Celle de mon mari ne veut pas entrer

Evidemment, une série de Netflix ayant pour titre My husband Won’t Fit attire l’attention. On va voir le pitch en se disant que tout de même, le titre est sûrement un truc pour attirer le chaland, qu’il ne reflète pas vraiment le sujet du drama, mais en fait si :

Kumiko et Kenichi, jeunes gens qui se sont rencontrés lors de leurs études à l’université, s’aiment tendrement et ont décidé de se marier. Une ombre au tableau cependant : lorsqu’ils font l’amour le fascinus (pour parler comme Pascal Quignard) de Kenichi n’arrive pas à pénétrer Kumiko. Est-il trop gros pour entrer ? Ou Kumiko a-t-elle un hymen en béton armé ? S’agit-il de la métaphore d’une possible frigidité concernant Kumiko ? En fait rien de tout cela car il s’avère que Kumiko est capable de faire l’amour avec d’autres partenaires disposant d’un engin pas plus petit que celui de Kenichi. Pour ce dernier, ce n’est pas grave, le plus important étant l’amour. Mais la situation se dégrade quand Kumiko s’aperçoit que son mari récupère son quota mensuel de parties de bête à deux dos en se rendant régulièrement dans des soaplands. Dès lors que faire pour guérir ?

Vous le voyez, la chose est bien au centre de l’histoire. Mais n’attendez pas quelque chose de racoleur, et n’attendez pas non plus une historiette un peu cucul. Nous sommes dans un entre-deux puisque l’histoire est l’adaptation d’un roman autobiographique d’un auteur appelé simplement « Kodama », roman lui-même adapté en seinen par la mangaka Yukiko Gotô. Du coup, si on se précipite au début avec l’espérance de se rincer l’œil, on en est pour ses frais car le premier épisode nous présente un petit couple d’étudiants tout mimi.

Un gars, une fille.

Kumiko, fraîchement débarquée de sa campagne, découvre la ville, la personnalité délurée de Kenichi et les premiers émois amoureux. Pas sexuels, d’abord simplement amoureux : venant d’un bled dans lequel  les adolescents n’avaient rien d’autre à faire pour tromper  leur ennui que de baiser à couilles rabattues entre eux, Kumiko semble avoir toujours su éviter ces relations faciles. Là voilà donc pure, prête à connaître THE amour et même à baisser sa culotte pour partager autre chose qu’une balade en amoureux main dans la main.

 

Et puis, donc, arrivent les premiers fiascos au lit et on est tout surpris de voir le drama prendre alors une direction plus crue. J’ai lu quelque par que MHWF était une série mignonne et inoffensive. C’est du moins l’apparence qu’elle a au premier épisode. Car après l’histoire prend une direction résolument plus adulte, plus grinçante et ne cherchant pas à occulter la thématique sexuelle. Tandis que l’on voit Kenichi frotter son lard avec des soaplandeuses, on suit les virées adultérines (pour vérifier qu’il n’y a pas de problème de tuyauterie la concernant) de la pauvre Kumiko en compagnie d’hommes pas forcément des modèles d’équilibre (mention spéciale à l’homme qui aime à se masturber en pleine nature devant un vaste paysage).

Elle passe aussi par une intense phase de documentation via la lecture de certains magazines…

On ne tombe pas non plus dans une esthétique de pinku eiga à la Hisayasu Satô, mais l’approche de cette thématique se fait avec disons une certaine franchise, franchise accentuée par le fait que l’actrice qui joue Kumiko (Natsumi Ishibashi) n’a rien de ces créatures plus ou moins plantureuses que l’on a dans les pinku eiga. Toute frêle, avec peu de poitrine, elle apparaît finalement comme une fille ordinaire et c’est cet aspect qui rend un peu inattendues les quelques scènes dénudées.

 

Et la série franchit encore un pas dans son propos adulte en mettant en perspective la relation Kumiko/Kenichi avec la société japonaise qui a tendance à orienter dans un moule les jeunes gens en âge de procréer. Dès leurs années universitaires, les commentaires goguenards de leurs amis, quand ils apprennent qu’ils se sont mis en couple, mettent l’accent sur le fait que puisqu’on est jeune et en couple, cela implique forcément un tas de nuits aussi humides que torrides. Or, comme ce n’est pas le cas pour les deux personnages, Kumiko a tout de suite l’impression d’être anormale car n’étant pas dans un « modèle »attendu. Pire, ce sentiment s’exacerbe avec l’attitude de ses parents, en particulier celle de sa mère, qui ne comprennent pas que Kumiko et Kenichi, alors qu’ils ont tout deux une situation, ne décident pas d’avoir un enfant. Pas de sexualité épanouie, pas d’enfant, c’en est trop pour Kumiko qui dès lors va tomber soit dans la dépression soit dans une course à la normalité qui évidemment ne sera pas satisfaisante.

A noter que la famille de Kenichi n’est pas en reste. Lui aussi connait une certaine pression, surtout depuis que sa frangine a été engrossée depuis peu.

La solution trouvée par le couple pour être heureux sera toute simple. « Tout ça pour ça », serait-on tenté de dire à la fin. Mais cette solution qui arrive après pas mal de péripéties, péripéties qui mettent à un moment sérieusement en péril l’avenir du couple, cette solution n’est pas sans être plaisante tant elle peut paraître insolente à une époque où le taux de natalité au Japon n’a jamais été aussi bas et où les autorités ne cessent d’imaginer des stratagèmes pour encourager la fécondité.

Les dramas Netflix, c’est souvent un drama réussi sur deux. En ce qui me concerne MHWF fait partie des bons crus.

7,5/10

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3 Commentaires

  1. Pendant qu’on y est, est ce que vous avez aussi d’autres séries/films japonais netflix à conseiller du coup?

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