Osamu Dezaki (1983)
Le tristement célèbre tueur à gages Duke Togo, aussi connu sous le pseudonyme de Golgo 13, est chargé d’assassiner Robert Dawson, le fils du riche baron du pétrole Dawson Leonard et le futur héritier des entreprises Dawson. Il fait face à la vengeance de Dawson. Après avoir accompli sa mission, Golgo est attaqué par l’armée et découvre que son informateur a été tué par un assassin mystérieux connu sous le nom Snake. Aidé par l’armée, le FBI et la CIA, Dawson est déterminé à tuer Golgo et venger la mort de son fils.
Petite envie en ce moment de découvrir des pépites réalisées par Osamu Dezaki. Et pour ce faire, je commence par le premier de ses deux films consacrés au tueur à gages le plus fameux du manga, de l’histoire de la BD mondiale, et même de l’univers, Golgo 13, auquel j’avais déjà consacré un article à propos d’une belle borne d’arcade.
Détail encourageant : le film a été réalisé juste après les 31 épisodes de Cobra, et ça se ressent. Une des marques de fabrique de la série était la recherche peut-être pas constante, mais régulière, de plans travaillés que l’on ne trouvait pas – ou rarement – dans d’autres anime de l’époque. Plongée, contre-plongée, image tiltée, jeu sur les variations de plans, effets de lumière, tout comme Cobra, Golgo 13 propose tout cela, et même puissance 10. Je ne crois pas avoir vu un film d’animation avec autant le souci de faire en sorte que chaque plan soit chiadé et dynamique. Le statisme, Dezaki ne connait pas. Déjà, dans Rémi, sans famille, on constatait cette incapacité à montrer un paysage, un décor en plan fixe. Il fallait toujours avoir ce type d’effet :
C’est la même chose dans Golgo. Tout est mouvement et, si possible, avec style.
Rien que le générique d’ouverture annonce la couleur. Bien sûr, on le trouvera daté. Exécuté en CG stop motion, il est très loin des standards actuels en termes de rendu visuel. Il est cependant ambitieux et n’est pas sans faire penser aux génériques de Saul Bass pour les James Bond, avec toutefois un accent mis sur le morbide au détriment du sexy.
Le générique passé, on suit donc l’histoire résumée plus haut mais je dois dire sans non plus être particulièrement intéressé par les enjeux. Voir Golgo 13 m’a rappelé l’expérience Time and Tide, de Tsui Hark. Peu importe le pourquoi ? pourvu qu’on ait le comment ? c’est-à-dire le style, la manière. Peu m’importait finalement le but proposé par l’intrigue, seule comptait la patte Dezaki faisant feu de tout bois, s’accaparant avec virtuosité du matériau de base, le manga fleuve de Takao Saito, manga prenant, riche, mais pas connu non plus pour être d’un grand dynamisme.
Dans le film, quand Golgo fait une balade en voiture, il se passe ceci.
Et comme Dezaki sort de Cobra, j’aime mieux vous dire que le film a largement son quota de pin up. Avec parfois du bon goût :
Ah ! Faire monter le désir en appliquant entre les seins un cocktail bien frais au cognac quadruple XO ! J’approuve pleinement. Ah ! Au fait, dans Golgo 13, c’est minimum bonnet H.
Et du mauvais :
Argh ! Cet homme est un homme d’affaires américain ancien haut dignitaire nazi. Il ose boire un verre de schnaps avec pareille compagnie ! Vas-y Golgo, accomplis ta mission, bute-le !
D’ailleurs chaud lapin le père Golgo. C’est même un peu un énigme car on ne peut pas dire qu’il soit connu pour montrer ses émotions. Or, quand on a l’honneur d’être au pageot pour honorer une dame débordant de plaisir, il peut être bon de ne pas arborer un visage aussi expressif qu’une brique. Mais curieusement, ça semble plaire aux dames en question (qui sont au nombre de trois dans le film). Rita lui fait même cadeau d’une voiture hors de prix pour sa mission. Pas besoin de la payer, elle, ce qu’elle veut, c’est que Golgo vienne avec elle une heure ou deux pour « appuyer sur sa gâchette » (c’est l’expression qu’elle utilise). Il faut croire que tenir entre les mains de gros calibres en fait pousser un gros entre les jambes (en tout cas il semble y avoir maîtrise chez Golgo). En tout cas, Dezaki semble s’être fait plaisir avec un nombre généreux de scènes de nu parfois passablement WTF (Ah ! La scène où Cindy plonge du haut d’une falaise, alternant des plans de ses tétons au vent avec d’autres images où l’on voit Golgo éclater la tronche des gardes du corps de ladite Cindy !).
Mais Golgo 13, c’est avant tout du sang et des ennemis implacables. Ça tombe bien, Golgo en bave un peu dans cette histoire car il choppe pas mal de blessures. Surtout, il doit faire face à trois tueurs (Big Snake, Gold et Silver) qui n’auraient pas dépareillé dans un épisode de Cobra. Je laisse la surprise de découvrir ces ennemis ainsi que les scènes de nu qui vont avec, Big Snake étant particulièrement intéressé par la chose.
Au final, Golgo 13 : The Professionnal apparaît comme un film audacieux et ambitieux. On pourra sourire sur la scène des hélicoptères en CG, mais comme expliqué par Dezaki et son producteur dans les commentaires audio de la version dont je dispose, à l’époque ça en jetait. Et franchement, ce ne sont que quelques secondes qui ne gâchent en rien l’enchaînement de centaines de plans travaillés et concoctés par le père Dezaki. Et franchement, si vous êtes fan du manga et de Cobra, difficile de ne pas aimer.
Héroïnes sexy et à la gâchette sensible, flûtes phalliques de champagne entre les seins, grosses pétoires, chef nazi à éliminer, tueur à gages qui pour une fois se retrouve dans la peau du traqué, ennemis tout droit sortis de Cobra, franchement, que demander de plus ? Peut-être une suite : il faut là aussi que je répare une lacune en trouvant le temps de me mater Golgo 13 : Queen bee. Ah ! J’ai oublié de dire que voir Golgo 13 : The Professionnal est infiniment moins une perte de temps que de voir les versions live avec Sonny Chiba.
8/10