« Dans la famille ZOOM spécial Japon, je demande le n°96 de mars 1982. »
Gagné ! C’est reparti pour une présentation d’un vieux numéro de ZOOM, l’excellente revue de photographie des années 70 et d’une partie des 80’s. Je ne pense pas vraiment tirer sur la corde, je suis sûr que certains parmi vous n’ont pas hésité à se procurer les deux précédents numéros (hein Bouffe-tout ?). Pour ce nouveau spécial Japon, voici ce qui vous attend :
D’une manière générale, l’échantillon de photographes proposé ici m’a paru plus accessible, moins expérimentale que le n°45 évoqué précédemment, finalement plus dans la continuité du n°95. On commence pas vraiment en douceur avec le travail de Michio Washio :
Son travail propose une série de portraits faits à 20cm du visage dans le quartier de Kotobuki de Yokohama, quartier pauvre et réputé violent. Sa technique pour obtenir ce résultat est pour le moins originale : il engueule, voire injurie carrément son modèle jusqu’à ce que ce dernier réagisse pour que la photo devienne enfin intéressante. Washio ne précise pas s’il s’est pris beaucoup de poings dans la gueule avec cette technique… par contre il avoue s’être pris des bouteilles !
Le travail d’Issei Suda suit quant à lui la vie quotidienne japonaise. Suda a toujours été un photographe amateur prenant des photos au gré de ses déambulations rêveuses, déconnecté de toute commande qu’on lui aurait passée et qui le paralyserait plutôt que de l’inspirer. Le format carré N&B est son principal moyen d’expression :
Suit le grand Eikô Hosoe. Dans le portfolio proposé par ZOOM, il ne s’agit pas de ses photos de prostitués ou de ses nus expérimentaux mais de sa série de portraits des grands industriels japonais. Série surprenante qui nous plonge dans le quotidien professionnel mais aussi privé de figures de proue du monde économique japonais. Le journaliste de ZOOM pointe avec raison l’existence dans ces photos d’éléments contradictoires qui coexistent dans l’image (énergie/vieillesse) ainsi que « la persistance d’attitudes traditionnelles dans un environnement ultramoderne » :
On poursuit avec Eiko Ishioka, fameuse designer/costumière que les cinéphiles connaissent entre autre pour les costumes du Dracula de Coppola (costumes qui lui valurent un oscar). Les six pages qui lui sont consacrées proposent un intéressant échantillon de son travail de graphiste, sélection allant d’affiches pour Apocalypse Now à des publicités pour une marque de chaussures.
Reconnaissons-le : un numéro de ZOOM sans une paire de seins ne serait pas un numéro de ZOOM. Le cahier des charges est rempli avec Hajime Kawai, spécialiste de la photo de nu. Dans son interview, il explique qu’il a dû attendre d’avoir 45 ans pour préserver ses enfants. Ben oui, vous imaginez la scène dans la classe : « et il fait quoi ton papa ? – Euh… il photographie des femmes à poil ». Un coup à essuyer des ijime pendant toute une scolarité. Les photos proposées sont très « sea, sex and sun ». A défaut d’êtres géniales, elles proposent une vision des femmes très douce dans leur érotisme :
Dans le numéro précédent de ZOOM évoqué en ces pages, nouis avions parlé de l’Asahi Shinbum. Place maintenant à la Shueisha, mastodonte de l’édition japonaise qui, à la fin des 70’s, s’aperçut de l’intérêt pour la photographie et décida de créer une ambitieuse collection de photobooks. Ikko Narahara, Shoji Ueda, Shinzo Maedo, Yutaka Takanashi, Yoshio Watanabe et Yoichi Midorikawa sont quelques photographes qui excellèrent dans une certaine photographie documentaire et dont les travaux furent publiés par la Shueisha :
Terminons (ouais, je vais pas tous les faire hein!) avec 4 page intitulées : « 10 dates pour une histoire du cinéma japonais ». Pari risqué mais tenu par Hubert Niogret (par ailleurs journaliste à Positif) qui réussit à dresser une chronologie succincte mais parfaitement cohérente.
Enfin, ce beau numéro s’achève sur l’article que vous attendez tous : « Canon Story », pendant logique du « Nikon Story » du n°95. Là aussi, le journaliste en charge de ce dossier ultra-technique se lâche : 28 pages de références d’appareils, d’objectifs et de références techniques qui fileront illico la bave aux lèvres aux collectionneurs hardcore des dinosaures de la photographie. Lisez-moi ça si c’est pas beau :
Les caractéristiques du P-777 se retrouvent chez le PS-1000. L’objectif est un zoom Canon PS 17-28 mm/1.3 de 9 éléments en 6 groupes . Le moteur à induction donne deux cadences, de 18 et 24 images par secondes, avec une lampe halogène 100 W/12 V, à miroir dichroïque froid. Le chargement du film est automatique et son rembobinage demande 100 secondes pour 100 mètres.
A lire en positionnant à côté de soi sa collec’ d’objectifs phalliques :
Pour le reste, ce numéro de ZOOM est une nouvelle fois une jolie promenade dans la photographie japonaise de ce début des 80’s et offre de jolies rencontres à l’amateur (et pas uniquement celles de Hajime Kawai), que ce dernier soit éclairé ou non.
Encore un bon numéro de ZOOM que j’ai reçu dans ma boîte aux lettres, grâce à Olrik les bons tuyaux. J’ai d’ailleurs pu annuler l’achat du double numéro japon/arles, grâce à un vendeur complaisant… fait que, il faut toujours que je me procure le 42.
A trop coller son visage sur la couverture du 95, on peut voir les découpes grossières de l’image aux ciseaux. Hum…le bon vieux temps de l’édition manuelle. Tu as dû les remarquer, dans ton souci du détail. Toujours dans le 95 me semble, je me demande si c’est pas Agnès Lum en compagnie du Pape à la fin du numéro, le vieux briscard.
Pas le 42, le 45 Bouffe-tout, le 45 ! Je sens que t’es parti pour encore te faire enfler.
Pour Agnès Lum, c’est vrai qu’il y a une petite ressemblance au niveau du visage et de la coupe de cheveux. Mais ce n’est pas elle, Agnès a des pare-chocs bien plus seyants et elle ne s’habille qu’avec des bikinis. Et puis, si vraiment ça avait été elle, on peut être sûr que le vioque aurait été touché par la grâce bijinesque de la belle et aurait illico démissionné de ses fonctions pour s’adonner à des plaisirs plus terre-à-terre mais Ô combien plus intéressants comme mater des photobooks d’idols dénudées, aller dans des soaplands ou s’acheter le dernier Weekly Playboy.