Welcome to the jungle

Onoda – 10000 nuits dans la jungle
(Arthur Harari – 2021)

Sujet en or que celui de Hiroo Onoda, soldat japonais envoyé aux Philippines durant la Seconde Guerre Mondiale et qui, refusant de croire avec trois autres compagnons que la guerre était terminée, s’enfonça trente années durant dans une vie de maquisard, allant même jusqu’à tuer des paysans et des policiers philippins. En gros, une variante durable de Rambo, pour les autorités une vraie plaie à qui il est impossible de faire entendre raison.

Après, n’allons pas non plus trop loin dans le rapprochement avec le film de Ted Kotcheff, car les trois heures que dure Onoda ne sont pas non plus prétextes à déverser une pléthore de scènes d’action. Elles sont rares en fait, et cinématographiquement parlant, pas très spectaculaires. Pensez, buter des paysans, il y a des faits d’armes plus séduisants. Mais l’intérêt se situe bien sûr ailleurs, notamment dans la situation sidérante dans laquelle s’engluent les quatre personnages menés par Onoda, même si le réalisateur n’est pas complètement parvenu à rendre convaincante la psychologie jusqu’au-boutiste d’Onoda qui refuse l’évidence, quand bien même elle serait apportée par une délégation japonaise dont fait partie son propre père (ou du moins une personne ressemblant à son père, car il est persuadé là aussi que c’est une manipulation). Lors d’un flashback, Harari nous montre ce qu’ont été les trois mois d’entraînement précédant sa mission aux Philippines, entraînement mené par un vieux major, sorte de Trautman vénéré par ses ouailles. On comprend que les phrases inculquées dans l’esprit d’Onoda résonnent par la suite dans son esprit et expliquent pourquoi il continue de se méfier, mais voilà, il a peut-être manqué dans ce flashback une certaine force, une certaine dureté pour rendre pleinement convaincantes ses conséquences (d’autant que l’acteur japonais qui joue le major n’est pas non plus des plus charismatiques).

De même la restitution d’une vie rude « dans la jungle ». Les quatre hommes en bavent, c’est sûr. Mais là aussi il me semble que la dureté retranscrite est un peu trop clean, à l’image d’une photographie un poil trop saturée. Et sans aller jusqu’à attendre une approche à la Malick, il aurait été intéressant de questionner davantage le rapport de ces hommes à cette nature. 

Reste que le film est tout de même une belle surprise venant d’un réalisateur pour lequel Onoda n’est que le deuxième long métrage, réalisateur français qui plus est, ayant à gérer des acteurs d’une autre langue. J’ai lu quelque part que le casting avait été assez long. De ce côté, pas vraiment de réserve, il est impeccable, notamment concernant le choix de Yûya Matsuura, vu dernièrement dans le rôle d’un marginal boiteux prostituant sa sœur déficiente mentale.

7,5/10

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Un Commentaire

  1. bon, faudra que je me le fasse

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