Kosuke Takasuke est un théâtreux qui a décidé de quitter la ville pour aller s’enterrer dans une cabane, loin du bruit et des femmes. Pas de chance : il croise un jour une étrange jeune femme, Shiori, qui semble bien décidée à faire exploser ce subit vœu de chasteté…
Wet Woman in the Wind (風に濡れた女)
Akihiko Shiota, c’est un peu comme Nakata : voilà un réalisateur qui a commencé sa carrière avec des films véritablement personnels (Gips, Harmful Insect, Moonlight Whispers) avant de se commettre dans des productions plus mainstream (Dororo, I just wanna hug you). Le voir participer au projet Roman Porno Reboot éveillait donc la curiosité, avec l’espérance de le voir revenir à quelque chose de plus intéressant. En ce qui me concerne, il y avait aussi la curiosité de voir un autre film de la série du Reboot afin de pouvoir comparer avec le White Lily de Nakata, présenté comme le plus sage et respectueux des codes du roman porno.
Sur ce dernier point, je n’ai pas été déçu. Dès les premières scènes, on pense à un Kyoshi Kurosawa qui aurait décidé de revenir à ses premiers amours en faisant de nouveau un pinku eiga. Le spectateur est plongé dans un univers d’où l’absurde peut jaillir à tout moment. Ainsi la première rencontre entre Kosuke et Shiori, cette dernière sur un vélo et fonçant à pleine vitesse dans un fleuve. Elle en sort évidemment trempée comme une nouille de soba et entreprend d’essorer sans façons son t-shirt, exhibant ses seins sous les yeux de Kosuke.
Et le visage n’est pas non plus des plus vilains.
Quand on apprend plus tard que ce dernier a décidé de ne plus frayer avec le beau sexe, on se dit que cette scène inaugurale résonne comme le programme de ce qui se joue en réalité dans l’esprit de Kosuke. En apparence serein et indifférent aux sirènes du beau sexe, en réalité ne pensant qu’à « ça ». Et la sécheresse foutraque de sa pauvre baraque aura bien du mal à contrer les assauts d’humidité cyprinesque que les différents protagonistes féminins entreprendront. Shiroi donc, mais aussi une collègue de sa troupe de théâtre venue avec ses étudiants pour profiter de ses conseils et l’inciter à revenir, enfin une étudiante à poitrine plate mais qui saura titiller la libido du metteur en scène.
Le tiercé gagnant du film.
Intrigue minimaliste donc, qui donnera lieu à des situations incongrues et à une densité accrue des scènes de fesses au fur et à mesure que la fermeté de Kousuke se fissurera. Cela culminera avec un final de dix minutes assez réjouissant et émoustillant pour les yeux.
Mais que diable peut-il bien se passer dans cette minable cabane ? Chut !
Après, difficile, une fois le film achevé, de ne pas se poser des questions sur ce que l’on vient de voir. Wet Woman in the Wind est-il finalement un roman porno ? Il n’y avait aucun doute à cette question après avoir vu White Lily. Mais là, avec cette ambiance à la Kiyoshi Kurosawa, cette absurdité qui détonne avec les productions antérieures, on se dit que l’on est plus face à un de ces pinkus sortant des sentiers battus ayant été réalisés depuis les années 2000, qu’à un film érotique supposé rendre hommage au roman porno. Le film est plaisant à suivre mais doit-on se réjouir du fait qu’il bouscule plus les codes du genre que n’a pu le faire Nakata avec son White Lily ? Pour ce point ce sera à chacun de se faire son opinion. Après, il ne faut pas non plus oublier que le roman porno a été un terrain fertile dans lequel des touche-à-tout ont pu composer avec une multitude de thème, de pratiques sexuelles, le tout sur un mode dramatique, tragique ou comique. A la base il y avait déjà ce genre très codifié qui en même temps permettait toutes les libertés et du coup, il n’est pas incohérent non plus de se retrouver avec un Wet Woman in the Wind décallé, donnant même parfois l’impression de mettre en abyme le roman porno lui-même. C’est en tout cas le sentiment que j’ai eu lors du final durant lequel les trois donzelles sont plongées chacune de leur côté dans une séance endiablée de galipettes. La frénésie de ces scènes ainsi que leur imagination, profitant du moindre élément de décor pour relancer l’attention du spectateur alors que ce dernier aurait pu très vite se lasser (sentiment, il faut hélas bien le dire, souvent ressenti lors du visionnage d’un roman porno), peuvent en effet évoquer la frénésie du tournage d’un roman porno devant souvent se tourner en moins d’une semaine. Le tout avec des personnages masculins pas forcément inexistants mais faisant la part belle à leurs homologues féminines, les principaux personnages des histoires du genre. Dans Wet Woman, cette distinction est marquée par l’insignifiance des quatre étudiants, copies conformes (même pantalon, même chemise blanche et même coupe de cheveux) de Kousuke, tandis que les trois personnages féminins incarnent trois degrés du désir érotique (le plus volcanique étant celui incarné par Shiori), tous singularisé par une plastique et une apparence – disons graphique – particulière.
Ajoutons à cela que l’extrême simplicité du scénario peut aussi être vue comme une manière de souligner malicieusement cette caractéristique des roman porno de proposer une intrigue rudimenatire et que le fait que le harceleur du film soit une harceleuse permette là aussi de jouer avec un lieu commun déjà vu maintes fois dans le genre.
Bref, tout cela constitue un sel qui pourra faire plaisir au spectateur, même si ce dernier pourra parfois avoir aussi l’impression d’un film légèrement poussif. Je ne pense pas qu’il sera mon roman porno préféré de cette fournée reboot, mais enfin, il est probable que je le revoie un jour, ne serait-ce que pour apprécier sa belle photographie mettant en valeur le corps de Yuki Mamiya (à noter que les actrices sont toutes séduisantes et convaincantes dans leur rôle) :
Pour ceux qui hésiterait encore à voir le film, un petit coup de pouce : un page du magazine FLASH montrant Yuki sortant du bain. Rincez-vous bien l’oeil, c’est cadeau.
La voir juchée sur son vélo dévaler une pente, barboter dans l’eau avant de l’admirer poitrine au vent essorer son t-shirt a de quoi parler à l’esprit du spectateur mâle. Rien de plus universel car souvenez-vous, comme le chantait Elton :
♫ Like a wet woman in the wind ♫
En attendant de voir un troisième film de l’opération Reboot, j’ai en tout cas très envie de voir la môme Yuki dans The Torture Club et Crawler in the Attic. Affaire à suivre pour un prochain article.