Bijins de la semaine (48) : les beer girls

Les Allemands ont les vulgaires fêtes de la bière où les dégueulis le disputent à des frauleins montrant leurs gros seins dans des tenues bavaroises de mauvais goût. Les Japonais ont les biru garu. Bel exemple encore une fois de la supériorité japonaise sur notre folklore décadent. Et belle preuve d’un certain génie commercial. J’ignore quand les publicitaires nippons ont eu pour la première fois l’idée d’associer bière et bijin. Et j’ignore aussi qui en a eu l’idée. Une chose est sûre : ce type est un génie bien supérieur à Don Draper tant ces publicités, pour répétitives qu’elles soient, n’en sont pas moins d’une efficacité redoutable. Aucune créativité là-dedans. On choisit un modèle, une bière avec une couleur attractive bien mise en valeur dans une grosse chope, la bijin regarde le passant avec un joli sourire et le tour est joué, on a l’affiche et l’effet souhaité : une irrépressible envie de s’enquiller une bière.

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C’est si gentiment proposé.

Par quel miracle, par quelle alchimie mentale déviante cet effet est-il rendu possible ? Les mystères des bijins étant parfois insondables, difficile de se risquer à une explication définitive. Essayons tout de même un peu. Tout d’abord, il y a sans doute la volonté perverse de créer une réaction physique qui mécaniquement appelle à la consommation de ce type de breuvage. C’est qu’avoir une plantureuse gravure idol sur une affiche c’est à la fois très bien mais forcément un peu déplaisant, surtout l’été. Les glandes salivaires se mettent illico à marcher à plein rendement, les tissus érectiles commencent à durcir dangereusement, vous commencez à avoir chaud, à transpirer bref, vous avez tout à coup foutrement besoin d’une…

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bière bordel !

Prix à payer pour revenir à la normale et ne pas risquer de crever bêtement sur le bitume à cause de mauvaises palpitations. Redoutables créatures que ces bijins !

Autre explication : on peut voir dans ces affiches deux des composants archétypaux de ce qui constitue le repos du guerrier. Une boisson alcoolisée, une délicate mousmé qui s’offre au regard et c’est bon, tous les tracas de la journée sont oubliés. Après tout c’est très con un homme, hein !

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Bijin 1 Fraulein 0

La publicité suivante ne dit d’ailleurs pas autre chose :

https://www.youtube.com/watch?v=vTE5yO_-Pf8

Matez un peu les plans suggestifs, regardez ce que la bijin utilise comme oreiller. Assurément le type va passer une bonne soirée. Après, qu’en est-il si l’on n’a pas la chance d’avoir une Emi Kobayashi qui vous attend à la maison ? Car les heureux élus à pouvoir se targuer d’être le compagnon d’une de ces gravures idoles sont après tout assez peu nombreux. C’est là qu’intervient ma fulgurante troisième et dernière explication : la bière est l’objet de substitution ultime ! Comme avec votre bouille vous ne pouvez imaginer que la belle Haruka Igawa vous offre un jour sa bouche pulpeuse, au moins vous pouvez compenser ce manque tragique en entrant dans le premier convini venu et en vous offrant une canette de bière. Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras quoi ! Vous la prenez délicatement, l’ouvrez, la posez un moment contre votre joue en marmonnant un réconfortant « Ah ! tsumetai ! » qui vous fera oublier un moment la chaleur caniculaire qui vous environne ; vous n’avez alors plus qu’à glisser le précieux breuvage à vos lèvres. A cet instant, vous l’aimez votre bière. Je dirais même plus : vous la domptez, la matez, cette chienne n’attendant d’ailleurs que cela. Et lorsque l’acte est consommé, vous hésitez : dois-je jeter cette canette à la poubelle ? N’est-ce pas un peu trop cruel ? Après tout nous avons vécu un bon moment ensemble. Mais au fond de vous-même, vous le savez : il existe une malédiction qui voue l’homme à n’être qu’un fieffé salopard. Pour le bien de votre maîtresse d’un instant, il vaut mieux couper tout lien pour qu’elle puisse refaire sa vie ailleurs après une opération de recyclage. Et vous le savez aussi, il suffira d’une autre affiche avec une nouvelle biru garu pour succomber à nouveau. Vous n’aimez pas cela, vous sentez que cette idée vous ronge mais tant  pis, vous le faites quand même. Glissant l’objet à la poubelle, vous reprenez votre chemin, les machoires serrées par le forfait que vous venez de commettre mais aussi excité par les nouvelles aventures qui vous attendent.

Otoko wa tsurai yo !

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2 Commentaires

  1. Le beau temps boudant toujours, j’ai été le chercher là où je pensais le trouver, et pourquoi pas l’attirer, voire le circonvenir : près d’une bijin brandissant une chope pleine de soleil 🙂

    • Oui, temps bien déprimant dans nos contrées. Un coup à rester chez soi et devenir alcoolique en matant des matchs de foot. Vivement juillet…

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