The Techno Brothers (Tekuno burazâzu)
Hirobumi Watanabe (2023)
Cinquième film de Hirobumi Watanabe que je vois, et de nouveau une bonne surprise.
On suit ici un trio de musiciens, les Techno Brothers. Costumes et sons synthétiques à la Kraftwerk, gueules raybanisées et inexpressives évoquant les Blues Brothers, et surtout asservissement à leur odieuse manager au look très Anna Wintour. But de cette dernière : faire des Techno Brothers des stars. Et elle y croit sincèrement. Le problème est sa manière de les utiliser en les privant du moindre cacheton (ce qui aura une conséquence aussi drôle que funeste chez l’un des frères).
Le film est ponctué de différentes performances du groupe dans des lieux improbables (mention spéciale à l’horticulteur désireux de faire entendre à ses précieuses fleurs de la bonne techno pour voir comment elles vont évoluer), tout le long d’un trajet avec pour terminus rien moins que Tokyo et la gloire. Et durant le périple, on est un peu comme leur manager, on finirait par y croire, à leur succès prochain. Au début goguenard devant leurs premiers concerts, on s’aperçoit au fur et à mesure que leur musique, mélange de Kraftwerk et de YMO, est plutôt pas mal. Mais voilà, les frangins ont-ils atterri à la bonne époque pour servir leur musique ? Rien n’est moins sûr, même si quelques happy few (dont l’horticulteur) sont convaincus de sa qualité.
Sinon on retrouve cette réalisation très système D propre à Watanabe. Le film a beau se vouloir un road movie en direction de Tokyo, on comprend que le tournage n’a pas dû beaucoup s’éloigner de sa ville d’Otawara (on retrouve notamment le café classieux de Life Finds A Way). Quant aux acteurs engagés, outre le frère de Watanabe, il est amusant ici de constater que Watanabe se la joue Peter Sellers en incarnant rien moins que trois personnages différents, dont un musicien vêtu du maillot de foot de l’équipe nationale, citation directe du personnage de Life Finds A Way. Petite originalité : l’usage de la couleur, alors que tous les autres films de Watanabe sont en noir et blanc. Le film pouvant être vu comme un hommage malicieux à la musique synthétique des années 80, il n’aurait pas eu le même impact visuel en N&B. Les chemises des Techno Brothers se devaient d’être admirées dans leur rouge originel !
7/10












