Qu’on se le dise, le W-E dernier France Cul a franchement déchiré sa race puisque, en rapport avec le festival du cinéma asiatique de Deauville (avec une grosse actu japonaise) mais surtout la commémoration de Fukushima deux ans après, la station a consacré rien moins que 20 émissions au Japon ! Au programme : nucléaire, voyage, littérature, théâtre, oulipo, cinéma, saké et plein d’autres bonnes choses. Le programme ? Y’a qu’à demander, le voici :
On commence avec l’émission Terre à terre de Ruth Stégassy. Elle y reçoit Jean-Louis Basdevant et l’écrivain Michaël Ferrier pour y causer de Fukushima.
Deuxième émission, Affaires Etrangères de Christine Ockrent pour évoquer les relations compliquées avec le voisin chinois :
Arrive Movimento où les amateurs de Mahabarata, de bunraku, de kabuki, de no et de gagaku trouveront leur bonheur :
On poursuit avec le cinéma : une vie, une œuvre consacre un numéro à Ozu. Passionnant de bout en bout :
Envie de flâner du côté de Kyoto ? Alors l’épisode de Carnet Nomade devrait vous plaire. Au programme, promenades dans les jardins, les temples et les monastères en compagnie de guides qui touchent clairement leur bille en matière de culture bouddhiste. Apaisant.
22 heures, c’était l’heure de Mauvais Genres qui a fait la part belle à Mamoru Oshii et Sion Sono, le tout en présence de Julien Sévéon, auteur d’un livre sur Oshii. Emission intéressante mais mal équilibrée : une heure pour Oshii et une pauvre demi-heure pour Sono, ça ne va pas du tout. Oshii a été grand, mais sa filmo actuelle devient un peu moribonde, chose que je ne dirais pas de la production sonoiesque. Frustrant donc, d’autant qu’Angelier et Thoret sont apparemment tout acquis à la cause de Sono. Du coup, son œuvre est passée à la moulinette à vitesse grand V alors que l’on aurait aimé qu’ils s’attardent sur quatre ou cinq films représentatifs de son œuvre. Peut-être pour une autre fois…
Arrivés là vous vous dites peut-être que ça fait beaucoup. Envie de souffler ? D’accord, tenez, c’est pour vous :
Une photo de Sion Sono c’est bien. Une photo de Sion Sono avec Megumi Kagurazaka, c’est mieux.
Si vous êtes un habitué de France Cul, cous connaissez sans doute les Nuits de France Culture qui, de minuit à 6 heures du matin, rediffusent des archives de la maison. Malheureusement, difficile si l’on n’est pas somnambule de les écouter car cette émission ne dispose pas de podcast. Or, exceptionnellement, les six émissions sont écoutables ! Et là aussi, c’est du lourd. Ça commence avec une vieille émission de 1957 intitulée Images d’extrême-orient : les villes japonaises. Visite délicieusement surannée du Japon de l’après-guerre. « Pachinka » visite du quartier d’ « Akaska » de Tokyo, de « Guionne » à Kyoto, et rencontre de « gueilleshas » vous attendent, le tout porté par la voix de l’excellent Robert Martin :
Puis à nouveau un épisode d’Une vie, une œuvre, cette fois-ci consacrée à Mishima :
Bon, une émission d’une heure et demie consacrée à Mishima, on se doute qu’elle va pas faire danser la polka à nos zygomatiques. Ce ne sera pas le cas de l’émission suivante mais du moins y trouvera-t-on un peu de légèreté à travers la sympathique voix de la poétesse Ryoko Sekiguchi qui va vous faire goûter des kakis pour vous faire comprendre toute la subtilité de la notion d’astringence :
Puis à nouveau un écrivain. Ici, on applaudit France cul qui va nous chercher un drôle de zig qui tranche avec les habituels Mishima, Kawabata, Tanizaki et Murakami, je veux parler d’Akiyuki Nosaka, l’auteur du Tombeau des Lucioles et des Pornographes, porté à l’écran par Imamura.
Aérons-nous maintenant les neurones avec Cerisiers en fleurs à Kyoto. Bon, les plus ou moins habitués du Japon parmi vous auront l’impression d’un voyage qui sent un peu le déjà vu mais enfin, entendre une heure durant parler hanami avec en fond sonore des bruits de Kyoto est toujours plaisant :
Enfin, les Nuits terminent leur programme en fanfare avec une excellente émission consacrée à Mizoguchi. Ozu, Oshii, Sono, Mizoguchi… les cinéphiles japonophiles ont dû bien bicher. Et le pire c’est que ce n’est pas fini ! Du coup à quoi bon se casser le cul à aller au festival de Deauville, je vous le demande !
Fatigués après tout ça ? Envie de vous pieuter ? Attendez, z’allez tout de même pas partir avant de boire un p’tit coup ! C’est Toshiro Kuroda, spécialiste du saké, qui vous paye sa tournée dans ce nouveau numéro d’ On ne parle pas la bouche pleine en faisant une excellente présentation du saké.
Voilà, maintenant vous pouvez aller brailler Nuits du Japon avec ces deux drilles:
Reposez-vous bien car après c’est prise de tête au réveil avec les Papous dans la Tête spécial Japon. Ça fait bien longtemps que les facéties pataphysiciennes de l’émission ne m’amusent plus mais pour ceux que ça intéresse…
On reste dans la littérature avec Tire ta langue qui consacre un numéro à Akira Mizubayashi et son amour pour sa chienne. Ici vous vous dites sûrement : « Oh bin voui ! Ça va être un rien chiant ton truc ! ». Mais attendez un peu. C’est aussi ce que j’ai pensé au début et puis, force est de constater que la stupéfiante perfection du français de l’auteur, sa voix et sa sensibilité m’ont rapidement donné envie de lire son livre sur son canidé :
D’ailleurs, pendant que j’y suis, voici d’autres émissions plus anciennes sur l’auteur :
Puis c’est au tour de Ville-monde de consacrer une nouvelle fois un numéro à Tokyo. Une deuxième fois car la semaine dernière une émission s’intéressait aux sons de Tokyo :
Emission intéressante par sa thématique et la diversité des intervenants. Il n’en va pas autrement avec la deuxième émission qui s’intéresse à un Japon moins touristiques, celui des interstices, des petites rues, des quartiers pauvres et des yakuzas. Et là, les cinéphiles vont à nouveau tendre une oreille attentive puisque parmi les intervenants on trouve Shinji Aoyama, Kiyoshi Kurosawa et Jean-Pierre Limosin. Et la photographie n’est pas en reste puisque Masakata Nakano, l’auteur du fameux Tokyo Nobody, nous explique sa vision de Tokyo. Là aussi, une excellente émission :
Littérature encore, avec une émission sur Machi Tawara, la poétesse auteure de l’Anniversaire de la salade, livre qui a su donner un coup de kärcher sur les tankas.
Encore un effort, on y est presque ! Le dimanche soir était réservé au théâtre. D’abord à travers le portrait d’Oriza Hirata, auteur d’une trentaine de pièces :
Ensuite avec une représentation en direct de Chant d’adieu dudit Hirata :
Et ne croyez pas que je vais vous laisser partir comme cela puisque tout le long de la semaine Micro Fictions a diffusé Sur les traces de Godzilla, de Christophe Fiat. Voici le topo : « Guy Commerçon, écrivain, atterrit à Tokyo, un mois après la catastrophe de Fukushima. Il est là pour un séjour prévu de longue date, afin d’enquêter sur Godzilla, pour son prochain roman. A ses recherches sur Godzilla vont ainsi se mêler la réalité de la tragédie, le témoignage des rescapés, la menace du nucléaire, les monstres d’hier et les fantômes d’aujourd’hui… »
Et voici les épisodes :
Sur ce je vous laisse, écouter et mettre en page tout ceci m’a considérablement donné la migraine, m’en vais aller boire quelques verres de saké conseillés par Toshiro.
Mazette ! Je vais commencer par celle sur Nosaka Akiyuki.
‘foiré ! Je ne vais pas sortir de chez moi durant une semaine !
Excellent tout ça !
Je suis encore loin d’avoir fait le tour mais jusqu’ici c’est que du bonheur ! Merci !
@ Bouffe-tout : bon choix ma foi.
@ ID : fais pas semblant d’avoir une vie sociale, ça ne prend pas ! Quand on voit ton blog et la quantité faramineuse de vieilles VHS analysées, on se dit qu’on a forcément affaire à un otak’ du CAT.III !
@ Eled : ouaip, que du bonheur. Il y a évidemment des petites choses un peu agaçantes ici et là mais dans l’ensemble, vraiment une jolie fournée de la part de FC.
Il y en a pour des jours d’écoute oui, entre mes études et les fesses nipponnes à tripoter je ne vais jamais trouver le temps d’écouter tout ça…
Mais les podcasts ne sont pas sensés être dispos que pendant une semaine seulement en général ?
« Mais les podcasts ne sont pas sensés être dispos que pendant une semaine seulement en général ? »
Houlà ! tu dates là ! Ça a bien changé maintenant puisque les émissions sont téléchargeables pendant un an et réécoutables pendant 1000 jours. Donc pas de panique, tu peux continuer à tripoter tranquillement tes fesses nipponnes, tu as le temps.
Il est aussi possible d’allier les plaisirs : tripotage de fesse sur fond d’émission sur Mizubayashi !
Ah non ?
Bon.
Mizoguchi alors ?
J’imagine la scène : viens chez moi, je vais te montrer ma grosse émission sur Mizoguchi ! 🙂