Red Violation (Chusei Sone – 1980)

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Le train train quotidien du groupe de rock The Devils, avec ses disputes, ses difficultés financières, ses sessions d’enregistrements, ses concerts et ses groupies…

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赤い暴行 (Akai Bôkô)

Red violation est à mettre dans le même panier que Shinjuku Midaregai en ce sens que Sone cherche moins à multiplier les scènes libidineuses pour bien remplir le cahier des charges qu’à restituer une ambiance en rapport avec le métier et le quotidien de ses personnages. Dans Shinjuku Mideragai, c’était le quotidien de la tenancière d’un bar de la Golden Gai, ici c’est donc celui d’un groupe de rock talentueux mais encore loin d’être au sommet. On suit donc leur petite vie d’artistes de rock faite pour donner un plaisir immédiat à leurs groupies :

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Très loin du Shea stadium en terme d’hystérie.

… mais aussi à leur vie ordinaire, avec leur sérail de petites amies plus ou moins régulières, pour lesquelles de toute façon il ne serait pas sérieux de s’engager durablement avec un rocker à l’avenir incertain. Ainsi Fujito apprend-il cette dure réalité lorsqu’il s’aperçoit que sa copine semble le tolérer seulement pour la bagatelle, la jeune femme ayant en parallèle un autre plan avec une personne beaucoup plus sérieuse et prometteuse en terme de situation.

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Ultime affront lors de la scène de rupture : elle lui demandera de bien vouloir reprendre la photo de lui agrandie qu’il avait eu la vanité de lui offrir.

On voit assez que les relations hommes/femmes ne sont pas celles que l’on aurait pu craindre dans un film où il est question de rockers et de groupies. Pour ces musiciens, la sexualité est quelque chose qu’il convient de saisir lorsqu’une opportunité se présente avant de passer à autre chose. Pas une obsession qui aurait donné lieu à une multiplication de scènes lubriques, juste un aspect de leur vie qui contente tout le monde, hommes comme femmes. Ces dernières sont bien contentes d’avoir pour amant un membre d’un groupe de rock, c’est forcément un peu exotique, mais cela ne les empêche pas de ne se faire aucune illusion sur le devenir de ce groupe. Le leader Fujito peut expliquer à sa petite amie qu’un jour il remplira le Budokan, on devine que Sone ne va pas nous raconter une success story et que la fin sera plus douce amère. The Devils (par ailleurs groupe qui a vraiment existé) est destiné à incarner une phase de transition dans la vie de jeunes gens désœuvrés qui ont quitté l’université avec des rêves de gloire, et qui retourneront par la suite à une vie de petits boulots.

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Les quatre membres de The Devils.

Reste qu’ils apparaissent touchants dans leur esprit de sérieux lors des concerts, des sessions d’enregistrement en studio ou dans le processus de création, lorsqu’on voit Fujito chez lui enregistrer de nouvelles mélodies.

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Touchante aussi est le personnage de Mari, la principale groupie du film. La première scène nous la montre d’ailleurs dans son univers de jeune fille constitué exclusivement de mâles rockers et de cool attitude :

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Par la suite, son manteau rouge l’assimile à un petit Chaperon Rouge prête à se faire croquer par un grand méchant loup guitariste. Elle passera à la casserole lors d’une scène de viol (durant laquelle Sone se permet d’étonnants effets de montage qui ne sont pas sans évoquer Seijun Suzuki) mais le personnage n’est pas  là uniquement pour servir au spectateur la troisième scène de cul puisque son destin tragique permettra de mettre en relief le personnage falot de Fujito en laissant supposer un sentiment bien réel envers Mari la groupie.

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Si le film apparaît moins haut en couleurs que Shinjuku Midaregai, plus mou, il n’en reste pas moins une tentative à nouveau intéressante de la part de Sone dans sa volonté de se démarquer des habituelles productions de la Nikkatsu dans le genre du roman porno. Inutile de mater Red Violation en espérant vous en mettre plein les mirettes niveau scènes libidineuses. Elles sont au nombre de quatre (faible ration pour un roman porno) et filmées en un seul plan et en caméra fixe. Autant dire que Sone les expédie pour la forme, préférant sans doute la restitution d’un tout (les différentes facettes de la vie d’un groupe de troisième zone) à la mise en scène colorée et imaginative de scènes de fesses.

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While my guitar gently wheeps (mais pas de quoi non plus grimper au rideau)

Bref un roman porno à part et précieux de par sa volonté de faire une incursion dans le monde des petits groupes de rock japonais au début des 80’s, et de peindre, comme dans Shinjuku Midaregai, des personnages très « paumés du petit matin ».

6,5/10

 

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