Tora san 7
C’est dur d’être un homme : Le Bon Samaritain (Otoko wa tsurai yo: Funtō hen)
Yôji Yamada – 1971
Dans cet épisode Torajirô tombe amoureux d’une madone un peu particulière puisqu’il s’agit d’une jeune fille simple d’esprit ! Surprenant, mais aussi touchant et cohérent puisque ne cessant d’entendre, depuis toujours, qu’il est un « baka » ou bien qu’il a la « tête faible », que jamais une femme normale n’accepterait de se marier avec un crétin comme lui, eh bien l’on peut penser que la vision de la gentille Hanako (très bonne performance de Rumi Sakakibara, mais comme d’habitude on pourrait dire, les actrices choisies pour incarner les madone étant toujours au diapason avec l’univers de Yamada) a su faire résonner en lui plusieurs cordes sensibles. Un amour insolite donc, et pour la concrétisation duquel on a envie d’espérer, d’autant que le film réserve la surprise de faire intervenir de nouveau la mère de Tora rencontrée lors du troisième opus, mère soucieuse du bien-être conjugal de son fils. Yamada utilise le fameux procédé balzacien du retour des personnages, et c’est la raison pour laquelle la saga gagne d’ailleurs à être vue dans l’ordre.
Sinon petite tristesse de se dire que c’est l’avant-dernier film dans lequel apparaît Shin Morikawa dans le rôle d’oncle Ryûzo. Il faudrait comparer avec ses premières prestations mais oui, j’ai eu l’impression que le visage était plus fatigué du fait de la maladie.
En revanche, un qui n’est pas malade, c’est Mitsuo, le fils de Sakura. À voir ses énormes joues, on sent le bambin bien gras et bien nourri, ça fait plaisir à voir ! J’ai adoré la scène de la dispute familiale (forcément à cause de Tora à qui l’on reproche d’avoir ignominieusement lâché une caisse lors d’une discussion qui demandait un peu plus de tenue) où l’on voit le pauvre mit’chan prendre peur et se mettre à chialer pour de vrai devant tous ces adultes qui éructent ! C’est en tout cas un des autres plaisirs à voir la série dans l’ordre, celui de voir grandir le neveu en même temps que l’acteur (apparemment, c’est un certain Hayato Nakamura qui a joué Mitsuo dans les premiers films, avant que ce soit un autre acteur qui ait pris le relais jusqu’à la fin de la saga).
Enfin, l’épisode se distingue par une fin que j’ai trouvée particulièrement soignée dans le sens où, après l’habituel départ de Torajirô suite à une nouvelle déconvenue amoureuse, le film ménage un bon quart d’heure avec une Sakura en vadrouille pour retrouver son diable de grand frère après qu’il a envoyé une lettre inquiétante (laissant supposer que le grand écorché vif pourrait se suicider). Scène touchante et très réussie, qui donne lieu à une conclusion dans un bus où Chieko Basho laisse fugitivement apparaître sur son visage une expression indiquant tout l’amour qu’elle a pour son âne bâté de grand frère (et témoignant aussi de ses grandes capacités d’actrice).
Pas évident de dire quels sont les épisodes que l’on peut préférer, mais pour l’instant, je dirais que ce septième opus entre dans mon top 3.
7,5/10