Aroused by gymnopedies (Isao Yukisada – 2016)

Shinji est un réalisateur qui a la réputation de faire des films intéressants mais qui ne font pas d’argent. Il a autrefois réalisé un chef-d’œuvre qui a remporté un prix prestigieux. Mais maintenant, il a toute les peines du monde à retrouver le feu sacré pour boucler un film en cours, d’autant que l’actrice principale, Anri, énervée par une scène érotique qu’elle doit jouer, a décidé de claquer la porte. Commence alors pour Shinji une étrange semaine durant laquelle il va rencontrer et coucher avec une succession de femmes (une amie mère de famille, une étudiante, Anri elle-même, son ex-femme et une infirmière) tout en essayant de leur prendre de l’argent. On suppose que c’est pour financer un futur projet de film mais la réalité sera plus sombre…

J’en ai presque fini avec le projet Roman Porno Reboot. Après ce Aroused by Gymnopedies, il ne m’en restera plus qu’un à découvrir. Avec le recul, je m’aperçois que je n’ai aucune envie de revoir le film de Shiota et encore moins celui de Sono. Celui de Nakata continuant de me laisser un souvenir assez plaisant, il est probable que je le revoie un jour. Et à lui doit s’ajouter maintenant Aroused by Gymnopedies, film qui m’a pleinement convaincu, et pas seulement à cause de sa galerie de magnifiques bijins.

Les « hostilités » commencent dès les premières minutes du film, avec cette sympathique voisine aguichant le personnage principal en train de l’observer de sa fenêtre. Quel tempérament !

D’abord, le film baigne dans une mélancolie un peu inhabituelle dans un roman porno. Shinji, au début pas vraiment sympathique, fait peu à peu sentir au spectateur qu’il a un terrible secret lié à sa femme.

Shinji, un personnage torturé qui va trouver un remède consolatif dans l’exploration de certaines muqueuses.

Et quand retentissent les Gymnopédies de Satie, alors qu’il fait l’amour un peu brutalement à une de ses rencontres, on sent que le quinquagénaire souffre d’un amour perdu, amour qui est à relier avec le piano poussiéreux qui trône dans une des pièces de sa maison. Bizarrement, malgré la froideur et l’impassibilité du personnage, on commence à ressentir de l’empathie, voire une certaine sympathie pour lui, et le suivre dans son périple érotique devient tout à fait intéressant.

Ça commence doucement, de manière banale, avec une scène dans un love hotel.

D’autant que Yukisada a su conférer à ce périple une certaine originalité de ton, alternant sérieux, WTF ? (la voisine au début du film et l’infirmière à la fin) et humour (la conférence ratée lors de la rétrospective consacrée à Shinji dans un petit cinéma de quartier), le tout accompagné par une certaine recherche visuelle rendant les scènes érotiques à chaque fois différente de la précédente et agréable à regarder.

De l’inconvénient de baiser dans un hangar désaffecté.

Et puis, il y a ce côté « la Ronde », cette pièce d’Arthur Schnitzler (adapté au cinéma par Max Ophuls). Dans la pièce, un personnage A rencontrait un personnage B et faisait l’amour avec lui. Ils se quittaient, le B reprenait son chemin et rencontrait C. Ils baisaient, C repartait et rencontrait D, etc. A la fin G (ou H, je ne me souviens plus du nombre de personnages) retrouvait A, bouclant ainsi la boucle. Il y a un peu le même procédé dans Aroused, à la différence que l’on a un seul personnage masculin (A) qui va rencontrer à la suite différentes femmes. Cela va être une ronde un peu chaotique, certaines apparaissant une seule fois, d’autres apparaissant, disparaissant de la danse puis refaisant leur apparition.

Parmi elles, Yuka et sa langue bien pendue reviennent deux fois, pour le plus grand plaisir du spectateur.

A la toute fin, la boucle sera là aussi bouclée puisque en revenant à sa maison après quelques jours de découchages anarchiques, Shinji tombera de nouveau sur sa voisine et surtout sur son piano, incarnation de son mal lié à une femme. La structure est simple mais parfaitement efficace pour un film soumis à la règle propre au roman porno de la durée n’excédant pas 80 minutes.

Infiniment moins baroque que le film de Sono, Aroused n’en est pas moins plus attachant. L’exploration intérieure de Shinji, associée à celle des personnages féminins qu’il rencontre et accompagnée d’une photographie élégante et de la musique de Satie, suffit à combler l’amateur de roman porno. Et tant pis si les actrices sont moins girondes qu’Ami Tomite, même si leur plastique…

… donne tout de même une furieuse envie de mettre la main à la pâte !

7,5/10

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