Panique au bain turc hanté !

J’aime bien l’entre-deux-fêtes. Toujours en vacances dans cette période de l’année, je bulle à la maison, lis, gère mon poids en attendant les agapes du jour de l’an, mais je dois aussi composer avec les microbes que je récupère invariablement avant le 24 décembre et qui ne m’incitent pas à sortir (et c’est tant mieux !).

Et puis, il y a les films, aussi, qui ont toujours une saveur particulière. Hier, je voulais me mater un Tora san, toujours très agréable à voir à la fin du mois de décembre. Mais finalement, j’ai craqué et choisi de voir un film où il est question… de bain turc !

Moi, depuis toujours, quand j’associais « bain turc » et « cinéma », je pensais tout de suite à ceci :

Are you Big Moustache ?

Mais maintenant, la donne a changé car très certainement je songerai dorénavant à cette scène :

I am Big Moustache !

Car oui, ce n’est donc pas un Tora san que j’ai maté mais cet excellent film :

Bakeneko Toruko furo (aka Le Minou maléfique du bain turc hanté)
(Kazuhiko Yamaguchi – 1975)

Bon, autant vous le dire, on n’a pas vraiment peur. Les poils ne se hérissent guère. En revanche, une autre partie de l’anatomie le fait sans hésiter car enfin, quoi ! jetez un œil au casting et vous comprendrez qu’on n’aura clairement pas les mêmes sensations que face au duo Bourvil/De Funès : Naomi Tani, Misa Ohara, Yumiko Tateno, Terumi Azuma et plein d’autres encore, forcément, puisque le concept japonais de « bain turc » diffère sensiblement du nôtre. Ici, un mot rapide sur l’histoire :

Se voyant obligé de cesser leurs activités de prostitution dans un quartier chaud, un maquereau et une maquerelle trouvent la parade : ouvrir un bain turc, soit un « soap », établissement où les activités de savonnage d’épiderme sont prétextes à de vigoureuses parties de jambes en l’air. Problème : une des prostituée, Yukino (jouée par Naomi Tani), aimerait bien avoir enfin une vie rangée. Mariée à un scélérat, elle s’attire rapidement l’antipathie de tout le monde et se fait fouetter sur la moindre parcelle de son délicat épiderme de bijin (normal, c’est le fonds de commerce de Tani). Elle finit d’ailleurs par succomber à ces mauvais traitements mais cette mort a deux conséquences : d’abord le désir de sa petite sœur, Mayumi (jouée par Misa Ohara), d’infiltrer le soap afin de la venger. Ensuite une malédiction qui prend l’apparence d’un chat noir qui a l’habitude d’errer dans l’établissement…

Bon, ami lecteur, tu l’auras compris (sinon qu’est-ce que tu fous sur Bulles de Japon ?), dans ce film on se rince pas mal l’œil, et je ne dis pas cela parce que l’histoire se passe dans un lieu où on consomme beaucoup d’eau. Le bijinomètre est au beau fixe…

5/5 !

… grâce à Naomi Tani mais aussi Misa Ohara que je connaissais moins. Dans son personnage de femme vengeresse à la Meiko Kaji, j’ai apprécié autant la plastique du corps que le visage, avec ses traits fins :

Après, le film est un savon mélange pardon, un savant mélange entre pinku et film d’horreur. Précisons que malgré la présence de Tani, ce n’est pas un roman porno de la Nikkatsu mais un film de la Toei. Du coup, la fréquence de scènes légères est moindre mais cela n’a rien de grave car, après le plaisir de voir les corps de Tani et d’Ohara couverts de zébrures de fouet ou de bulles de savon, vient celui d’assister à une malédiction assez gratinée. D’abord à cause du chat noir qui se met à agresser les tortionnaires en volant dans les airs (on imagine des machinistes qui ont dû le balancer à la diable devant la caméra) avant qu’une sorte de yokai vengeresse ne prenne le relais :

OMG !

Bref, on ne s’ennuie pas, les quatre-vingts minutes filent assez rapidement, portées par une photographie dans l’ensemble soignée, comme le montrent d’ailleurs ces plans tirés du générique, qui font tout de suite comprendre que le film ne sera pas une redoutable épreuve à surmonter :

La bougie turgescente est un peu à l’image de ce qui se passe quelque part chez le spectateur qui se dit que, finalement, c’est une bonne chose qu’il n’existe pas de soap en France, ce serait par trop exténuant ! Mieux vaut en rester à un délicieux objet pop (musique par ailleurs très sympa de Jun Fukamachi) pour achever de digérer huîtres, foie gras et bûche à la crème avant de remettre ça demain !

7/10

 

 

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