Poursuivons l’article sur le Yuki Matsuri en entrant maintenant dans les détails du festival. Commençons par le moins spectaculaire : les statues de glace alignées sur l’avenue Susukino. Moins spectaculaire mais une bonne claque quand même. En fait, pour un souci de progression dans le grandiose, je ne saurais que trop conseiller de commencer par ces statues avant de se rendre sur l’avenue Odori. C’est une sorte de mise en bouche avant le feu d’artifice des monstrueuses sculptures de neige. Sur cette petite avenue, toute une collection de statues de glace est donc alignée. Leur taille est raisonnable (environ deux à trois mètres de haut) et leur nombre est de quelques dizaines. Les sujets sont variés : des personnages, des animaux, des créatures mythologiques pour l’essentiel. Certaines sont vraiment impressionnantes par le souci de finition.
Cette année-là, Davy Crockett faisait partie du service d’ordre
Après avoir contemplé ces créations (c’est assez rapide en fait), il faut emprunter une avenue perpendiculaire pour rejoindre le site principal du festival. Cette avenue qui fait la jonction est très animée. C’est un peu une artère qui permet aux piétons de se rendre aux différents grands magasins du centre.
Arrivé à l’avenue Odori commence le grand jeu. Par où commencer ? par quelle extrêmité de l’avenue ? En fait, les Japonais, toujours très disciplinés, ont résolu ce dilemme en optant pour un ordre de marche. Reprenons cette photo :
Vous allez en fait dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, à savoir que vous avancez en empruntant l’allée à droite puis, arrivé au bout, vous remontez par le côté gauche. Du coup peu importe l’endroit par lequel vous arrivez puisque en suivant cet ordre, vous finirez par tout zyeuter.
Comme vous pouvez le voir sur la photo, l’avenue est relativement longue, la pratiquer dans les deux sens revient à faire plusieurs kilomètres de marche et, en fonction de votre rythme et du temps passé à observer les sculptures, vous en avez pour une heure ou deux de promenade. Autant le dire, malgré le froid intense (vous avez intérêt à être rapide lorsque vous ôtez vos gants pour prendre des photos car vos doigts gèlent au bout de quelques secondes), c’est évidemment un plaisir, on ne sent absolument pas la fatigue. Et c’est quelqu’un qui était alors éclopé qui vous le dit. Chouette idée que j’avais eu de faire des footings à tire-larigot en France pour arriver au Japon dans une forme olympique ! Mais après, avec un genou gauche qui vous crie miaou à chaque pas sur les trottoirs glissants de Sapporo, et doublement même avec le froid qui n’arrange rien, vous regrettez amèrement d’avoir voulu jouer les Zatopek en goguette. Et pourtant, magie du Yuki Matsuri, malgré mes affres je me souviens que le plaisir que je prenais à me promener sur cette avenue était tel que les petits pépins physiques devenaient secondaires.
Tout est fait pour procurer du plaisir au touriste : plaisir visuel, mais aussi sonore, olfactif et gustatif. Pour le toucher, je dirais qu’être engoncé bien au chaud dans une triple couche de vêtements au milieu d’un froid polaire (la température devait être de -10°C) est aussi une source de plaisir. Pour les sons, outre celui des exclamations de la foule devant ce qu’elle voie, on trouve de tout : concerts organisés, musique traditionnelle, jeux bruyants dans lesquels sont mis à contribution des familles et leurs enfants, marchands de nourriture alpaguant les clients potentiels, etc. C’est bruyant mais cela participe à une délicieuse saturation des sens. Pour les odeurs et le goût, cela vient évidemment des nombreux stands de nourriture qui viennent ponctuer la promenade. A chaque fois, le prix de la marchandise est raisonnable : quelques centaines de yens. Du coup, les pauses grignotage sont assez nombreuses et vous terminez la journée avec pas forcément une énorme envie de manger. Qu’importe : déguster de succulentes boulettes chaudes de takoyaki au milieu de l’ambiance de ce festival vous donne un peu l’impression d’être le roi du pétrole.
J’allais oublier : les statues. Que dire ? Elles sont tout d’abord nombreuses, très nombreuses. Elles sont de toutes les tailles. Les plus grandes peuvent aller à quinze/vingt mètres de haut. La reconstitution du château d’Osaka était sur ce point assez stupéfiantes. Enfin, leur sujet est varié. On trouve de tout : ici la star coréenne du moment, là un personnage de dessin animé bien connu (Anpanman, Doraemon, Totoro…), ou encore un édifice comme le château d’Osaka ou un bâtiment américain célèbre. Il y en a pour tous les goûts, pour tous les âges. Dans tous les cas, quel que soit l’âge, il me semble impossible de ne pas retrouver son âme d’enfant durant les quelques kilomètres que dure cette magnifique promenade.
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