2 août :
Comme deux année auparavant, j’utilise les dernières journées de mon Japan Rail Pass pour me rendre à la capitale afin d’y passer deux journées en solo. Peut-être une des dernières fois que ce type d’excursion me sera permise car pour les prochains séjours l’intérêt sera tout de même d’embarquer Olrik jr et Olrik the 3rd afin de leur en mettre plein les mirettes.
En attendant cela, je savoure le voyage en shinkansen et réfléchis à ce que sera le programme du jour : Minami Senju pour déposer mes maigres bagages, puis Ueno, Jimbocho, Shibuya et Shinjuku. Du réchauffé mais peu importe, seul compte le plaisir de marcher avec l’appareil photo à la main. Pas de restaurant qui tue au programme : je me contenterai de rapides haltes à des Yoshinoya. En revanche, réessayer La Jetée, après un échec lors d’un précédent séjour, me tente assez.
Je l’ai déjà écrit maintes fois sur ce blog, le quartier de Minami Senju n’a rien pour lui. J’y retourne uniquement pour essayer d’y retrouver le plaisir qui avait été le mien treize ans auparavant, lorsque lors de mon premier séjour au Japon, les pas que je fis dans ce quartier furent les premiers effectués dans ce pays que j’allais retrouver par la suite six fois. Il y a encore un petit charme nostalgique à traverser le pont suspendu au-dessus des voix ferrées et à gagner la longue avenue menant à l’hôtel. Avec en prime la vue au loin du Tokyo Sky Tree qui entre-temps s’est imposé au paysage.
Ueno était relativement tranquille. Après quelques photos à Ameyoko et une halte au grand magasin de jouets Yamashiroya, je retourne à la gare du coin pour me rendre à Jimbocho. Là, je vois un bonze juste devant moi qui s’y rend aussi sans doute pour gagner un autre point pour y quêter. Je l’ai discrètement suivi jusqu’à la billetterie automatique afin de glaner quelques photos peut-être intéressantes.
Je ne te lâcherai pas d’une geta !
Là, une vieille femme habillée de manière voyante, vraisemblablement pour cacher une misère que l’on pouvait deviner à certains détails, s’approche et lui demande quelque chose. Sans sourciller, le moine se retourne et lui file un bifton de 5000 yens ! Ainsi sont les moines bouddhistes. Le cœur et l’oseille à la main.
A Jimbocho, je me rends à mes librairies préférées afin de faire une petite provision de photobooks et d’affiches de films. L’heure passe vite et il est temps de retrouver Shibuya et son essaim de Tokyoïtes et de touristes. Au carrefour, un couple de jeunes mariés s’escriment avec un photographe professionnel venu avec ses deux employés à prendre des photos au milieu du passage, durant le temps autorisé pour les piétons.
Vous vous demandez si la mariée est belle ? Jetez un œil à la vidéo en bas de l’article.
Autant dire que c’est du sport, d’autant que les badauds curieux qui les mitraillent autour d’eux (dont je fais partie) ne leur facilitent pas la tâche. Quelques instants plus tard je tombe sur une autre créature, cette fois-ci toute de rouge vêtue :
Là aussi, ça sentait la tenue préparée pour un shooting au milieu du carrefour et effectivement, je vis à proximité deux personnes chargées de l’opération.
Après vingt minutes passée à flâner sur le carrefour, il n’y avait plus qu’à pénétrer dans le quartier. Après une halte au Book-Off et au Mandarake où je chargeai un peu plus mon sac à dos de livres…
Je n’allai cependant pas jusqu’à acquérir celui-ci, trop cher !
… je fis une halte au Yoshinoya avant de me rendre à Shinjuku. Le temps de prendre au passage quelques ultimes photos…
… je rejoignis donc la Yamanote et quelques minutes plus tard arrivai à Shinjuku, bien décidé à retourner à la Golden Gai pour tenter ma chance à la Jetée.
Une fois dans les petites ruelles au mille bars, je m’aperçois que cette fois-ci, il n’y a pas à la porte du bar de mot accroché indiquant que la patronne est en vacances. Je prends donc mon courage à deux mains et gravis l’escalier très étroit permettant d’accéder au bar. J’ouvre la porte et là, surprise ! en plus d’être minuscule (je m’en doutais un peu mais pas à ce point), le bar est déjà occupé par pas mal de clients (que des étrangers). Un peu mal à l’aise par cette arrivée qui forcément dans un tel lieu attire tous les regards, je me vois cependant invité par la patronne à entrer et à prendre place sur un tabouret. Bon, cela n’allait pas être particulièrement confortable mais au moins je ne me cassais pas les dents une seconde fois.
J’y passai une heure, profitant de la décoration, de l’éclairage jaune, de la musique choisie par la patronne et essayant tout de même de discuter avec cette dernière puisqu’elle a la réputation de très bien parler français. Inévitablement j’évoquai Chris Marker mais je me souviens que nous parlâmes aussi cinéma et que Proust s’immisca aussi dans la conversation. Pour ce dernier, il s’agissait peut-être de mots échangés avec une cliente présente qui s’avérait être la traductrice de Chris Marker. Bref ce fut un moment plaisant, même si la forte présence de clients étrangers (des étudiants anglophones, un producteur de série pour Canal +) atténua le dépays-ement que j’attendais en venant poser mes fesses dans ce bar.
A la fois satisfait et maussade, je demandai à la patronne la permission de lui tirer le portrait puis je mis les adjas. En traînant une dernière fois dans les ruelles de la Golden Gai, je tombai sur cette porte engageante :
La bar avait-il été le bar de prédilection de Tetsuya Chiba ? Ceci appellera bien une vérification pour un voyage ultérieur.
Résumé de la journée en image et en musique (morceau : Asha, de Pantha du Prince) :
Je commente pas souvent, mais j’aime beaucoup toutes ces photos, qui me ramène à un été maintenant lointain (snif ?).
(c’est Reiko Ike sur la photo ? Je ne suis vraiment familier que d’elle, la faute à son fameux album)
Arigato.
Oui, c’est bien Reiko, c’est son unique photobook de charme (30000 yens sembl être le minimum requis pour l’acquérir).