Enragé, j’ai fini par ne plus l’être, je me suis fait une raison. À moins d’un miracle, ma collection de Kamui-Den, de Sanpei Shirato, sera à jamais incomplète. Des quatre gros pavés de mille pages chacun, je n’en ai que deux (le I et le III), les ayant achetés au hasard, me disant que je commencerais la lecture dès que j’aurais les quatre. C’était sans compter sur un faible tirage, un arrêt de commercialisation précoce et des exemplaires à prix prohibitif sur le marché de l’occasion. Bref, je ne remercie pas les éditions Kana.
En revanche, une fois n’est pas coutume, je remercie Mandarake pour m’avoir permis de me procurer pour une bouchée de pain, ce bel objet :
L’art de Kamui-Den, le monde de Sampei Shirato (Shogakukan, 1978)
Pour une fois, je le possède aussi en version numérique donc ça va m’éviter de prendre des photos à l’arrache de mon exemplaire.
Le livre fait 66 pages et comprend environ 108 illustrations. Ne soyez pas leurré par l’image en ouverture :
Car de la douceur, vous n’en trouverez pas des masses. Tout au plus avons-nous ce genre de scènes joyeuses :
Un jeune paysan sautant de joie, une paysanne (peut-être, un spécialiste de Kamui-Den ayant eu la jugeotte d’acheter les quatre tomes au fur et à mesure pourra peut-être ici confirmer) courant au milieu d’un champ irrigué nous rappelle que l’univers de Kamui est un univers peu urbain, profondément rural. Et les paysans qui l’occupent ne semblent malheureusement guère disposés à y couler des jours paisibles :
Manifestement, c’est un monde où l’on va avoir à se sortir les doigts pour essayer de vivre vieux. Mais ça semble loin d’être gagné :
Oui, la sueur et le sang semblent couler pas mal, dans l’univers de Shirato sensei, et même le monde animal ne semble pas épargné par ce fait :
Dans tout cela, et l’amour, bordel ? Tout au plus une bijin invitant au rêve :
Mais on peut pas dire que l’érotisme soit présenté sous un jour aimable :
Bref, dans cet artbook alternant belles reproductions sur papier glacé (pour la couleur) et sur robuste papier (pour le noir et blanc), c’est une plongée dans un Japon rugueux qui nous est proposé, à la fois beau et violent, de quoi mettre en appétit avant de se mettre à la lecture de l’œuvre phare de Shirato sensei, enfin, quand elle sera de nouveau disponible. Ça y est, je n’aurais pas dû présenter ce livre, je sens que ma rage me reprend.