Drama Express #5 : Cain to Abel, Suna no tou

La saison des dramas de l’automne s’achève, c’est le moment de proposer une petite sélection parmi le vaste choix de feuilletons que je n’ai évidemment pu tous voir. Commençons par les titres qui ont été impitoyablement éliminés au bout d’un quart d’heure de visionnage :

 

Cabotinage, personnages vides, réalisation clipesque, le genre de drama que je ne cherche surtout pas à poursuivre afin de vérifier si ça s’arrange un peu par la suite. A un niveau supérieur mais à peine meilleur, déplorons aussi ce titre :

The Sniffer

Un drama avec Hiroshi Abe, a priori ça ne se refuse pas. Et le sujet promettait d’être divertissant : dans cette histoire policière, le personnage d’Abe est un peu une sorte de Sherlock Holmes, quelqu’un que la police vient la consulter dès qu’elle se trouve face à un cas qui la dépasse. La différence avec Holmes étant que cet avatar-là est réputé pour son odorat absolument hors norme et lui permettant de reconstituer très facilement la scène d’un crime. Amusant mais lassant, justement à cause d’Abe qui joue une énième fois un personnage mi-bouffon, mi-arrogant. Vivement que je le retrouve dans un vrai rôle avec le dernier Kore-eda.

Autre déception, Cold Case :

Il s’agit de la version nippone de ce classique des séries tv policières américaines. J’avoue que je n’en avais jamais vu le moindre épisode, je ne saurais donc dire si cette version tient la route par rapport au modèle, voire même si elle est meilleure. A priori Cold Case version ricaine avait pour marque de fabrique d’utiliser des chansons bien connues pour illustrer les époques où se sont déroulées ces « cold cases », ces histoires criminelles non résolues. Le procédé est repris dans cette version, ce qui n’est pas sans étonner. On est tellement habitué à subir de la guimauve ou de la Jpop, qu’entendre tout à coup Oasis, Radiohead ou Franz Ferdinand surprend agréablement. Et comme les histoires et la réalisation sont tout de même bien ficelées, on se dit qu’on tient là un solide drama policier. Et pourtant, j’ai moyennement accroché, le tout m’ayant paru trop lisse, trop bien léché, trop sérieux, à l’image du jeu de Yo Yoshida, actrice que je n’ai jamais vu sourire (enfin si, la seule fois étant lors de sa participation au jeu télévisé Nep league, mais cela ne compte pas). Pour ceux qui aiment que des noms du cinéma japonais participent à l’élaboration d’un drama, précisons que Takahisa Zeze a fait partie de l’équipe des scénaristes. Je mets un 5/10 à Cold Case par manque d’enthousiasme, mais je ne doute pas que le drama pourra vraiment plaire aux amateurs de la série originale.

On reste dans les dramas de chez Wowow avec Hippocrates no chikai :

A chaque saison de dramas on a son lot de séries se déroulant dans le milieu hospitalier. Après Fragile et son rugueux médecin du service pathologie, place au service médico-légal d’un hôpital dans lequel la jeune Makoto Tsugano va faire son apprentissage auprès du chevronné Tojiro Kosaki. comme pour Cold Case, on devine qu’on ne va pas rire des masses. C’est sérieux mais du fait d’un format court (juste cinq épisodes) et d’une intrigue finalement intéressante, le drama se laisse regarder. Je conseillerais malgré tout de voir plutôt Fragile.

6/10

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Toujours Wowow, et toujours un drama qui ne fera pas fonctionner vos zygomatiques :

Suishou no Kodou

Il s’agit en fait du sequel d’Ishi no mayu. L’inspectrice Toko Kisaragi s’est remise de sa précédente enquête, mais tout de même difficilement. Et quand elle tombe sur un tueur série qui a la fâcheuse tendance à manipuler des engins explosifs (joujoux ayant donné lieu à une scène traumatisante lors précédent drama), rien ne va plus pour la pauvrette. Il faudra toutes ses ressources et l’aide de ses bienveillants collègues pour mettre le grappin sur le tueur se faisant appeler « OX » et ayant la curieuse habitrude de maculer de peinture rouge les murs des endroits où il commet ses crimes. C’est solide, bien réalisé, dans la continuité d’Ishi no Mayu. Si vous avez aimé ce dernier, vous aimerez Shuishou no Kodou.

7/10

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Changeons de crèmerie, direction Fuji TV avec Cain to Abel :

Takada Real Estate Co est une puissante entreprise qui mise plutôt sur le fils aîné Ryuichi pour reprendre le flambeau que sur le cadet Yu, jeune homme sympathique mais moins expérimenté. Et pourtant, Yu apparaît au fil des épisodes comme quelqu’un disposant d’une spontanéité et d’un instincts exceptionnels qui vont lui faire gravir un à un les échelons de la société familiale, au grand dam du frère qui va se sentir peu à peu dévoré par la jalousie. Toutes proportions gardées, on est un peu dans la version drama de À l’Est d’Eden. On retrouve un fils incompris qui va dépasser le supposé frère modèle de la famille et qui va même parvenir à faire tomber sous son charme la fiancée de ce dernier (magnifique Kana Kurashina). Comme je n’ai pas encore tout vu, je ne sais pas si l’on va découvrir que la maman tient une maison close mais comme on a jusqu’à présent aucune information sur la génitrice, on peut penser que l’on va avoir droit à une révélation spectaculaire. S’ouvrant pompeusement sur une symphonie de Shostakovitch, Cain to Abel tisse une intrigue intéressante sur un sujet vieux comme le monde. C’est plutôt bien interprété, même si la jalousie de Ryuichi, très forcée et un brin incompréhensible, ne permet pas de créer un équilibre des forces et de l’empathie pour les personnages. A noter la présence de ce bon vieux Naoto Takenaka en homme d’affaires repoussant le bling bling dans un kitsch qui laisse rêveur.

7,5/10

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 Terminons maintenant avec le drama qui m’a le plus captivé :

Suna no tou

Aki Takano est une mère de famille ravie à l’idée d’habiter dans une luxueuse tour résidentielle. Mais très vite tout tourne au rêve acide. D’abord à cause des autres mères de familles qui ont une nette tendance à s’immiscer dans la vie des autres et à hiérarchiser leurs rapports en fonctions des étages où elles habitent (plus on est haut dans la tour, plus on paye un loyer élevé donc plus on est riche et puissant). Mais aussi parce que quelqu’un semble prendre un plaisir bien malsain à épier et livrer en place publique des preuves (vidéos ou photographiques) de la mauvaise conduite de certaines mères. Ajoutons à cela une série de kidnappings d’enfants, un fils aîné qui cache un terrible secret et un père de famille s’enfonçant dans un « travail » de plus en plus dangereux, et l’on obtient un excellent drama touchant autant au mélo familial qu’au thriller. C’est certes parfois un peu rocambolesque, on est prié de ne pas être trop regardant sur certains détails. Mais si l’on y parvient, on sera sans doute charmé par la spontanéité de Miho Kanno (on est très loin du masque sérieux de Yuri Ishikawa dans Cold Case) et l’on dévorera ce drama qui multiplie avec succès les différents fils narratifs et qui, lorsque retentit à la fin de chaque épisode la chanson de The Yellow Monkey qui accompagne d’ultimes cliffhangers, fait tout à coup paraître la semaine à venir avant le prochain épisode bien longue.

8/10

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10 Commentaires

  1. « IQ246 », je suis tombé dessus un soir quand j’étais en vacances et je suis resté bloqué pendant dix bonnes minutes… Forcément, sans ST, je ne comprenais pas grand-chose mais c’est surtout la mise en scène / le montage qui m’ont fasciné… A ce niveau d’incompétence qui donne mal à la tête, ça touche au génie.

    Sinon tu as appelé Yo Yoshida par le nom de son personnage. Ce qui ne change rien au fait que, moi non plus, je ne l’ai jamais vu sourire.

    Je commence « Suna no tou » d’ici la fin de la semaine, je compte sur ton légendaire bon goût.

  2. Article fini à l’arrache, Yo Yoshida en a malheureusement fait les frais (et une bonne douzaine de mots touchés par des coquilles). Je rectifie tout de suite.
    En fait, pour IQ246, ils s’y sont mis à trois derrière la caméra, ceci expliquant sans doute cela.

  3. J’allais oublier l’essentiel. Histoire de te motiver un peu plus pour voir Suna no tou, toi qui es amateur d’un certain type de photobook, je te rappelle que Miho Kanno, ce n’est pas que Suna no tou, c’est aussi ce beau livre :

    Un des best sellers du photobook de nu de la fin des 90’s.
    Mais aussi ça :
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    Du tout bon, je te dis !

  4. En parlant de photobooks, j’ai mis la main sur celui-ci :

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    Du coup, j’ai encore plus hâte de découvrir « Antiporno ».

    (déjà que je n’arrive pas à mettre la main sur « The Whispering Star »..)

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