Tora-san 6
C’est dur d’être un homme : Un air de candeur (Otoko wa tsurai yo: Junjō hen)
Yôji Yamada – 1971
Dans cet épisode, Torajirô vient d’abord en aide à une femme et son bébé du côté de Nagasaki. Mais saisi par un vif sentiment familial, il éprouve le besoin de retourner chez sa tante et son oncle. Là, il découvre que sa chambre est prêtée à Yuko, une jeune et magnifique parente éloignée de tante Tsune…
De nouveau un bon épisode, et pas seulement parce que la madone est jouée par la sublime Ayako Wakao. En fait, je sens qu’il sera plus simple de repérer les quelques épisodes faiblards, si tant est qu’il en existe tant la formule est rôdée – et imparable, à moins d’être un misanthrope de la pire espèce.
Une chose qui procure toujours le même plaisir, est ce sentiment de proximité entre les personnages, proximité qui abolit totalement la limite entre sphère privée et sphère professionnelle. Ainsi la boutique de dangos des Kuruma dont l’intérieur, par une porte coulissante, peut donner à voir aux clients leur salon. Mais il y a aussi leur arrière-cour qui donne directement sur l’imprimerie de Monsieur Poulpe, qui d’ailleurs traverse dans la boutique/lieu de vie comme si c’était chez lui. C’est une géographie où s’entremêlent travail et vie privée et dans laquelle le spectateur, invité invisible de cette double sphère, assiste avec délices aux inévitables frasques suivies de réconciliation.
Scène où ce petit monde suit un reportage dans lequel l’oncle et Sakura apparaissent. L’imprimeur est de la partie au moment du dîner, un peu comme s’il était un memebre de la famille.
Dans cet épisode, le gros problème vient de la décision d’Hiroshi de quitter Katsura le poulpe pour essayer de monter une affaire en indépendant. Crise de désespoir de son chef imprimeur qui voit se profiler la faillite et dont on a justement un aperçu de la sphère privée, avec son épouse et ses gamins bruyants (scène brève mais très drôle). Ce qui est curieux, c’est que l’on ne voit pas trop en quoi le départ d’Hiroshi mettrait en péril son entreprise. Il n’aurait qu’à trouver un nouvel employé. Mais ici, il s’agit moins de la structure de son entreprise que celle des relations entre les personnages. Hiroshi qui ne travaille plus pour le poulpe ferait que l’on verrait moins ce dernier, et donc qu’il n’y aurait presque plus de disputes entre lui et Torajirô. Dans l’univers constitué par Yamada, chaque élément à son utilité narrative et procure surtout un certain plaisir. On est dans le quartier de Shimabata, tout y est rassurant parce qu’immuable, éternel.
Ainsi le poulpe, mais aussi ce bon vieux Gen, personnage assez secondaire, mais qui, dans cet épisode, commence son apprentissage comme serviteur du temple local. Même chose, si on ne le voit pas se prendre une mandale ou un coup de pied au cul par Torajirô, eh bien ce n’est pas le même plaisir.
Quant à Sakura, c’est l’habituel personnage solaire. Ce que Chieko Baisho construit avec Kiyoshi Atsumi, épisode après épisode, est assez unique je trouve. Difficile de penser à autre chose que leur relation dès qu’il s’agit d’évoquer un lien sororal au cinéma. Quand Sakura s’exclame de joie quand elle voit que son grand frère est revenu, cela va droit au cœur. Et inversement, quand arrive l’habituel moment de la séparation, même chose, les deux acteurs sont à chaque fois au diapason pour fournir une scène touchante. C’est le cas ici avec des adieux filmés dans la petite gare locale, en pleine nuit.
Bref, de nouveau un excellent épisode. Pour l’instant, seul le troisième m’a laissé sur ma faim.
7/10