L’art de cloper avec élégance

Excellente surprise que ce Cigarette and Cherry, seinen faisant dans la comédie sentimentale de Kawakami Daishiro, publié en 2017 et conclu en 11 tomes. L’auteur a commencé depuis l’année dernière un nouveau manga (Aiseki ii desu ka ?) et on lui souhaite de retrouver la même plaisante légèreté de sa première œuvre qui, publiée d’abord sur le net, avait rapidement tapé dans l’œil d’un éditeur et trouvé le succès.

L’histoire ? Un jeune étudiant dont on ne connaîtra jamais le nom (idem pour les autres protagonistes) arrive à l’université, bien décidé à enfin perdre son pucelage. Il tombe ausitôt amoureux d’une sublime fille sophistiquée, apparemment grande consommatrice de nicotine. Découvrant qu’elle a un job dans un petit café, il décide d’y postuler afin d’approcher un peu plus la belle. Le patron du café, amusé par ses motivations, et sans doute nostalgique de ses jeunes années, décide de l’embaucher, au grand mécontentement d’une autre serveuse, jalouse de garder pour elle sa « senpai ».

Voilà, c’est tout, et ça s’étale sur onze tomes. Mais il en va de cette série comme d’autres séries américaines (The Office, ou Friends j’imagine, bien que je n’ai jamais vraiment accroché à cette dernière), il y a le plaisir de retrouver une galerie limitée de personnages dans des situations quotidiennes banales mais qui, par les enjeux sentimentaux, deviennent très vite cocasses. C’est d’autant plus réussi que les chapitres sont assez courts (treize pages) et sont systématiquement suivis d’une page bonus opérant un flash-back humoristique. C’est à chaque fois léger, inventif, drôle et parfois touchant. La tension dramatique est relativement rare puisqu’il s’agit avant tout de faire sourire le lecteur, mais Daishiro parvient tout de même à corser les choses quand on comprend que derrière la perfection de la belle clopeuse, perfection qui lui permettrait de mettre tout le monde à ses pieds, se cache une personne bien en peine d’exprimer ses sentiments. De même, quand elle quittera le café pour devenir une O.L., on s’aperçoit que cette perfection peut poser problème si elle est pris en grippe par un supérieur, au sein d’un microcosme à la hiérarchie surtout masculine. Un personnage donc froid en apparence, et au traitement graphique particulièrement réussi. On sent le plaisir qu’a dû ressentir le mangaka à choisir les habits et les attitudes de sa créature. Dommage que les paquets de cigarettes soient tous camouflés par d’hideuses photographies. Gageons qu’une marque décidant de choisir la « senpai » comme égérie verrait ventes considérablement s’accroître. Moi, en tout cas, c’est clair que me remettrait à la fumette rien que pour le plaisir de voir son minois sur le paquet.

7/10

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