Kyu Sakamoto s’invite chez les Mad Men


Un cocktail Mr Olrik ?

Pas besoin de regarder beaucoup d’épisodes de Mad Men pour sentir le travail d’orfèvre des scénaristes. Mais je dois dire que le deuxième épisode de la saison 2 m’a réservé une belle surprise. L’un des sujets de cet épisode est une tragédie aérienne, le crash d’un Boeing 707 de l’American Airlines entre la Jamaïque et New York. Nous sommes en 1962.

Donald Draper, le personnage principal (un publiciste de haute volée), se trouve à la fin de l’épisode dans un restaurant asiatique avec un client pour lui signifier une rupture de contrat avec sa compagnie. Cette absence de loyauté vis-à-vis d’un bon client coûte à Draper qui, après le départ résigné de l’homme d’affaires, reste seul à sa table pour siroter, pensif, un ultime verre.

C’est alors que retentit…

oui, c’est alors que retentit « Ue o mite arukou » de Kyu Sakamoto, seul chanteur japonais a avoir su balancer un tube dans les charts US. En soi, la présence de cette chanson est anachronique puisqu’elle fit là-bas un carton en 1963. Mais qu’importe, l’intérêt de ce choix est ailleurs. Conjugué à l’arrivée chaloupée de cette sublime serveuse, il fait évidemment son effet et ajoute en « couleurs locales » à ce décor de restaurant asiatique. Mais cette chanson est à mon avis moins un moyen qu’un but. Le choix d’un tel restaurant n’est pas pour amener cette femme qui réussit à scotcher Don Draper lui-même, mais bien pour faire entendre cette chanson. Pourquoi ? Tout simplement parce que Kyu Sakamoto, après avoir connu la gloire du billboard américain, connut bien des années plus tard le même sort que Buddy Holly et les malheureux passagers évoqués dans l’épisode : la mort dans un crash aérien, et pas n’importe lequel, celui du Vol 123 de la Japan Airlines, l’un des pires de l’histoire de l’aviation mondiale. Sur le fond, la chanson n’apporte rien à l’épisode, mais il y a dans cette référence, dans ce clin d’oeil, comme un soucis d’esthète de la part des scénaristes, une de ces petites perles accessibles à quelques happy few et qui vous font, de par la grace et la simplicité de cette scène, crier au miracle avec un frisson de plaisir. J’aime.

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13 Commentaires

  1. Putain ! Tu me troues le cul ! J’adore cette série, je me rappelle très bien cet épisode et la nénette qui va avec. La musique, elle était là pour donner l’ambiance, donner le p’tit plus. Grâce à ton coup de lampe torche, j’y vois pas plus claire, ça non ! Je vois tout simplement. Le jour où je me remate l’intégrale, je pourrais me la raconter en mon for intérieur. 😉

  2. J’avais entendu parler de ce crash mais je savais pas que Kyu Sakamoto faisait partie des passagers. Les Américains étaient sur place les premiers, mais pour éviter une ingérence de plus, ont cru bon de ne pas intervenir et de laisser les Japonais s’en occuper….avec quelques difficultés pour accéder au site de l’accident, me semble. Souvenirs d’une mortelle après-midi de glande devant un docu sur les crash aérien.

    Sakamoto rejoint Buddy Holly, Otis Redding, Steve Ray Vaughan (dans un hélicoptère celui-là) et d’autres sûrement.

    http://youtu.be/1GSpbuFSr2o

  3. « Putain ! Tu me troues le cul !  »

    Plaît-il ? En aucune façon, entre Mad Men de cinéma japanisthanais, crois bien que je ne me permettrais pas.

  4. @ Bouffe-Tout :
    « Sakamoto rejoint Buddy Holly, Otis Redding, Steve Ray Vaughan (dans un hélicoptère celui-là) et d’autres sûrement. »

    Richie Valens notamment, dans le même avion que Buddy Holly. Sans doute le crash aérien le plus meurtrier pour l’histoire du rock’n roll.

  5. Tu voulais dire, un splash.

    Bouffe-tout, va se mettre à Mad Men, en attendant le prochain Games of Thrones.

  6. J’ai viré ma connerie avant que tu ne répondes. Curieux, j’ai un vague souvenir d’une célébrité (du rock ou autre) qui s’est tuée en sautant dans une piscine vide (évidemment bien beurré le mec). Impossible de me rappeler laquelle.

    « Bouffe-tout, va se mettre à Mad Men, en attendant le prochain Games of Thrones. »

    On en est tous là : comment patienter entre deux épisodes de Game of Thrones ? 3-4 épisodes par jour (mon rythme actuel) de Mad Men est peut-être la solution. Reste un problème pour cet été : comment patienter entre deux épisodes de la saison 4 de Breaking Bad ? Hmm… va bien falloir que j’me mette un jour ou l’autre à The Wire.

  7. « On en est tous là : comment patienter entre deux épisodes de Game of Thrones ? »

    J’ai une petite idée pour patienter, pourquoi ne pas écrire ou finir une suite d’articles pour DC, hein ?

    Pour l’été, pourquoi pas les deux saisons de Reaper (d’ailleurs, je cherche à vendre mon âme au diable, s’il est intéressé, qu’il me contacte) avec du Naruto Shippuden…

    Mad Men, je vais voir de m’y mettre, du coup (ton post me donne envie d’accélérer sur cette série)…. Tout comme The Wire, Make it or Break it (l’univers de la gymnastique) et Camelot (la Bondesque Eva Green en Morgane m’attire)….

    A.rnaud. « il part dans la mauvaise direction »

  8. « J’ai une petite idée pour patienter, pourquoi ne pas écrire ou finir une suite d’articles pour DC, hein ? »

    Toi, je suis sûr que tes ancêtres étaient de ces créanciers qui terrorisaient Balzac jour et nuit dans sa maison rue des Batailles. Patience ! Je dois reprendre un article en main pour ce week-end (me voilà tranquille pour deux jours, génial ! ).

    Je garde sinon deux autres vieilles séries sous le coude : Bottom et Game on. British et comiques cette fois-ci. Et bien qu’il y ait des rires enregistrés, il ne m’ont jamais gêné dans les séries anglaises (contrairement aux américaines où j’abandonne au bout de 5 minutes).

  9. « Toi, je suis sûr que tes ancêtres étaient de ces créanciers qui terrorisaient Balzac jour et nuit dans sa maison rue des Batailles. »

    Allons, comme tu y vas…. D’ailleurs, tu confonds, le chasseur de créances, c’est un certain Clarence B….

    Moi,je ne suis qu’un honnête citoyen – nullement intéressé par le profit – qui pense à la santé mentale des milliers de lectuers de DC…. Ne pas lire régulièrement les articles du bon Docktor Olrik perturbe le psychisme…

    Preuve de ma mansuétude, je te laisse un jour supplémentaire de délai…..avant de te balancer au créancier en chef !!

    Je note les séries nommées…

    A.rnaud. Rêve de Fèvre

  10. Bon, il faudra bien que je les regarde ces Mad Men un jour…
    Sinon belle analyse mon cher Olrik, on vois l’orfèvre de l’analyse filmique qui est en toi.

    (je crois que le crash de JAL123 est bien la plus grosse catastrophe aérienne de l’histoire, pas juste « une des plus grosses »)

  11. En fait, cette catastrophe se tire la bourre si j’ose dire avec celle de Ténérife. Si l’on prend le critère de la cata avec un seul appareil, c’est JAL123 qui gagne avec 520 morts, bravo !
    Par contre, si l’on prend en compte les collisions entre deux engins, vamos ! Ténérife remporte la timballe avec 380 + 234 = 614 victimes ! On applaudit bien fort !

    Olrik, de la précision avant toute chose, on ne déconne pas avec les chiffres.

  12. Salut à toi, c’est par pur hasard après avoir ressenti une belle vague d’émotion lors de cette scène et voulant connaitre l’interprete de ce brillant morceau que je suis tombé sur ton article. Chapeau bas monsieur j’ai pris un réel plaisir à te lire et je me coucherai moins bête ce soir, sois béni

  13. Ha Ha ! La bénédiction d’un lecteur et du coup l’air de la fameuse chanson qui s’invite dans mon esprit juste avant d’aller me pieuter. Ça va, je vais passer une bonne nuit.

    Merci pour ce sympathique retour.

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