Kazuo Kamimura – Young Comic Complete Works 1968-1981

Si certains grands mangakas peinent à être publiés chez nous, il faut bien reconnaître que les descendants de Kazuo Kamimura, très désireux de faire connaître l’œuvre du maître mort de karoshi (l’excès de travail), n’ont pas à se plaindre du travail éditorial le concernant effectué en France. On ne trouve pas tout non plus mais largement de quoi combler les attentes d’un lecteur admirateur de son style. De mémoire, ça avait commencé avec Lady Snowblood, probablement à l’époque où Tarantino sortait son Kill Bill volume 1 (avec une scène rendant hommage à la version de Lady Snowblood réalisée par Toshiya Fujita). Il y a eu ensuite le monumental Lorsque nous vivions ensemble (trois pavés de mille pages chacun, chez Kana). Puis ont suivi au fil des ans (j’énumère sans souci d’ordre chronologique) La Plaine du Kanto, Le Club des Divorcés, Maria, Folles Passions, Les Fleurs du Mal, Une Femme de Showa, eisha, Fleur de l’ombre et Le Fleuve Shinano, bref, largement de quoi remplis une étagère. Et ce n’est sans doute pas fini car en jetant un œil à sa page Wikipédia, vous comprendrez qu’il y a de quoi en remplir une deuxième, voire une troisième.

La renommée de Kamimura en France a vraisemblablement culminée en 2017, au festival d’Angoulême où une somptueuse exposition lui avait été consacrée. J’y étais, je n’y reviens pas, j’avais écrit un article à l’époque. Elle fait partie des plus belles expos manga vues au festival, juste derrière celle sur Osamu Tezuka. Avec un regret : l’absence d’un catalogue d’exposition. Depuis quelques années, le festival a pris l’habitude de sortir systématiquement une catalogue pour chaque exposition. L’objet à la forme d’un robuste et luxueux album cartonné. J’ai pu ainsi me procurer ceux sur Tezuka, Matsumoto et Tsuge, et je peux vous dire que j’en attends d’autres avec impatience tant ces ouvrages éclairés et richement illustrés ont de la gueule. Mais en 2017, Kamimura n’avait pas eu les honneurs d’un tel catalogue et c’est, lâchons le mot, un pur scandale.

Pour combler cette absence d’un bel ouvrage illustré comprenant des informations sur l’art de Kamimura, il n’y a pas d’autre choix que d’aller du côté des artbooks japonais. Ainsi, celui-ci :

Paru en 2015 chez Shonen Gahosha. 127 pages, 2500 yens (malheureusement plus édité mais il doit être trouvable à bon prix sur Yahoo auctions ou chez Mandarake), j’ai tenté l’achat et, ma foi, sans être non plus l’artbook ultime sur l’auteur, il complète de manière intéressante les publications françaises de ses titres en ce qu’il montre bien tout ce qu’il y a encore à découvrir. L’ouvrage est essentiellement consacré à son travail d’illustrateur chez Young Comic, de 1968 à 1981. Sont donc recensées toutes les couvertures, pour la plupart (en fait toutes) arborant un personnage de jeune femme, normal pour un maître s’étant fait le chantre des beautés et des affres de l’âme féminine. N’attendez pas des couvertures reproduites pleine page non plus. Car si ce choix avait été retenu, le livre aurait fait trois cents pages. Non, elles ont été reproduites en miniatures. Pour le collectionneur désireux de les avoir dans des dimensions plus appréciables, cela suppose soit de casse sa tirelire pour se procurer des exemplaires originaux, soit de faire la chasse aux scans de couvertures sur internet (pas gagné je pense).

Un peu décevant, je sais, mais comme l’impression, le rendu des couleurs sont au rendez-vous, on apprécie quand même ces reproductions. Et puis, la maquette reproduit parfois des illustrations dans un format plus attrayant :

Voire en pleine page :

Le livre se termine avec trente pages en noir et blanc bourrées d’informations (en japonais bien sûr) sur le travail de Kamimura.

Pas l’artbook ultime donc (j’écris « artbook » mais il est possible qu’il s’agisse en fait d’un mook). J’attends mon prochain séjour au Japon pour essayer de mettre la main sur un autre ouvrage, un peu plus cher celui-là, que j’avais repéré la dernière fois. En attendant, pour patienter, je n’aurai qu’à me procurer la dernière parution kamimuresque sortie au Lézard noir, Ranpo Gekiga, anthologie consacrée aux adaptations d’Edogawa Ranpo. Le volume 1 possède une version de l’Île Panorama illustrée par par Kamimura.

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