3 diams et une jolie gosse

Underworld Beauty (Ankokugai no bijo)
Seijun Suzuki – 1958

À peine sorti de prison, Miyamoto (Michitarô Mizushima) file tout droit dans les égouts pour mettre la main sur trois magnifiques diamants qu’il avait planqués (et pour le vol desquels il avait passé plusieurs années à l’ombre). Mais il ne souhaite pas les garder, non, il préfère les donner à son ancien partenaire, Mihara, désormais amputé d’une jambe. Mais un autre associé ne l’entend pas ainsi. Du rififi survient et l’amputé meurt. Miyamotio décide alors remettre les diams à la sœur de ce dernier, Akiko (Mari Shiraki), jeune femme espiègle un rien loubarde…

 

Underworld Beauty est le premier film de Suzuki en Cinemascope et dans lequel son nom d’artiste est crédité au générique. Et clairement, ce n’est pas un tour de chauffe. Suzuki a déjà passé la deuxième, si ce n’est la troisième. Sans atteindre les délires visuels de La Marque du Tueur ou ses autres polars en couleur qui lui vaudront d’être licencié par la Nikkatsu, Underworld Beauty se veut un polar vitaminé et inventif. On sent un réalisateur qui s’amuse, dans ses compositions d’images, mais aussi dans sa narration. L’esprit cartésien a de quoi tiquer devant certaines séquences, mais ce ne serait pas voir combien ces invraisemblances participent au charme de l’ensemble, à son énergie. En fait, le maître mot pour Suzuki semble être de raconter son histoire avec du style, en en prenant garde de ne pas la laisser reposer trop longtemps.
Alors ce n’est pas non plus aussi virevoltant que, disons, L’Homme de Rio, mais c’est vrai que cette chasse aux diamants à un côté B.D. de par sa grande variété de situations et son éventail de décors allant des égouts à des quartiers populaires en passant par des boîtes de nuit restituant un swingin’ Tokyo alors qu’on y trouvait encore des GIs en goguette.
Quant à l’atout charme, précisons qu’il y a tromperie sur la marchandise si on se focalise trop sur l’affiche. Mais pas d’erreur, l’Underworld Beauty renvoie bien à Akiko (et non pas aux diamants, comme j’ai pu le lire quelque part). À coté des trois autres, elle est le 4e diamant, et finalement l’élément le plus marquant du film. Petite peste moqueuse, gueularde et pleurnicheuse, elle aussi virevolte pas mal, beauté brute d’un monde interlope et qui, comme le suggérera l’ultime plan, n’attend finalement que le polissage d’un doux sentiment prêt à naître.
7/10

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