Je viens enfin de terminer la saison 2 de Naked Director. Le début a été laborieux, visionné sans entrain, mais j’avoue que les trois derniers épisodes ont ravivé la flamme et que je quitte la série réconcilié avec Toru Muranishi qui, à la longue, avait eu tendance à me gonfler sérieusement.
C’est dans l’avant-dernier épisode que ses deux anciens associés se rendent à l’habituelle boutique de JAV pour écouler leurs dernières VHS et que le patron leur met dans les mains de sympathiques photobooks ayant pour particularité de présenter les poils pubiens des modèles (chose alors inimaginables quelques mois auparavant). Parmi les livres, celui-ci :
Or, ça tombe bien, car devinez quoi ?…
I’ve got it !
Je me l’étais procuré lors d’un séjour à Tokyo. J’étais tout seul, j’avais laissé la famille à Miyazaki, et j’en avais profité pour écumer Jimbocho (voir cet article). Forcément, qui dit photobook, dit la librairie Komiyama et c’est là que je me suis procuré mon exemplaire de Tokyo Nude (1100 yens, sans doute parce que les pages de garde étaient tachées non pas de foutre mais de petites moisissures. Moi, à ce prix-là, je dis banco !).
Si un jour vous voulez l’acheter lors d’un passage à Tokyo, dites-vous bien que c’est un grand format. Je précise car après il a bien fallu se le trimballer tout l’après-midi, le Tokyo Nude, surtout que j’avais bien sûr raqué d’autres beaux livres lors de mon équipée à Jimbocho. En tout cas, c’est une valeur sûre dans l’immense production de Shinoyama, très loin d’une pléthore de photobooks de nu anecdotiques qu’il a pu commettre par la suite.
Le livre s’ouvre sur une vue aérienne de Tokyo. Pour le reste, ce sera une plongée dans un Tokyo urbain et érotique dans lequel on croisera une multitude de modèles parfaitement peignées et maquillées, mais ayant apparemment (ô chance !) oublié de se vêtir :
Au bitume et au réseau de câbles électriques de Tokyo répondent donc la chair et le réseau de poils pubiens dont Shinoyama s’est fait le premier chantre comme évoqué dans l’épisode de Naked Director. Cela donne lieu à des compositions incongrues, Shinoyama usant de montages complexes dans lequel un même modèle va se retrouver dupliquer une bonne dizaine de fois. Le lecteur a alors à déplier des pages pour contempler un vaste panneau :
Oui, vous aurez compris que c’est le genre d’ouvrage peu discret qu’il vaut mieux consulter seul, quand madame ou les enfants ne sont pas à proximité. Vous aurez remarqué dans cette composition que les toisons sont soigneusement cachées. Kishin se rattrape quelques pages plus loin :
Évidemment, la photo prise à l’arrache de cette quadruple page ne rend pas justice à la qualité du travail de Shinoyama. Il faut bien avoir à l’esprit que sur ces pages grand format, le résultat à une sacrée gueule, surtout les scènes nocturnes. Les éclairages et les couleurs vives donnent tout de suite un aspect incongru, irréel aux compositions, donnant l’impression d’être plongé dans autant de contes de fées acidulés peuplés de cendrillons ayant oublié bien plus qu’un simple soulier de vair.
Les modèles ne sourient guère, donnant un aspect un peu froid à l’ensemble. N’empêche, la rétine, constamment sollicitée par les détails et les contrastes, prend plaisir au vagabondage nocturne et foutraque proposé par Shinoyama et l’on quitte Tokyo Nude avec un regret : que le photobook n’ait pas quelques dizaines de compositions en plus.