Une belle-fille aux dents aiguisées

Afin de bien commencer la lecture du premier article pinku de l’année, je vous propose de le lire tout en écoutant cette chanson :

Pas de choix plus approprié en effet puisque Yôko Hatanaka est une de ces idoles qui ont succombé à un moment de leur carrière aux sirènes du roman porno pour varier les plaisirs (et gagner un peu plus de sous). Elle participa au film qui nous intéresse aujourd’hui en ne décrochant pas moins le rôle principal dans un des tout meilleurs roman porno de l’année 1980. Bon, genre je fais celui qui s’est maté les 68 roman porno de cette année pour dire cela, j’avoue humblement que je m’avance peut-être un peu. En tout cas, ce titre fait partie de ceux auxquels un minimum de soin a été apporté dans le script, le choix des actrices et leur interprétation, ce qui fait que le titre se regarde avec plaisir, voire intérêt, en particulier si on aime la cruauté car c’est un des plus tordus, des plus cruels – notamment dans sa conclusion – qui m’ait été donné de voir.

愛の白昼夢 (Ai no Hakuchûmu soit Rêves d’amour)

Kôyû Ohara – 1980

La cruauté apparaît de plusieurs manières dans le monde merveilleux du roman porno. On songe évidemment aux scènes de viol, aux meurtres (parfois) ou au bondage et son folklore. Si vous goûtez peu à ce dernier cas, je vous rassure tout de suite : Ai no hakuchumu ne mange pas de ce pain-là, et c’est tant mieux. Sa cruauté est plus subtile car incarnée par le joli minois rond de Hatanaka, alors âgée de 21 ans :

Une jolie petite gueule d’amour mais ne vous y fiez pas, cette fille-là, comme dirait l’autre, elle est terrible.

Voici en quelques mots l’histoire :

Yôko, apprentie peintre se destinant peut-être à faire les Beaux Arts, est inquiète : son papa, veuf célibataire plein de fric et qui aime à tringler de la gueuse intéressée sur son yacht, a décidé de reprendre sa vie en main et de s’assagir. Il projette de se marier avec Akiko (Yuki Kazamatsuri), bijin directrice d’une galerie d’art. Or, cela déplaît fortement à Yuko qui aimerait bien garder son papounet rien que pour elle et qui ne va pas forcément chercher à bien  accueillir sa nouvelle belle-mère…

Hatanaka est parfaite dans le rôle de Yuko. Son visage, son sourire, sa voix, tout concourt à donner à la minette le bon dieu sans confession. Face à la belle-doche, en apparence elle joue l’accalmie, avec des intonations et une manière de parler qui ne laisse jamais passer dans la voix un moment de défaillance, une irruption de colère. Ce qui n’est évidemment pas des plus rassurants, surtout lorsque l’on connaît la gueule de ses tableaux :

Dans une scène où elle montre la toile à son père, elle lui dit qu’il comprend sûrement l’interprétation que l’on peut faire de l’image. Alors que le film s’ouvre sur une fiesta à bord de son yacht (une d’une première partie de jambes en l’air pour monsieur, dans une cabine, avec une fraîche donzelle qui pourrait être sa fille), on pourrait penser que ce vieux requin (vieux car un peu édenté) n’est autre que le père qui passe son temps à croquer des bijins sur mer. Néanmoins, quand on voit la tournure que prend la relation entre Akiko et sa belle fille, on peut se demander si le requin ne serait pas plutôt cette dernière, ange gardien du père qui ne va pas hésiter à s’occuper des importunes voulant un peu trop se l’accaparer.

Le cheptel de poufs qui profitent bien du pognon du papa de Yoko.

D’autant que Yoko a l’air d’avoir un complexe d’Electre carabiné. Témoin cette scène au début dans laquelle Yoko aperçoit au dos du père un peu de sang (sortant de la fameuse cabine des plaisirs, il s’agit de griffures laissées par la pouf’ du jour). Aussitôt elle entreprend…

de lécher la plaie !

Plus tard elle explique à son père qu’il n’y pas besoin d’un remariage puisqu’elle pourrait parfaitement remplacer sa défunte maman. Gros yeux du père qui se dit qu’il y a au moins une chose pour laquelle ce serait tout de même un peu coton de la remplacer.

Mais cela ne convainc pas Yoko qui ne semble pas décidée à partager le père avec sa deuxième mère. Surtout que cette dernière est encore jeune (Yuki Kazamatsuri a alors 27 ans), belle, dinstinguée et cultivée bref, une concurrente plus sérieuse que les jeunes grognasses que s’envoie le père habituellement.

Vous avez été traumatisé par une horrible belle-mère ? Imaginez si vous aviez eu à la place Yuki Kazamatsuri !

Si Yoko Hatanaka est parfaite dans le rôle de la midinette bourgeoise perverse, Kazamatsuri l’est tout autant dans celui de cette belle-mère désireuse à la fois de se faire bien voir par la belle fille et de reprendre en main son éducation. Ce double aspect est visible dès la scène de leur rencontre. Sachant que Yoko est intéressé par l’art, elle lui offre un livre sur William Blake qui lui sera peut-être utile pour ses examens. Et comme le livre est en anglais, cela lui permettra en plus de travailler la langue. Moue ennuyée de Yoko qui ne sait pas si elle aura le temps de le lire. Mais Akiko insiste et lui tend fermement le livre, avec un regard qui ne souffre aucune contestation.

Ce sera le point de départ d’une relation orageuse dans laquelle Akiko alternera les moments de compréhension à ceux d’agacement, voire de colère.

Il faut dire que Yoko fait tout pour provoquer sa belle-mère. Acoquinée avec une bande de jeunes qui passent leur temps à baisotter et à se droguer sur la plage, elle se fait un jour épinglée par la maréchaussée venue faire un débarquement dans leur repaire :

Autant dire que dans ce repaire, c’est un peu la fête au slip (et au soutien-lolos)

Alors qu’Akiko vient la chercher au poste et qu’elles repartent à la maison, Yoko oblige sa belle-mère à prendre un jeune surfeur qui faisait de l’auto-stop. Elle va plus loin en l’invitant à crécher chez elle et, se sachant épiée par Akiko, elle rentrera sans façon dans la salle de bain pour donner une serviette au jeune homme qui a alors popol à l’air.

– Tiens ! c’est pour bien t’essuyer.

– Euh… Thank you !

Un peu plus tard, elle n’hésite pas à se rueur sur lui pour feindre une embrassade enfiévrée sur le plumard juste au moment où Akiko s’apprêt à entrer dans la chambre.

Doux Jésus !

Et ce n’est que le prélude à une multitude de tentatives pour tenter d’écoeurer et de faire fuir la concurrente.

Entre les deux, il y a le père qui ne voit rien, qui ne comprend rien et qui pue la vrille en fait. Manifestement papa gâteau du genre incapable d’éduquer fermement sa merdeuse (le genre mornifles dans le beignet accompagné d’un « tu fais ce que je dis et pas autre chose, OK ? », c’est clairement pas trop son truc), il remet les clés de l’éducation ferme à sa nouvelle épouse. Or, on comprend tout de suite qu’en dépit de sa bonne volonté, ce ne sera pas gagné avec ce petit scorpion de Yoko. Surtout, malgré ses belles paroles prônant dans sa vie l’accalmie, la raison, alors qu’il commence à prendre de l’âge, il ne peut s’empêcher de succomber non pas à l’appel de la mer mais à celui…

Des gros seins !

Les gros seins en question sont ceux de Kyoko Aoyama jouant le rôle de Keiko, grande amie de Yoko. Alors qu’elle a besoin d’argent (elle fréquente un garçon bien incapable de bosser sérieusement), Yoko lui propose tout simplement d’en demander à son père. Et pas besoin de le rembourser plus tard, il lui suffira tout simplement de lui offrir son jeune corps le temps d’une étreinte passionnée. Le père est d’abord offusqué par la proposition et menace de quitter la chambre d’hôtel dans laquelle Yoko a organisé le rendez-vous mais finalement, les flatteries de Yoko et la plastique de Keiko aidant, le papounet accomplit la besogne sans trop barguigner. Evidemment, Yoko en profite pour donner rendez-vous à sa belle-mère dans un resto dans les parages pour qu’elle tombe nez-à-nez avec son mari accompagné, bras dessus, bras dessous, avec une belette – ce qui arrivera.

Enfin, Yoko n’hésite pas à balancer au visage de sa belle-doche l’argument de la jeunesse. N’est-elle pathétique, la vieille, à faire la morale à une jeunette comme elle ? Et d’ailleurs qu’est-ce qu’elle peut bien comprendre aux jeunes ? Et pourquoi s’est-elle mariée avec un homme bien plus vieux qu’elle ? Ne serait-ce pas pour une sombre histoire d’argent ?

A tout cela Akiko répond par le mépris, arguant qu’il y a des choses qui se passent entre des adultes et que les enfants comme Yoko ne peuvent comprendre.

Là, Akiko touchera la morveuse qui a beau fréquenter des jeunes passant leur temps à baisoter entre deux portes…

(ou dans la moiteur d’une voiture sur un parking, comme Keiko et son copain)

… il s’avère en fait qu’elle est toujours vierge. Pour les fans de l’idole Yoko Hatanaka, ce sera évidemment l’espérance de voir leur chanteuse préférée dans le plus simple appareil, le temps d’une scène torride. Cela arrivera en compagnie du jeune surfeur qui permettra à Yoko de devenir femme c’est-à-dire de devenir un peu plus « mère » et donc de revenir à un pied d’égalité avec sa belle-mère.

Avant la fameuse scène, les amateurs de « bikini idols » auront la satisfaction de voir Hatanaka s’essayant aux joies du surf dans un joli bikini bleu.

S’ensuivra alors l’estocade finale pour régler définitivement le cas de la concurrente. Et là, je m’abstiens de donner le moindre indice sur les moyens mis en œuvre pour y parvenir. Je rappellerai juste le mot évoqué au début de l’article : cruauté.

Si vous êtes friands des roman porno présentant des situations triangulaires dramatiques et cruelles, dites-vous qu’avec Ai no Hakuchumu vous serez servis. La dernière confrontation entre Akiko et Yoko, dans la chambre de cette dernière, jouera la carte de la surprise traumatique. Une petite abjection qui donne tout de suite après d’écouter la bonne humeur des Beach Boys pour se laver l’esprit de ce cauchemar balnéaire.

7,5/10

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