When you love and when you are loved (Aisuru toki, aisa reru toki)
Takahisa Zeze – 2010
Film obscur et assez difficile à trouver que ce When You Love and be Loved, sans doute parce qu’il se trouve dans l’ombre du magnum opus qu’est Heaven’s Story (4H30 !) sorti un an auparavant. En tout cas, si l’on est amateur de pinkus auteurisants sortant des sentiers battus, on est servi.
Alors certes Zeze n’est pas le plus déviant du fameux Pinku Shitenno (les « quatre dieux du pinku »), le quatuor de réalisateurs qui ont pas mal exploré le genre du pinku durant les 90’s. Pour ce titre, Hisayasu Sato obtient la couronne sans aucune contestation possible :
Mais tout de même, un film de fesses de Zeze, c’est rarement une promenade de santé. Ainsi donc When You Love and be Loved :
L’histoire suit Yuko (interprétée par Midori Ezawa), une employée de bureau qui s’occupe de son père malade. Sa vie prend un tournant lorsque sa sœur cadette entame une liaison avec un homme menaçant de publier des enregistrements érotiques de leur relation sur Internet. Pour protéger sa sœur, Yuko propose un marché : elle accepte de poser nue pour lui, à condition qu’il renonce à diffuser les images compromettantes de sa sœur.
« Poser nue », O.K. mais attention, précisons que la déviance choisie par Zeze est l’exhibitionnisme, pulsion qui, pour l’héroïne, tient davantage d’une nécessité pour répondre au chantage de l’homme (dont on ignorera le nom).
Ça peut sembler putassier, prétexte à nous mettre dans la peau d’un voyeur qui se rince l’œil sur une situation crapoteuse. Après, il faut préciser que Zeze n’abuse pas non plus de scènes gênantes. En réalité, on partage surtout la gêne de l’héroïne, dont les pensées secrètes son livrées par l’intermédiaire d’un curseur qui apparaît à l’écran pour taper des messages qui commentent l’action et qui sont prononcés par une voix monocorde, dévitalisée. De son propre aveux, Yuko considère que ses communications sur internet lui ont flingué le cerveau, et il en est de même pour son maître-chanteur, qui en plus a maille à partir avec une situation de faillite personnelle.
Du coup le sordide de sa relation apparaît-il comme le résultat logique de la rencontre entre deux écorchés vifs englués dans une vie potentiellement de merde. Au premier abord, on se trouve devant une victime et un tortionnaire, mais l’on comprend que derrière les coups psychologiques se cache un besoin que le titre évoque assez clairement.
Il faut reconnaître sinon que Zeze a plutôt bien choisi ses acteurs, Midori Ezawa surtout dont le beau visage et la voix suscitent une impression de douceur qui contraste rudement avec la brutalité de la situation où elle patauge. Quant au dernier quart d’heure, si j’ai un peu froncé les sourcils devant un détail qui ne m’a pas paru cohérent (après, l’univers de Zeze n’est pas connu pour être particulièrement cartésien), il fournit une conclusion habile pour résoudre les névroses et procurer un peu d’apaisement après des scènes pas toujours évidentes.
Après, soyez rassurés, rien à voir avec Horse and Woman and Dog (vraiment ? Pas envie voir cette merveille ? Que vous êtes frileux !).
6,5/10