Bijin de la semaine (33) : Natsumi Hayashi

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On quitte le monde sous-marin de Noriko Yabu pour cette fois-ci emprunter la voie des airs. Car oui, Natsumi Hayashi est une fille formidable. Où qu’elle se trouve, en public, en privé, et quoi qu’elle fasse, ça ne rate jamais, c’est plus fort qu’elle, il faut qu’elle s’envoie en l’air ! Oh ! Pas grand-chose, juste un peu, mais fixé par l’œil de son appareil photo, cela donne réellement un effet de lévitation. Le trucage est bien connu, bien banal, pour ne pas dire simplet et pourtant, systématisé et appliqué avec une touche de poésie et une bonne dose d’imagination pour éviter de donner une impression de monotonie, force est de reconnaître à Hayashi qu’elle a parfaitement su s’accaparer le procédé pour le rendre original.

Et puis, au-delà du procédé, il y a Natsumi Hayashi elle-même. Il faut bien le reconnaître, les mêmes mises en scènes mais avec Régine ou Jackie Sardou, ça l’aurait moins fait. Je me souviens que l’été dernier, la vue de son livre, Today’s Levitation, dans cette librairie de l’Aeon du coin, m’avait aussitôt tapé dans l’œil :

 Natsumi Hayashi 2

Intéressante bien sûr, cette scène où une jeune femme lévite  au milieu de salary men. Mais non moins intéressants cette jolie paire de bottes enrobant une non moins jolie paire de jambes, ces bras graciles, cette petite tunique bleue, cette chevelure noire flottante et cette petite moue que je ne tarderai pas à voir nombre de fois après m’être procuré l’ouvrage. Oui, pas de doute, on a bien affaire à une bijin et c’est pour cela que je lui dédie la 33ème place de ma prestigieuse sérié, entre Noriko Yabu et… vous verrez bien.

Toujours tirée à quatre épingles qu’elle est, notre Natsumi chan. On m’aurait dit au début qu’il s’agit d’une campagne de pub pour Uniqlo que je l’aurais cru bien volontiers. La tunique bleue revient très fréquemment mais alterne avec d’autres tenues soignées, colorées, qui contribuent à accentuer davantage le contraste entre le personnage et son environnement.

Natsumi Hayashi 3

C’est parfois tellement irréel, l’impression de flottement tellement bien rendue (il ne s’agit apparemment pas de sauter comme un con, Hayashi a vraiment le truc pour avoir la bonne posture) qu’on en vient se demander s’il n’y a pas derrière tout cela du trucage made in photoshop. Mais non, la technicité de ce type de photo est absolument maîtrisée par Hayashi. Précisons ici que ces photos furent d’abord prises avec un retardateur. La photographe appuyait sur le shutter de son 5d MkII, avait dix secondes pour se positionner, et sautait lorsque la diode rouge de l’appareil se mettait à clignoter. Mais évidemment, une telle façon de faire laissait un peu trop la place ou petit bonheur la chance et courait le risque de devenir franchement fastidieuse, surtout dans des coins peuplés comme le métro de Tokyo. C’est ici qu’Hisaji Hara intervient. Hara, photographe reconnu dont Hayashi est l’assistante et qui, par un retournement des choses est devenu lui-même l’assistant de son élève en étant celui qui appuiera au bon moment sur le shutter. Pas si simple que cela d’ailleurs : l’obturation est réglé sur 1/500ème, le meilleur compromis entre netteté du corps en lévitation et lumière. Ce qui, comme il le dit lui-même dans la préface de l’ouvrage, offre 500 possibilités durant le temps que dure le saut (soit environ une seconde) pour saisir l’instant où les cheveux et la position des jambes semblent flotter et font oublier qu’il s’agit d’un saut. Bref, l’instant où le saut se mue en instant de lévitation. Il faut chopper ce moment et cela ne va pas toujours sans mal, Hayashi devant parfois faire une centaine (voire plusieurs) de sauts avant d’obtenir la photo parfaite. Evidemment, tout se complique avec des points de vue au ras du sol ou dès qu’il y a des passants dans les environs.

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Ou alors lorsque Hayashi doit faire son saut dans un espace réduit ou quand le saut doit être exécuté avec peu d’amplitude :

Natsumi Hayashi 7Natsumi Hayashi 6

Et quand en plus le saut est effectué avec une partenaire (ici sa propre sœur), on imagine les déchets qu’il y a dû y avoir :

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D’autres, plus minimalistes, s’appuie sur un certain graphisme que la paire de bottes créé avec l’arrière-plan :

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D’autres enfin tranchent par leur onirisme accentué du fait de leur composition ou de l’attitude du corps qui semble se laisser aller à une bienfaisante dérive :

Natsuki Hayashi 10 Natsuki Hayashi 11 Natsuki Hayashi 12

A feuilleter son ouvrage il en ressort évidemment l’impression d’un Japon calme, doux, stratosphérique même dans ses moments de rush. C’est évidemment passablement mainstream, ça ne pique pas les yeux avec du gros grain et du N&B très contrasté, mais encore une fois, ça reste joliment conçu et varié.

Plus d’exemples sur le site de Natsumi Hayashi, Yowayowacamera.

 

Lien pour marque-pages : Permaliens.

17 Commentaires

  1. Le concept me fait un peu penser à ça. http://rrrrrrrroll.tumblr.com/

    J’avais déjà aperçu quelques clichés de Hayashi il me semble, ils sont définitivement superbes.

  2. Clair que ça n’a rien à voir avec une voltige de pachyderme (qui, entre autre me caractérise). Sympa. Et puis les nanas qui portent des fuck me boots, j’ai du mal à résister.

  3. @ Zoda : Amusant ce compte tumblr, je ne connaissais pas. Je m’abonne.

    @ I.D. : pour les bottes, au-delà de l’aspect esthétique, elles permettent à Hayashi de cacher des mouvements de pieds qui atténueraient l’impression de lévitation. Malheureusement je crois qu’elle les a remisées au placard depuis qu’un médecin lui a conseillé d’éviter de faire des centaines de photos en bottes. Un peu usant pour les articulations sans doute.

  4. C’est aussi la compagne du photographe Hisaji Hara. Rencontrés tout le deux a Paris Photo 2012.

  5. Gould, malheureux, jamais au grand jamais ne dévoiler la vie privée de mes bijins ! A chaque fois que ça arrive, cela plonge une frange non négligeable de mes lecteurs au bord du suicide et après je dois essuyer les plâtres auprès des familles. Pour ici on va se contenter de la version de son site, à savoir qu’elle vit à Tokyo avec ses deux chats.

  6. @ Gould : Merci ! M’en vais me consoler avec mes deux chiens.

    @ Olrik : Ci-mer pour les précisions techniques des bottes. C’est bien dommage, d’ailleurs.

  7. Très bon ! Certaines (beaucoup même) sont vraiment hilarantes.

  8. Bonjour,
    bon, comme il n’y a pas de moyen de contact autre que les commentaires…
    Je cherche de la doc photo (livres) sur les Japonais et le Tokyo des années 40-50-60. Mais je ne trouve pas grand chose…. Si vous avez des pistes, je suis preneur.

  9. Bonjour,
    Si, il y a un lien au dessus de la bannière mais je reconnais qu’il n’est pas très visible.
    Ce que tu demandes est assez monstrueux car des photobooks sur Tokyo couvrant cette période, on doit en avoir des centaines. Et puis je ne sais pas si tu cherches plus du photojournalisme ou de la photo d’art. Bref, peut-être le mieux est que tu jettes un oeil à ce lien :
    http://www.japanexposures.com/books/
    Sinon je recommande ce livre :
    http://www.amazon.fr/livres-photographies-japonais-ann%C3%A9es-1960/dp/202098959X/ref=sr_1_4?s=books&ie=UTF8&qid=1394819863&sr=1-4&keywords=photographie+japonaise
    Bon courage et si tu as d’autres précisions ou questions, n’hésite pas. D’autres lecteurs pourront peut-être te donner des pistes…

  10. Oula, au dessus de la bannière, en effet – d’un point de vue ergonomique ce n’est pas une bonne idée, faut le mettre dans le menu.

    Merci Gould, il a l’air bien ce Nagano. Et en effet, la photo d’art ne m’intéresse pas – du moins ce que j’en ai vu. Pour l’instant, j’ai commandé http://www.bureauoftrade.com/product/ihiroshi-hamaya-fifty-years-of-photographyi-1st-edition-signed/ (pas payé trop cher, ça va).
    J’ai vu le second mais j’ai peur qu’il soit trop dans l’artistique. Je vais regarder sur Japanexposure.
    Merci beaucoup.

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