Play it cool (Denki Kurage aka La Méduse électrique)
Yasuzô Masumura – 1970
Denki Kurage et Shibire Kurage forment vraiment un diptyque : même actrice principale, mêmes acteurs, même style d’affiche, même durée et à peu près la même histoire. On retrouve une héroïne, enfin, une belle héroïne jetée au milieu d’un monde masculin éminemment toxique mais qui va apprendre à composer avec cette « méduse électrique » qui, une fois son malheureux dépucelage effectué, va prendre sa destinée en main, en n’hésitant pas notamment à jouer les manipulatrices pour parvenir à ses fins (comprenez, obtenir un max de pognon). Elle aura souvent bien chaud aux fesses (elle est à deux doigts de servir de prostituée dans un endroit où on la séquestre, et elle passe aussi par la case « poste de police » pour avoir joué de l’argent lors de partie de cartes clandestine), mais aura à chaque fois les ressources ou le petit coup de pouce du destin (un homme est sincèrement amoureux d’elle) pour l’aider.
Aussi bien, il n’est pas évident de dire lequel des deux films est le plus intéressant. J’aurais envie de dire que c’est Shibire Kurage, mais c’est peut-être aussi parce que je me suis enfilé les deux films à la suite et que j’ai eu un sentiment de redite avec Denki Kurage. Ce dernier m’a paru cependant un peu plus sombre. Un viol, un meurtre, une séquestration… sans oublier un avortement après un engrossement qui avait un but bien précis. Ici, on ne va rien révéler. Disons juste que c’est en rapport avec une galerie de sinistres personnages qui ont donné un côté balzacien (très Cousin Pons) à la fin. Otoko wa tsurai yo, disait l’autre. Avec ce diptyque, on pourrait dire : Onna mo wa tsurai yo !
Et, dans le cas de Mari Atsumi, on pourrait ajouter « C’est dur d’être une bijin ! ». J’avais évoqué la réticence de la belle à dévoiler sa nudité, en dépit d’affiches aguicheuses. Cela dit, l’affiche de Denki Kurage annnonce la couleur : qu’on se le dise, Atsumi fera tout pour cacher sa poitrine. je n’ai jamais vu une actrice défendre avec autant d’adresse le dévoilement complet de ses charmes. Il y a toujours une main, un bras ou un objet pour empêcher la vue des précieux atouts – parmi tant d’autres – de Mari, et il faudra une des dernières scènes (on se dit que le plan a été obtenu à coups de supplication ou bien en ajoutant une clause bien rémunérée au contrat) pour voir un glorieux globe :
… avant d’être recouvert d’une pogne qui ne le lâchera plus. Ça ne portera d’ailleurs pas chance à l’amant. Quelle idée aussi de vouloir caresser une méduse !
7/10