Tora san 14 : Tora san’s Lullaby (aka C’est dur d’être un homme : les Affres de la paternité)
Yoji Yamada – 1974
Le jour de l’an est propice au visionnage d’œuvres inoffensives et apaisantes. Hier, j’ai ainsi décidé de me mater deux Tora san. Pas de bol, pour le premier (Tora san the Intellectual) je me suis rendu compte à la fin qu’il faisait partie des rares que j’avais déjà vus (bon, j’étais aussi encore sous le coup du réveillon). Après, avec 50 films présentant tous la même formule, c’est le genre de bévue qui est prévisible. Pas grave, je me suis rattrapé ensuite avec Tora san’s Lullaby, 14ème opus de la série, sorti en décembre 1974.
Comme toujours devant ce genre de film, il n’est guère aisé de se fendre d’une critique tant la formule est immuable, chaque épisode ressemblant au précédent et à celui qui suit. Dire que tel épisode est plus faible qu’un autre serait purement subjectif. Ce que l’on pourrait dire de tout texte à partir du moment où il s’agit de critiquer une œuvre, mais encore plus pour un Tora san. En le visionnant, je me suis demandé ce qu’avaient pu ressentir les Japonais qui allaient voir les Tora san programmés de 1969 à 1997, avec deux films par an (un pour le mois d’août, l’autre pour décembre ; le rythme est passé d’un film par an entre 1990 et 1997), ou bien ont assisté à ses facéties au gré des rediffusions à la télévision. Voir le quotidien des membres de la famille Kuruma, les voir vieillir malgré eux dans leur quartier intemporel de Shimabata, les retrouver durant les fêtes de fin d’années lors d’un nouvel épisode… de quoi tisser avec eux une familiarité particulière.
Cette familiarité, je ne l’ai pas encore, il faudrait que je me biberonne davantage à Tora san. Mais j’ai eu un certain plaisir à le retrouver dans ce film qui a pour particularité d’utiliser Masami Shimojo dans le rôle de l’oncle Ryuzo Kuruma (et il restera jusqu’à la fin de la série). Comme toujours, on commence par un rêve que fait Tora. Ici, Torajiro apparaît en dieu d’Ubusuna et vient en aide à un couple venu le prier pour l’aider à avoir un enfant. Rêve prémonitoire puisque faisant la connaissance d’un couple avec un bébé, il finit par avoir ce dernier sur les bras ! Évidemment, hauts cris à Shimabata quand il revient avec le bébé. Cependant, la vie reprend son cours. La tante de Tora s’occupe de l’enfant tandis que Tora fait la connaissance de la madone (autre passage obligé) du film : la belle et joyeuse infirmière Kyoko (Yukiyo Toake). Il en tombe amoureux mais, comme toujours là aussi, s’aperçoit qu’il y a concurrence avec Okawa, directeur de la chorale à laquelle participe Kyoko. Évidemment, le bon cœur de Tora (la consommation de saké aussi) fera qu’il l’encouragera le jeune homme à dire son amour à l’infirmière.
Sinon, pour l’aspect carte postale de la série (comme Torajiro est colporteur, on découvre souvent d’autres coins du Japon), ce sont les villes de Tomioka (préfecture de Gunma) et de Karatsu (préfecture de Saga) qui sont à l’honneur. Là aussi, c’est tout bête, mais un épisode de Tora san qui se contenterait de se dérouler intégralement dans le quartier de Shimabata ne serait pas vraiment un épisode de Tora san.
Pour le reste, encore une fois, il n’y a rien d’autre à dire que c’est du Tora san. Une formule immuable, liquoreuse et sucrée comme un verre de Sauternes en fin d’année. Pas impossible d’ailleurs que j’y retourne de temps en temps durant l’année.