petits plats, Il m’a semblé que le film n’étais pas trop mauvais et qu’il mériterait plus tard un autre visionnage.
Arrivé à Haneda je retrouvai les premiers contacts sensoriels avec le Japon. Ceux des corridors moquettés de l’aéroport. Baignés par la lumière permise par les grandes parois vitrées donnant à voir l’activité du tarmac, ils me permettent à chaque fois de sortir en douceur de l’avion, de retrouver mes forces et de sourire en apercevant ces premiers signes d’un Japon retrouvé. Ici une affiche publicitaire avec Hiroshi Abe, là le visage renfrogné d’un agent de sécurité. Et une ambiance cotonneuse faite d’une discipline toute japonaise (les gens ne parlent pas, ils marchent et c’est tout) annonçant plus tard une tout autre ambiance, celle des rues, des magasins aux incessants jingles, des restaurants aux serveurs parfois braillards. En attendant de les retrouver pour de bon, il fallait enchaîner avec mon avion pour Miyazaki. Là aussi, RAS. Attendant dans la porte d’embarquement, j’insérai ma première pièce de cent yens dans une machine à canettes pour déguster mon premier café BOSS du séjour, un peu groggy par mon voyage de presque vingt heures (avec le train) mais aussi perplexe par ce ciel chargé qui annonçait un voyage automnale sans couleurs. Deux heures plus tard, c’est un ciel nocturne et légèrement pluvieux qui m’accueillit à l’aéroport de Miyazaki. De quoi faire la grimace néanmoins, alors que j’attendais mes bagages, la vision d’un visage bien connu me redonna le sourire :
Oui, voir le visage de Hakuho faisant la promo d’une marque de shochu me parut subitement des meilleures auspices pour les deux semaines à venir, et voir juste après celui de ma femme venue me chercher acheva de me regaillardir. Le retour à la maison des beaux-parents se fit dans la petite voiture que nous utilisons à chaque séjour. Madame était venue du coup seule, le véhicule étant un peu juste pour caser ma grosse valise dans le coffre sans plier les sièges arrière. Curieuse arrivée : il était 19H30, il faisait déjà nuit noire et il pleuvouillait donc, manifestation d’un typhon passant bien au large de Miyazaki mais qui promettait d’après la météo un lendemain très pluvieux et un peu agité.
Arrivé devant la maison, j’aperçois une bouille bien connue qui, au bruit du moteur de la voiture, s’était précipitée sur le seuil pour me voir arriver et me souhaiter le bonjour : c’est Olrik the 3rd, tout sourire et apparemment épanoui d’avoir retrouvé ses marques au Japon, suivi d’Olrik jr puis des beaux-parents. On se salue puis, comme il est vingt heures et que l’on m’attendait pour manger, on ne tarde pas à se mettre à table. Je n’ai pas forcément grand faim après le trajet en avion mais enfin, devant les mets préparés par la belle-mère, je sens poindre dans mon estomac un deuxième souffle. Et comme le beau-père décapsule une bière japonaise pour m’en remplir un verre afin de trinquer, je sens que les morceaux de poisson au curry n’auront qu’à bien se tenir.
Une heure plus tard, après avoir bien mangé, bien bu, bien discuté, alors que Madame est en train de parler à son père, je dodeline, je peine à maintenir les paupières ouvertes, très pilier de comptoir après cinq bocks dans le buffet. Me voilà tout à coup rattrapé par la fatigue du jet lag et je sens qu’une bonne nuit après une bonne douche s’impose. Un peu dans le cirage, ma perception du Japon est encore incrédule. En retrouvant cette salle de bain et ses tabourets en plastique pour se doucher au niveau du sol, j’ai un violent sentiment de familiarité, de proximité temporelle. Cela fait vraiment quatorze mois que l’on a quitté le Japon ? J’ai l’impression que c’était la semaine dernière. Et c’est le même sentiment quand je vois les futons disposés dans la chambre du haut dans laquelle moi, Madame et éventuellement les kids quand ils n’ont pas décidé de dormir en bas avec leur grand-père, passons nos nuits. Me glissant dans celui disposé au milieu, je ferme les paupières et m’endors instantanément. Quelques heures plus tard, à exactement quatre heures du matin, je les rouvre, conscient qu’il me sera absolument inutile de tenter de prolonger la nuit. Me saisissant de ma tablette, je passe adroitement par-dessus Olrik jr en train de pioncer puis me rend à la chambre d’à côté. Je passe le temps à regarder des épisodes d’une série et à lire. La fatigue se fait de nouveau sentir, j’ai limite envie de retourner au futon. Et puis, vers sept heures, j’entends les premiers bruits d’activité en bas. C’est ba-chan qui s’active. Habituellement c’est à 6H30 mais comme on est dimanche, il y a eu un extra au lit. Dehors le ciel commence à s’éclairer, chose qu’il aurait faite depuis belle lurette en été. J’ouvre la porte fenêtre pour aller humer l’air tout en regardant ces toits bien connus de ce quartier populaire :
Tout cela était encore un peu gris, un peu humide mais peu importe, le Japon était là. C’était parti pour quatorze jours d’habitudes familières dans l’atmosphère de l’automne…
Perso je ne risque pas d’oublier mon atterrissage en plein typhon à Haneda, suivi de 5 heures de Shinkansen (dont 45 mn d’arrêt, typhon oblige)…
Enfin c’est surtout mon estomac qui va s’en souvenir.
Heureusement qu’après je n’ai eu que du soleil, mais quand même je me dis qu’en vieillissant ça va devenir de plus en plus dur ces trajets ^^
(mais si j’avais le pognon, je partirai chaque année quand même)
Oui, ton atterrissage mouvementé ne me surprend pas. Onomichi, c’était tranquille mais pour y aller, il fallait bien d’abord passer par la case Tokyo et là, vu la trajectoire du typhon, tu pouvais difficilement y couper. Quant au train qui s’arrête 45mn, j’ai connu ça. Mieux vaut que ça ait lieu dans un shinkansen que dans un train de banlieue, alors que tu es debout faute de place (j’ai connu aussi ! 🙁 )
Sinon temps magnifique aussi de mon côté. Par rapport à l’été, c’est quand même sympa de se balader en jean et veste sans suer comme un boeuf.