Tora-san 17
C’est dur d’être un homme : La Libellule rouge (Otoko wa tsurai yo: Torajirō yūyake koyake)
Yoji Yamada – 1976
Épisode que j’ai trouvé assez remarquable car ici, on attache peut-être plus d’importance à la première rencontre du film que fait Tora. Il ne s’agit pas de l’habituelle madone mais d’un vieux clochard sale et imbibé de saké qu’il ramène chez sa famille (bien entendu outrée), avant de se rendre compte que derrière le clochard se cache le fameux Seikan Ikenouchi, immense peintre de son époque. Dans la saga, bien souvent, les hommes arrivés à la fin de leur vie, plutôt que d’incarner une sagesse prenant de haut les gamineries de Tora, se sentent attirés vers le trublion, touchés sans doute par son humanité derrière son apparence de bouffon.
D’ailleurs, moment rare : Gozen-sama, après avoir malencontreusement aspergé Tora avec son tuyau d’arrosage, oublie sa rigidité et retombe en enfance en s’amusant à l’arroser pour de bon.
Ça ne rate pas avec Seikan (superbement joué par Jûkichi Uno) qui se prendra d’amitié pour le colporteur et lui remettra un dessin, l’engageant à le vendre chez un bouquiniste de Kanda (scène d’ailleurs assez drôle) afin de rembourser sa famille des frais que son séjour a engendrés. Et plus tard, leurs routes se croiseront opportunément, ament Tora à se retrouver dans une maison de thé et à faire la connaissance de Botan, geisha de son état.
Sur le coup, encore sous le charme de la première partie avec Seikan, l’intrigue avec la geisha m’a moins intéressé. Mais passé le premier quart d’heure, quand la geisha déboule à Shibamata, fascinant son monde (et scandalisant quelque peu le prêtre du quartier), débordant d’une bonne humeur frôlant parfois l’hystérie aux côtés de Torajirô, le mécanisme sentimental de la saga reprend ses droits et l’on suit, intrigué, amusé, le déroulement de l’idylle même s’il apparaît que cette idylle tiendra plus de la camaraderie que d’une communion de sentiments. Peut-être parce que cette fois-ci, Tora ne cesse de plaisanter en lui demandant de se marier avec lui, chose qu’il n’a jamais fait avec les autres madones. De fait, l’épisode 17 est pour le moment le seul à se terminer sans désespoir amoureux. Variation scénaristique qui surprend agréablement et prouvant qu’après plus d’une quinzaine d’épisodes, l’inventivité de Yamada parvient encore à varier les situations et à susciter un plaisir intact.
7,5/10