Peu de temps avant que quelque chose ne se détraque, je me trouvais à Osaka pour aller traîner mes guêtres du côté de Dotonbori. Était-ce une bonne idée ? Je l’ignore. On peut aimer livrer son corps à ces bains de foule dantesques que des villes comme Tokyo ou Osaka peuvent offrir, on peut faire ses délices à soumettre ses sens à un maelström de couleurs et de sons, mais se claquer l’esprit, le réflex dans la main droite, la caméra numérique dans l’autre, à essayer de ne faire qu’un avec le décor et de capter tout ce qui bouge dans un état de surexcitation quasi extatique non, c’était décidément décidément pas une bonne idée, surtout lorsque le détraquement en question touchait à la vue…
Bref, après un séjour de trente jours à Miyazaki, à faire les couleuvres chez la belle-famille ou à se distraire aux matsuris d’été, nous devions remonter tranquillement vers Tokyo par le train pour y prendre l’avion. Durant les dix jours qui nous restaient, différentes étapes étaient au programme pour que ma femme puisse revoir quelques uns de ses amis : Fukuoka, Hiroshima puis Osaka qui allait nous permettre de revoir plusieurs connaissances qui avaient assisté à notre cérémonie de mariage. Pour le choix du resto, j’y étais allé de ma petite insistance : il fallait qu’il se trouve dans le quartier de Dotonbori, histoire de profiter pour la première fois de son ambiance nocturne « à la Blade Runner » (dixit le Lonely Planet).
Dotonbori est le pendant osakesque de Shibuya. Le jour, c’est magnifique. La nuit, c’est époustouflant. Et peut-être un peu écrasant aussi. On y trouve la même impression grisante qu’à Shibuya, celle de se laisser porter par des bruits et des lumières. On est un peu abruti mais aussi un peu sur un nuage, subjugué par ce royaume de la consommation et du divertissement. Et subjugué par la déferlante d’images qui vous tombent dessus. Inutile de sortir votre planche pour essayer de surfer dessus, vous êtes sûr de boire la tasse et c’est finalement ça qui est bon.
Spatialement, c’est plus basique que Shibuya : deux artères perpendiculaires qui se rejoignent par un pont. Les connaisseurs crieront sans doute à la simplification extrême et ils n’auraient pas tort car je suis sûr que Dotonbori recèle une multitude de ruelles sans prétention tout à fait aptes à procurer de délicieuses promenades. Et pourtant, c’est bien cette géographie rudimentaire qui s’impose et qui reste à l’esprit de celui qui arpente le quartier pour la première fois. Shibuya est différent : on y pénètre comme dans un entonnoir à partir de la place de la gare et après, à vous de voir quelles veines ou quels vaissaux capillaires vous allez vous emprunter pour vous perdre dans ce quartier où la vie semble pulser dans la moindre parcelle d’asphalte. Pourtant doté d’un très correct sens de l’orientation, je ne m’y suis jamais fait et plus d’une fois je me suis surpris à repasser pour la troisième fois dans la même rue en moins d’un quart d’heure alors que je voulais seulement regagner la gare. Avec Dotonbori, aucun risque : il suffit de marcher droit dans un sens ou dans l’autre, on finit toujours par retrouver le pont. Ça peut paraître plus monotone mais si pour vous photographie et grouillement de vie font bon ménage, ça ne l’est pas. Un peu comme un chasseur de papillons sur lequel foncerait un nuage de lépidoptères. Les bestioles passées, il y aura sûrement des pertes, le chasseur n’ayant évidemment pu toutes les capturer. Mais s’il a su élever au maximum son adresse et la perception du mouvement, il peut prétendre à une jolie moisson. Autant dire qu’à ce petit jeu, Dotonbori apparaît comme l’acmé du genre. Foule bigarrée, touristes sidérés, habitués indifférents, coquettes aux longues jambes ou jeunes machomen qui viennent chasser, on en vient rapidement à oublier le temps qui passe, on pourrait y passer des heures bien que l’esprit en alerte ait une parfaite conscience de la moindre seconde tant les yeux analysent, décortiquent le décor, à l’affut d’une scène fugitive, d’une silhouette en mouvement qui, pour peu qu’elle passe devant l’objectif et qu’elle ne soit pas empêchée par le passage inopportun d’un autre papillon, donnera cette satisfaction particulière du bruit du déclencheur.
Enivrant mais fatigant. Dès le début Osaka nous avait donné l’impression que ça allait être différent de Tokyo. Du monde, de l’effervescence, d’accord. Mais un je ne sais quoi de turbulent, de brouillon, d’encore plus chaotique par rapport à l’ambiance tokyoïte. Et l’environnement urbain n’était pas sans corroborer cette impression avec des bâtiments WTF? en diable :
Aperçu du quai de la station de Shinimamiya, il s’agit du Festival Gate, un parc de loisirs (détruit depuis peu je crois) avec ses montagnes russes qui serpentent entre les bâtiments et au-dessus des magasins. Tellement à l’image de cette ville et de ses innombrables blocs de bétons à travers lesquels allait se faufiler le train que j’attendais. Il se dégage de ce fatras architectural une certaine laideur. Une certaine précipitation. Comme si la ville avait voulu en remontrer à sa grande soeur de Tokyo en lui prouvant qu’elle aussi avait de beaux atouts en matière de grandiloquence urbaine. Mais tout cela est désordonné, quasiment rasée par les bombardements durant la guerre, Osaka semble avoir voulu se relever de manière irréfléchie. Les bâtiments ont alors poussé comme des champignons et se sont répandus comme une gangrène. Vue de ma fenêtre alors que je me trouvais dans le train de la « Loop Line » (ligne circulaire à l’exemple de la Yamanote de Tokyo. Très pratique) qui allait me rapprocher de Dotonbori, je me rappelle de m’être demandé quel plaisir j’allais bien y trouver. Pour un ancien quartier des plairs, c’eût été le comble de n’y éprouver aucun.
Une demi heure plus tard, arrivée à la station de Namba. Au détour d’ubn corridor, on tombe sur un mur ondoyant d’une quarantaine de mètres tapissé de petits carreaux à travers lesquels un jeu de lumières fait défiler un continuel dégradé de couleurs :
Tout simplement beau. Et étrange : fallait-il donc être sous terre pour avoir sous les yeux autre chose que de la laideur en béton cellulaire ? Le retour à l’air libre allait me fixer sur ce point puisque la sortie débouchait sur une petite place où de jeunes danseurs de rue esquissaient des chorégraphies tandis que des semi-ganguros palabraient sur les détails d’une prochaine danse :
L’ambiance était au calme, portée par ces jeunes gens appliqués, pas rebelles pour deux yens ainsi que par ce gros miroir en forme de boule planté au milieu de la place et entouré de plusieurs arc-de-cercles métalliques et colorés. Deuxième fois en moins de cinq minutes que je voyais des lignes courbes apaisantes. Allons, la ballade à Dotonbori partait sous de bons auspices.
Quelques rues plus loin on arrive à l’entrée de l’antre :
L’entrée de l’entrée précisément puisque pour gagner le fameux pont Ebisu, le centre névralgique du quartier, il faut d’abord suivre sur trois cents mètres une rue avec une ribambelle de magasins fermés. Ici des statues incongrues…
là un couple à vélo bienheureux …
… achèvent de me faire oublier la sinistrose de tous ces cubes de béton aperçus depuis le train. Après avoir traversé l’avenue Mido-suji et sa bordée de buildings assez spectaculaires, on reprend un tronçon de la rue menant à Dotonbori. Cette fois-ci, c’est la bonne, on croise de plus en plus de gens provenant d’un croisement un peu plus loin. Les enseignes des magasins sont plus tape-à-l’oeil et la densité de bijins au mètre carré monte d’un cran. On tourne à gauche et là, on comprend qu’il n’y a plus qu’une seule chose à faire :
… risquer le torticolis à regarder en l’air. Regarder quoi ? Ceci :
Vue du pont Yebisu. En couleurs ou en noir et blanc, ça claque de même.
Un bordel de gigantesques enseignes publicitaires. Devant, derrière, à droite et à gauche. On se sent comme au musée à part que l’on n’est pas dans un lieu clos à regarder des Rembrandt mais à ciel ouvert à contempler des publicités. Dotonbori ou l’ultime démonstration que la pub peut être un art urbain. Infailliblement ce patchwork monumental de kanjis, de katakanas et de romajis vous procure un frisson de plaisir et l’on se dit vivement le soir que l’on assiste à l’acte II afin de voir à l’œuvre les milliers de lumières connectées aux panneaux. D’ici là, la ballade continue avec l’arcade commerciale de Shinsaibashi-suji. On dit y faire du 2 km/h tant il y a du monde. Largement assez pour qu’aucune des devantures de magasins ne passent inaperçues, encore moins les plus virils :
On va malgré tout jusqu’au bout pour la gloire (500 mètres) mais au retour, on en a plein la tête et les guibolles, surtout madame qui émet le souhait de se reposer en sirotant quelque chose au premier café venu. La laissant avec une tisane et un Olrik jr devant une tasse de chocolat, je retournai dare-dare du côté de pont yebisu pour une séance de street shooting en solo, occupation bien plus tonique qu’une tisane. Plus corsée surtout, Dotonbori donnant comme je l’ai dit peu de répit au photographe. Très vite on a la tête qui tourne, ivre d’images, de mouvements, de superpositions d’intéressants specimens du Japon sur un fond de publicité dantesque. Ici je vais m’économiser en m’abstenant de retoucher une fournée de photos supplémentaires pour vous en donner une idée. La vidéo que vous trouverez plus bas vous fera aisément comprendre combien peut être un fabuleux terrain de jeu.
18H30 arrive, c’est le moment de retrouver ma tisanière et mon lardon. J’arrive au café et là qu’est-ce que je vois ? Olrik Jr en train de faire de l’oeil à deux créatures :
Brave Olrik Jr ! Dans mes bras mon petit ! Que voilà le digne fils de son père ! Je l’aurais volontiers félicité en casquant une deuxième tasse de choco pour sa fraise mais l’heure tournait et le rendez-vous au restaurant approchait à grands pas. Direction le sud à pleine voile vers l’autre arcade commerciale, Sennichi-mae. Je n’ai absolument aucun souvenir de ce que l’on y a mangé. Peu importe en fait : les seuls plats qui me sont restés précieusement en mémoire sont des amis chaleureux, de jolies, filles, un Olrik Jr faisant fureur, des éclats de rire et de l’alcool, beaucoup d’alcool.
Choisir le bon ISO sous alcool, tout un art.
La journée à Dotonbori se terminait bien. Restait à l’achever en apothéose avec l’orgie de lumières à l’Ebisu bashi. Avant même d’y être, on ne pouvait nier aux rues de Dotonbori d’avoir bien effectué leur métamorphose pendant que nous étions au restaurant. Le Lonely Planet n’avait pas tout à fait tort lorsqu’il évoquait Blade Runner même si, pour ma part, les effets des bières ingurgitées me firent penser à une autre référence…
Dotonbori : A Space Odyssey
Les yeux revenus en face des trous, je suivis émerveillé le jeu de piste que me proposaient les enseignes :
Sortant d’une légère ivresse houbloneuse, je tombai alors dans une réelle ivresse à me promener submergé par des signes dont je ne connaissais pas la signification. Étrange utilité de ces panneaux censés attirer le chaland mais qui finalement n’arrivent qu’à retenir le promeneur sans but dehors, dans une transe contemplative devant un spectacle où le signifiant n’a d’autre utilité que d’en foutre plein la gueule. J’aurais certainement pu rester des heures à sillonner les moindres ruelles pour collectionner sur mes rétines la moindre enseigne, même la plus insignifiante…
n’eussent été d’autres signifiants qui me ramenèrent à un monde plus terre-à-terre quoique tout aussi contemplatif – et admiratif.
Restait à voir, donc, la vue sur le fameux pont. L’enseigne Glico avec le sprinter aux bras levés notamment, ou encore la façade invraisemblable du Don Quixote. Arrivé sur place, je me posai. Effectivement, ce n’était pas dégueulasse. C’était même très beau. Mais je ne sais pas, j’ai alors eu l’impression que cette surenchère atteignait ses limites et qu’elle n’était pas si loin de me donner de cet effroi ressenti peu auparavant devant le chaos de cubes en béton. On se sent un peu frêle devant ces panneaux gigantesques plantés à quelques mètres de soi. La place principale de Shibuya donne-t-elle au moins un peu de recul au passant qui n’est alors qu’un simple spectateur émerveillé. A Dotonbori, on est pas loin de songer que l’on est une sorte d’acteur magnétisé, un figurant dans le délire cyberpunk d’un Cécile B. de Mille sous acide. On reste sur ce pont une minute, puis deux, puis trois. On aimerait partir, après tout on a fait son travail, on a bien admiré, on a pris des photos. Mais d’un autre côté on se dit merde ! c’est quand même le Ebisu bashi la nuit, c’est énorme, c’est sublime, c’est époustouflant, on ne voit pas ça tous les jours quoi ! Et l’on regarde encore, comme prisonnier du plateau en attendant que le metteur en scène donne l’ordre de lever le camp. Finalement l’ordre est venu de ma femme. Il était un peu tard et il aurait été malséant d’arriver trop en retard chez sa cousine de Takatsuki qui avait la gentillesse de nous héberger. The longest day must have an end…
Dans le train de la Kyoto Line, je regarde les photos prises sur l’écran de mon Nikon. La moisson a été très correcte. Et j’ai une photo souvenir du Glico Man illuminé. Bonne chose ça, voilà de quoi me rappeler plus tard que j’y étais et que c’était franchement énorme. Pour l’heure, la torpeur du wagon peuplé de passagers exténués et le roulis de cette ligne magique qui joint à 70 kms de distance deux putains de villes me plongèrent dans un semi sommeil où je songeai confusément à la chaleureuse famille qui nous attendait à Takatsuki. Exit Osaka. Prochaine étape : Tokyo. Entre ces deux, l’ombre lénifiante de Miyazaki nous couvrait le temps de deux journées. Ce n’était pas plus mal.
**
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Je termine avec une nouvelle vidéo qui résume le contenu de l’article. Comme toujours, compte tenu de mon noviciat en la matière, j’ai essayé de faire au mieux. Il me manque encore des connaissances pour parer à certains défauts, notamment la stabilisation mais enfin, le truc donnera une idée relativement correcte du lieu, ce qui est l’essentiel :
Bon bein alors là… tant pis, j’ose le dire : Olrik, je t’aime.
Peut-être que tu as remarqué mon chauvinisme pour Ôsaka, et si non, laisse moi te le dire sans détour : Ôsaka est la plus belle ville du monde! Ceci étant posé, le quartier de Dotonbori ne m’attire pas spécialement. Je n’y vais pour ainsi dire jamais, sauf obligation, tout en lui reconnaissant son intérêt pour une visite. Et là je lis tes mots, je ressens tes émotions, je les comprends parfaitement (pour les avoir ressenti un paquet de fois ici), et tout à coup, je veux aller à Dotonbori, là, tout de suite… Bon il est 21H40 donc ça ne se fera pas, alors merci d’avoir si bien parlé de la ville, et si justement de ce quartier. Ton talent d’écriture au service d’Ôsaka, c’est tout simplement trop beau pour être vrai. Merci encore!
Sa géographie est telle que tu l’as décrite, mais il faut lui adjoindre le quartier limitrophe de America Mura (Ame-mura pour les intimes, le village américain pour les non japonisants), qui est une sorte de China-Town inversée. Une enclave occidentale où les rues sont taguées (si si!) et où l’on croise des ersatz de 50 Cent’ asiatiques, au son des Ghetto Blaster. Bien mélangé avec Dotonbori, le coin devient vraiment passionnant.
Pour finir, concernant le Festival Gate, il est effectivement fermé depuis un accident, et le quartier où il se situe (Shinsekai -c’est à dire « nouveau monde », un comble-) est le quartier le plus « glauque » de la ville (Pachinko/Yakuz/SDF, cocktail détonnant) qui pourtant a un charme particulier tant il est délabré par endroits. On pourra y faire quelques photos décalées de ce qu’on donne habituellement à manger aux « japonofans », mais qui plantent une ambiance en un instant (comme cette tentative : http://nitosa.files.wordpress.com/2010/10/dsc02542.jpg)
Mais l’attraction en elle même n’est pas si étonnante, il en existe une d’une tout autre envergure aux abords du Tôkyô Dome, dans la capitale (aperçu ici : http://nitosa.wordpress.com/2010/09/05/la-ville-ce-jouet/ ) Mais stop à l’auto-promo, je suis vraiment ravi d’avoir lu un si beau texte au service de l’ambiance si propre à Ôsaka, et qui ne cesse de me faire aimer cette ville.
Ah, et ta vidéo est superbe! Pas évident de faire cohabiter l’ambiance survoltée et la musique calme de la bulle de l’observateur. Mais tes petits effets fonctionnent, (insérer « the longest days must have an end » dans ton texte, quelle maestria!) et on respire un grand coup pour capter le parfum de la chevelure de cette femme qu’on frôle, on sourit en distinguant fugacement le sourire de cette jeune fille, bref, on promène notre regard. Très bien joué!
En un mot comme en cent : merci!
Devant tant d’éloges, je suis comme face au Glico Man la nuit : pantois. Merci.
Et merci surtout pour ce long commentaire. Je me suis pas mal donné pour mener à son terme cet article (le gouffre de temps que représente un montage de quelques minutes !) mais voir comment tu te donnes toi-même pour y répondre est une récompense. D’autant qu’il vient de quelqu’un tout acquis à la cause d’Osaka et que j’y ai forcément quelque chose à apprendre.
D’une manière générale, je préfère Tokyo à Osaka. Après avoir visité cette dernière, je m’étais promis de ne plus y retourner, je la percevais un peu comme je l’explique dans l’article, c’est-à-dire comme une version plus brouillonne, plus soulante que Tokyo. Avec un autre état d’esprit aussi. Peut-être me contrediras-tu mais il m’avait semblé (à ma femme aussi d’ailleurs) que les habitants étaient beaucoup plus sans façon, plus français dans leurs manières finalement. Un exemple : à cette époque on se trimballait une poussette. Partout ailleurs les gens faisaient gaffe, nous laissaient par exemple passer les premiers dans une rame de métro. A Osaka non, rien à cirer. Je sais que ça ne veut rien dire et que nous sommes peut-être tombés sur des malotrus mais cela m’avait amené à percevoir Osaka comme une jungle urbaine bien plus déplaisante que Tokyo.
Mais avec le recul, je m’aperçois qu’elle m’a laissé une image finalement attachante et comme une envie, celle d’y retourner dorénavant systématiquement lors de mes prochains voyages, surtout après avoir appris l’existence de ce « Ame-mura » et de Shinsekai – par contre pour ce dernier je risque d’y aller tout seul.
Pour la vidéo, j’ai bien senti qu’il me manquait une petite dizaine de fichiers pour la rendre plus fluide, il a fallu parfois boucher des trous d’une manière peu convaincante faute de matière. Mais enfin, elle m’a permis de vaincre mes réticences par rapport à Adobe Premiere et il faudrait peu de choses pour que j’attrape le virus de la vidéo. Passionnant tout cela une fois qu’on s’y met. Et à défaut de pouvoir me rendre au Japon cet été, ça atténue pas mal mes regrets en me donnant l’impression de revivre totalement ces souvenirs. Je vais essayer de battre le fer tant qu’il est chaud et poster d’autres vidéos prochainement.
Sur ce, encore merci, bonne nuit et bien le bonjour à Osaka la belle farouche, pour moi, c’est l’heure de dîner avant d’aller zyeuter un feu d’artifice avec mon gamin.
Olrik.
PS : je t’envie bien d’avoir Dotonbori à portée de métro.
aaaah ça, la mentalité d’Ôsaka, ne laisse pas indifférent. On compare souvent l’écart qui existe entre Tôkyô et Ôsaka, à celui existant entre Paris et Marseille. Et effectivement le tempérament ici(à Ôsaka) est beaucoup plus chaleureux et bordélique (attention, on reste au Japon hein, c’est pas non plus l’anarchie). Par contre je suis très étonné de ton sentiment sur les gens « sans façon ». Je trouve personnellement que les Tôkyô-jin sont beaucoup moins disciplinés (escalators, files d’attentes, contact commercial etc).. Certes à Ôsaka, les gens parlerons un peu plus fort, seront parfois plus direct, mais je crois sincèrement (et là c’est pas du chauvinisme) qu’ils sont globalement beaucoup mais alors beaucoup plus avenants que les Tôkyô-jin ou même nos voisins les Kyôto-jin.
Ôsaka a une très grande histoire commerciale. Elle a été appelé longtemps « le garde manger du Japon », et continue d’ailleurs à être la capitale gastronomique et culturelle du pays. Cela se ressent dans cette façon qu’on les gens de traiter avec autrui je trouve. Et puis ici, on est fiers, très fiers. On parle l’Ôsaka-ben, on est fiers d’être serviable, ouvert et sympathique, etc. Ce que j’aime par dessus tout ici, c’est qu’on appartient à une ville, avec une identité forte, construite sur deux étages, avec ses sous-terrains partout (bien plus qu’ailleurs), une histoire bien plus ancienne que celle de Tôkyô (dès le 3ème siècle). Tôkyô ou d’autres grandes villes comme Kyôto même, ne permettent pas ce sentiment si fort, pour moi. Enfin pour toujours mieux illustrer cette opposition entre les deux villes, je t’invite à regarder deux vidéos magnifiquement drôles (et à prendre comme tel, pas autrement) tirées d’émissions japonaises. La première montre la différence de réaction des Ôsaka-jin et des Tôkyô-jin face à une blague de potache :
http://www.youtube.com/watch?v=6WGH_NZVpns&feature=player_embedded
(t’as remarqué le mec à 3’42 à Dotonbori justement, quand le gars lui dit qu’il vient de Tôkyô, la première chose que le gars lui répond c’est « ah vraiment? Vous trouvez Ôsaka intéressant hein? », j’adore, et le mec à la fin qui tourne sa banane pour la mettre dans le bon sens…excellent!)
La deuxième s’appelle Ôsaka-bang et est un jeu de mot avec l’Ôsaka-ben, le dialecte d’ici. Les réactions des passants sont testées, et c’est devenu assez célèbre. Moi je ne m’en lasse pas!
http://www.youtube.com/watch?v=WknMhk9J_EE
(mention spéciale au mec au téléphone qui ne peut qu’articuler à son interlocuteur des « attends une seconde attends une seconde » entre des « yawwwp » qui semblent obligatoires! Enorme!
« Par contre je suis très étonné de ton sentiment sur les gens « sans façon ». »
Cela vient du fait que mon expérience d’Osaka est courte. J’y suis allé deux fois et à chaque fois c’est une chose qui m’a été donné d’expérimenter alors qu’à Tokyo, rien de particulier à noter de ce côté. Manque de chance peut-être. En tout cas, tout à fait d’accord pour les Tokyoïtes plus distants. Quand aux Ôsaka-jin plus chaleureux, je te crois sur parole et c’est quelque chose à laquelle j’aimerais bien me frotter la prochaine fois. Tiens, ça me rappelle un chapitre du Gourmet Solitaire de Jirô Taniguchi (Kodoko nu Gurume, tu dois avoir ça au premier Book-Off venu) dans lequel le héros, un Tokyoïte, se trouve à Osaka et s’arrête à une échoppe de Nakatsu pour manger des Takoyaki. Il est totalement désarçonné par la ville (« j’ai l’impression d’être dans un film de Fellini ») et la chaleur des gens qui lui demandent de rester à manger avec eux ses boules de poulpes plutôt que de les ramener à l’hôtel le met encore plus mal à l’aise.Certains lui lancent des plaisanteries (qu’il ne comprend pas), d’autres font de l’ironie goguenarde (« les Tokyoïtes, ils ont le sens de la réplique ») tandis que le patron embarrassé essaye d’arrondir les angles (« désolé, vous devez les trouver pénibles »). Le personnage parvient à prendre du plaisir à manger ses Takoyaki mais pour ce qui est de communier avec les autres, c’est l’échec : « Quoi que je dise, je leur semble prétentieux ». 8 planches pleines de finesse et illustrant parfaitement ce que tu dis.
Excellentes tes vidéos sinon, si tu en as d’autres de ce type n’hésite pas. J’ai un doute sur la spontanéité de certaines réactions dans la deuxième, mais la plupart ne laissent aucun doute. Si le gars sortant du convini (1’48) n’a pas été mis au parfum, sa réaction est juste énorme.
Depuis le temps qu’on me parle de ce chef d’œuvre, il va bien falloir que je le lise!
Pour les réactions effectivement la plupart son spontanées, mais certaines pourraient bien être un peu arrangées, le mec dont tu parles me fait rêver de toute façon, je préfère croire qu’il est spontané.
De même il va de soit que tous les Tôkyô-jin ne sont pas « coincés » comme semble le dire la 1ere vidéo, mais bon, cela reflète une certaine réalité, et, au minimum, cela reflète bien que l’opposition des caractères entre les deux grandes villes est souvent exploitée et déclenche de bonnes galéjades!
On doit pouvoir trouver un bon paquet de vidéos de ce genre, mais ces deux là sont parmi mes préférées que je traine et diffuse depuis longtemps quand il s’agit de la différence entre Tôkyô et Ôsaka. J’en chercherai d’autres à l’occasion! 🙂
Hiroshima les mecs. C’est le bien.
Clarence, trolleur
@ Niwatori :
Les Tokyoïtes l’emportent au moins sur un point : le valseur est beaucoup plus ferme et puissant.
@ Clarence :
Un bien gentil trolling qui ne vaut même pas un « spanking hour », je suis déçu. Pas grave, ça fait tellement longtemps que j’ai pas vu ta bobine en ces lieux que j’en profite pour te mettre le grappin dessus et te demander si t’as bien commandé pour mon nouveau bureau :
– ma Neo-Geo
– mon mini-bar perso
– ma poupée gonflable Reiko Ike
– mon anthologie Buichi Terazawa
– mon coffret de l’intégrale des Tora san
– ma figurine de Fujiko chan dans sa baignoire
– mes 20 boites de Curry Lee
– Enfin, mes 50 bonbonnes de Mandom ?
Ah, et si je pouvais avoir une secrétaire perso, ça serait du nanan. Tiens, cherche pas, j’ai consulté les petites annonces, celle-ci fera parfaitement l’affaire :
« Vos Gashapons G-Taste sont arrivés Olrik-sama ».
Vivement la semaine prochaine !
Olrik, des goûts simples.
« ma figurine de Fujiko chan dans sa baignoire »
J’avoue avoir vu pareille merveille traîner sur le bureau de Clarence, du coup, j’ai prétexté une partie de Space Invaders, et hop, in the pocket, la figurine (en revanche, la poupée gonflante usagée, je n’ai pas osé la taper)…
Depuis, la figurine trône fièrement sur la niche de mon chien, il en est fan…. Bon courage pour la récupérer, il est plus féroce qu’un Dothraki à cheval….
Une partie de King of Fighters ? Je suis partant…..
A.rnaud. Norvegian way of life
« Bon courage pour la récupérer, il est plus féroce qu’un Dothraki à cheval…. »
C’te bonne blague ! Je te rappelle que j’ai déjà vu une photo de la bête. Une boîte de Whiskas suffira pour récupérer mon bien.
Très sympa tes quelques feuilles de ton carnet de voyage. Ça m’a littéralement emporté. Les photos sont pas mal du tout, t’as l’œil mon salaud. Ah oui, avant que j’oublie, enfoiré d’Olrik Jr ! ^^ A l’image de son père c’lui-là. 🙂 Sinon, j’aime bien la vidéo. Un montage comme il faut, des ralentis bien sentis et une musique qui se marrie parfaitement… chapeau !
ps : alors comme ça on filme les gens qui dorment en douce… hum ! (n’empêche j’aime l’idée qui en ressort avec cette jeune femme…)
ps 2 : Tes vidéos, Niwatori me font bien triper.
Merci, merci même si je ne peux m’empêcher de dire un « sonna koto nai desu yo ! » embarrassé.
Pour filmer des gens dans leur sommeil, aucun scrupule ma foi. Je l’ai déjà fait plein de fois pour la photo, le faire avec une caméra ne m’a pas donné de cas de conscience particulier. Ça fait passer le temps et permet d’emmagasiner des bouts de rush utilisable pour des montages comme celui-ci. Et puis, tant qu’il n’y a pas d’atteinte à la dignité des personnes… C’est avant tout pour l’amour du Japon et des Japonais(es) hein !
> « C’est avant tout pour l’amour des Japonais(es) hein ! »
Bien dit ! ^^ Continue mon pote, yeaaah !
Bon, ben comme Niwatori, ça fait plaisir de lire un article sur Osaka. Alors, oui, ça fait 7 mois qu’il est là, mais je tombe dessus aujourd’hui ^^
Après avoir traversé le Japon, je pense sincèrement qu’Osaka est un lieu particulier dans le paysage nippon. Et toutes formes de particularismes, méritent qu’on s’y attarde.
« … mais je tombe dessus aujourd’hui^^ »
Bah ! pas grave, je suis toujours content lorsque l’on déterre un de mes vieux articles. Sois le bienvenu.
J’ignore dans quelle mesure Osaka est un lieu « particulier » mais une chose est sûre : je veux y retourner pour mon prochain voyage. Pour y retrouver Dotonbori mais aussi tous ces quartiers méconnus que Niwatori évoque sur son blog. Ah ! à parcourir le tien il semblerait que toi aussi tu es osakalâtre. M’en vais aller voir tout cela plus attentivement…
Osakalâtre oui ^^
Avant de me poser, j’ai vraiment beaucoup bourlinguer au Japon. À la base, j’étais plutôt Tokyo, mais les circonstances m’ont fait atterrir ici et j’en suis plus que ravi.
Le Kansai, c’est vraiment une région incroyable et j’adore Osaka !
Bienvenue son mon blog en tout cas ^^