Shibire Kurage
Yasuzô Masumura – 1970
Midori est une top modèle pour qui tout roule : elle a du succès et son copain, un fils à papa qu’elle devrait un jour épouser, lui trouve des boulots dans le département marketing de son entreprise.
Problème : il lui propose un jour de coucher une nuit avec un riche investisseur américain.
Problème n°2 : le papa de Midori est panier percé alcoolique qui se fait prendre dans un piège tendu par des yakuzas.
Chouette ! Un mélodrame sexy de Masumura ! Et avec Mari Atsumi encore ! L’affiche du film est aguicheuse, ça promet une bonne séance de rinçage de mirettes ! Las ! au bout de quelques minutes on tombe sur cette vision d’horreur :
Midori au plumard avec un gaijin graisseux et poilu !
Heureusement, comme pour se laver du contact de ses mains poisseuses, on a ensuite droit à une (brève) scène de douche :
Et il faut en profiter, ce sera la seule scène de nu. Car il faut savoir que Mari Atsuni n’avait rien de ces starlettes qui allaient bientôt pulluler à la Toei dans les pinky violence et qui ne voyaient aucun inconvénient à se montrer plus souvent nues qu’habillées. Atsumi a toujours répugné à montrer son corps et se montrera toujours plus intransigeante sur ce point pour des rôles ultérieurs. Dommage, sans doute, et en même temps sa prestation suffit à procurer du plaisir. J’évoquais les tigresses à venir de la Toei, mais Midori, c’est ça, davantage une tigresse qu’une méduse (shibire kurage signifie la méduse empoisonnée). C’est bien simple, je n’ai jamais vu un personnage féminin distribuer autant de mornifles (notamment sur la frime de son père). Et d’ailleurs, il n’y a pas qu’elle, tout le monde à la main leste dans ce film. Elle s’en mange bien entendu elle aussi (de la part de yakuzas et même de son félon de petit ami), mais ces messieurs n’hésitent pas à faire fonctionner aussi la boîte à gifles entre eux ce qui, du coup, permet d’éviter de s’endormir durant l’histoire. Et ouais ! Une bonne mandale, ça tonifie, surtout quand les personnages sont tous très bien campés. est sympa en père vrille et alcoolique, les yakuzas (un cool, l’autre pas cool) sont convaincants, tout comme Mari Atsumi qui assure complètement dans le rôle du modèle qui pourrait mettre le monde à ses pieds mais qui doit se confronter à un monde masculin qui lui pourrit la vie. Elle n’est pas non plus idiote, la fille a du répondant (elle n’est pas du tout impressionnée par les yaks qui font chanter son père) et l’on suit sans déplaisir ses mésaventures.
Il faut savoir qu’il s’agit du deuxième film « méduse » de Masumura puisque la même années, là aussi avec Mari Atsumi, était sorti Denki Kurage (« la Méduse électrique »), un autre mélodrame sexy où Atsumi jouait une jolie fille cette fois-ci prénommée Yumi, mais là aussi devant faire face à une situation délicate. Pas encore vu, mais ça ne saurait tarder. En tout cas on ne peut que regretter n’ait pas davantage joué de rôle dans ce style. On est en 1970 et Atsumi n’est plus très loin de sa fin de carrière (entout cas au cinéma). Ses derniers feux seront pour des films d’action avec Sonny Chiba, films pour lesquels elle aura refusé de trop montré sa plastique (suscitant d’ailleurs des moqueries de la part de journnalistes lors d’une projection de presse). D’une certaine manière, Atsumi est davantage à rapprocher d’une Meiko Kaji que de Reiko Ike.
7/10