Call from Darkness (Yoshitaro Nomura – 1981)

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Keiko Inagawa (Asami Kobayashi) est inquiète : les trois frères de son fiancé, Tatsuo, ont disparu de la circulation à chaque fois à un mois d’intervalle. Voyant que son fiancé est persuadé que son tour va arriver, elle décide d’aller voir un neurologiste afin de savoir s’il n’y aurait pas derrière cette curieuse affaire un cas de tare psychiatrique héréditaire. Intéressé pas le cas, le professeur Aizawa décide de s’occuper du fragile Tatsuo…

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真夜中の招待状 (Mayonaka no shôtaijô aka Call from Darkness aka Midnight invitation)

Beaucoup de films de Nomura restent à découvrir et c’est à chaque fois avec un plaisir certain que je découvre une de ses pépites, en particulier celles recouvrant les années 70 et 80. Avec cette histoire, on se retrouve en terrain connu avec une structure narrative qu’affectionne Nomura : des crimes (ou des événements) mystérieux donnés dès le début du film puis une intrigue qui va être une longue quête de la vérité. On retrouvera le même tripatouillage du film (notamment le procédé de la solarisation) que dans la Voiture de l’ombre pour renvoyer le spectateur à un moment onirique ou un moment passé qui recèlent la clé du mystère, ainsi que le thème favori de Nomura : la famille (n’en disons pas plus).

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Du coup, autant dire que si le spectateur est un habitué de Nomura et a aimé la Voiture de l’ombre, Kichiku, le Vase de sable, la Langue tordue ou l’Incident, il y a peu de chance pour qu’il soit déçu par ce Call from darkness. On commence cependant lentement, les trois premiers quarts d’heure ne sont pas particulièrement palpitants. Et puis, à l’image de cette scène dans laquelle Aizawa explique à Keiko et Tatsuo le procédé de la suggestion par image subliminale, on s’aperçoit que l’on est envoûté par la curieuse atmosphère du film, surtout lorsqu’un étrange vieillard apparaît dans un coin d’une photo :

call-from-darkness-4… ainsi que sur des croquis réalisés par l’un des frères disparus :

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Avec cette créature, le film évoque alors certaines œuvres d’Edogawa Ranpo (on songe au Démon de l’île solitaire) et conjugué aux discours psychanalytiques, aux séquences de rêves, ce lien n’est pas sans inquiéter le spectateur sur la nature de la vérité qu’il va trouver. Pas non plus aussi angoissant et violent qu’un Sister de de Palma, mais suffisamment fort pour paraître original au sein de la filmographie de Nomura et en comparaison d’autres grandes œuvres dans lesquelles crime et psychanalyse se mêlent (on songe à la Clinique du docteur Edwards d’Hitchcock).

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Comme d’habitude, l’interprétation est de grande qualité et, cerise sur le gâteau, le spectateur a le grand plaisir d’admirer dans une appréciable quantité de gros plans le visage d’Asami Kobayashi, déjà aperçue dans The Beast to die, de Toru Murakawa :

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Parfait contrepoint à l’effrayant visage du mystérieux vieillard, on se demande à un moment s’il ne va pas y avoir un lien entre les deux. L’écran titre du film ainsi qu’un poster et une photo d’exploitation ne sont d’ailleurs pas sans donner au personnage, en jouant sur son côté glamour, une aura un brin suspecte, vénéneuse :

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Inutile de vous exciter : la présence d’une corde ne signifie pas qu’il y aura des scènes de bondage.

Je n’en dirai pas plus, sachez juste qu’une facette particulière du personnage apparaîtra dans l’ultime scène du film.
Pour rester dans le casting féminin, outre l’émotion suscitée par la contemplation du beau visage de Kobayashi, on sera aussi ému par une scène d’amour où elle apparaîtra seins nus et dans laquelle on entendra une de des musiques romantiques que Nomura n’hésite jamais à dégainer, mais aussi par la présence de Junko Miyashita. Oui, vous avez bien lu, LA Junko Miyashita, une des stards du roman porno, aperçue notamment dans Pleasure Campus : Secret Games, the World of Geisha et plein d’autres merveilles encore. Lors de sa première scène, on la voit en train de passer un aspirateur, très loin de ses glorieux rôles pour la Nikkatsu mais à 31 ans encore séduisante :

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Elle joue ici la femme de l’un des frères disparus et une de ses scènes donnera lieu (le contraire eût été étonnant) à une courte scène de fesse avec son nouvel amant. Je gage que les amateurs des anciennes starlettes nikkatsesques en mode MILF apprécieront en connaisseurs.
Enfin, ultime originalité du film, Nomura a poussé la malice jusqu’à intégrer le procédé de l’image subliminale à son propre film. Si vous avez passé votre séance à vous gaver d’un certain soda, ne cherchez pas, visualisez très attentivement le générique où l’on voit des vues aériennes de Tokyo et vous en trouverez la raison. Petite pointe d’humour insolite dans l’univers de Nomura et qui, avec le petit détail malicieux lors de l’ultime scène, fait de ce Call of Darkness un excellent cru en ce début de décennie.

7,5/10

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