Chambara meets rom com and S-F

Summer film ni notte (It’s a Summer Film !)

Soushi Matsumoto – 2021

Moins jubilatoire que One Cut of the Dead avec lequel il partage le sujet de montrer l’envers de la réalisation d’un film par une équipe un peu foutraque, Summer film ni notte n’en demeure pas moins une bonne petite surprise.

Dans ce film, on suit l’obsession d’une réalisatrice en herbe, Barefoot, lycéenne toute mimi (interprétée par Marika Ito), inconditionnelle de films de samouraïs vintage (c’est une grosse fan de Shintaro Katsu !) et désireuse de faire son propre chambara. Elle est secondée par deux amies : Blue Hawaï, la star du club de kendo, et Kickboard, une passionnée d’astronomie et de S-F, mais aussi une poignée de lycéens auxquels la drôlesse a habilement su flatter la vanité pour qu’ils acceptent de l’aider. Et il s’agit de faire vite car le film doit être bouclé pour le festival du lycée. Challenge supplémentaire : il conviendra aussi d’en remontrer à Karin, l’autre réalisatrice du club cinéma, qui fait, elle, dans la rom com archi cucul mais qui plait davantage que de poussiéreux films de sabre. Elle a de plus un autre avantage par rapport à Barefoot : un staff et des moyens techniques bien plus développés (puisqu’il s’agit de ceux du club et qu’un vote a permis de valider son projet de rom com).

Je crois que c’est Tarantino qui, alors qu’on lui posait des questions sur ses premières et modestes productions, donnait pour conseil à tout apprenti réal’ de tourner, tourner et encore tourner quand bien même les moyens seraient très modestes. À suivre la réalisation de Barefoot, c’est exactement ça : passion et system D sont ses deux moteurs. On sourit un peu quand on voit Kickboard filmer avec un simple smartphone, mais il ne s’agit là que d’une matière brute captée qui, par la magie de la post production, sera magnifiée et rendue convaincante. Bien sûr, certaines journées apportent leur lot de désillusions avec une succession de péripéties sur le lieu du tournage qui font qu’une poignée de scènes seulement ont pu être tournées. Mais le feu sacré est là, et je dois dire pour ma part que ça fait du bien de voir un trio de drôlesses connaître des émois utérins à mater de vieux films avec Raizo Ishikawa. Croyez moi, si une certaine frange de la jeunesse actuelle peut goûter à ce genre de plaisirs, alors tout n’est pas perdu dans ce foutu monde. Mais revenons plutôt à l’histoire…

Peu à peu le projet avance et tous les membres de la fine équipe deviennent de plus en plus investis, autant à cause de la magie d’un film qui commence à prendre forme que d’une certaine fièvre adolescente. C’est d’ailleurs le motif que Matsumoto utilise pour éviter l’écueil de la répétition. Alors que Karin est en train de filmer sa rom com, Barefoot va d’une certaine manière en vivre une puisque son acteur principal, Rintaro, n’est pas sans lui suscite d’impétueux battements de cœur. Et là, on se prend à craindre une baisse d’intérêt, avec la venue de ces clichés sentimentaux qui, portés à l’écran, donnent des nausées à Barefoot. Mais intelligemment, Matsumoto a su s’inspirer de ces histoires mêlant SF et romance (j’ai songé à La Fille qui traversait le temps, que ce soit dans ses multiples versions live ou dans sa version animée) pour donner une profondeur supplémentaire au film : Rintaro est en fait un garçon qui vient du futur, à une époque où le cinéma n’existe plus, pour ainsi dire tué par la culture du zapping et l’attention éphémère portée sur les œuvres qui en résulte (dans son monde, cinq secondes constitue la durée maximum pour un film !). Il sait aussi que Barefoot deviendra une grande réalisatrice et inconditionnel, comme elle, des chambaras, il goûte particulièrement le fait d’être son rôle principal dans ce qui va constituer la première œuvre de la future grande réalisatrice. Mais voilà, Rintaro est flanqué d’un Jiminy Cricket holographique,  un « Doc » qui déconseillera à l’équipe de mener à bien leur projet cinématographique pour ne pas créer un paradoxe temporel avec fin du monde à la clé.

Evidemment, évoqué ainsi, cela donne une impression de n’importe nawak. Et pourtant la dernière demi heure est claire et même assez bien troussée, avec un Matsumoto qui arrive à mener à bien ses trois thématiques (amour du cinéma, amour sentimental et intrigue S-F) avec une très jolie scène finale.

Le film est sorti en 2021, en même temps que le premier film de Matsumoto (Around the Table). Bon, il ne s’agit pas d’un Ryusuke Hamaguchi bis, mais dans le cadre du divertissement mené de manière intelligente, je serai curieux de voir la suite de sa filmo.

7/10

 

 

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2 Commentaires

  1. j’ai vraiment bine aimé ce film, loufoque, drôle et parfois touchant

  2. Hum… ça m’a l’air effectivement intéressant….
    Il faut dire que la référence à One Cut of the Dead ne peut être qu’attirante.
    Il va falloir que je me penche dessus.
    Merci de l’info

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