L’Américain (Tora-san 24)

Tora-san 24
C’est dur d’être un homme : L’Américain (Otoko wa tsurai yo: Torajirō haru no yume)
Yōji Yamada – 1979

24ème épisode, déjà, encore un coup de rame pour arriver à la moitié de la saga. Et si j’avais un conseil à donner à qui entreprendrait de gravir l’édifice, un épisode tous les quinze jours est une bonne moyenne pour éviter tout lassitude.

Après, la lassitude, Yamada a jusque-là démontré sa grande capacité à l’éviter, en trouvant de nouveau ressorts dramatiques. Dans cet épisode, on n’ira pas le chercher du côté de l’intrigue avec la madone du film. Comme le dit à un moment Hiroshi, de toute façon, Tora finira par se faire jeter. Et si l’actrice jouant la madone est tout ce qu’il y a de plus agréable, on sent aussi qu’elle n’a rien de mémorable par rapport à d’autres de la saga.

Non, l’intérêt ici réside dans la découverte de l’autre, de l’étranger, du gaijin. Ce sera un américain, un certain… Michael Jordan. Il est très grand, il pourrait jouer au basket, mais bien sûr rien à voir avec His Airness. Interprété par Herbert Hedelman, Michael est comme Tora, c’est-à-dire un vendeur ambulant. Sauf que pour lui, c’est bien plus compliqué puisqu’il ne parle pas japonais. Il sera recueilli par les Kuruma, ayant à cœur d’établir de bonnes relations americano-japonaises et au bout du compte sous le charme de ce grand gaijin dégingandé qui de son côté fera la connaissance ombrageuse de Tora et… tombera amoureux de Sakura.

Et ce sera le deuxième intérêt de l’histoire. Cela fait vingt-quatre épisodes que Sakura et Hirosha forment un couple sans histoire. Mais cet amour n’est-il pas érodé ? Et comment se manifeste-t-il ? Dans un passage intéressant, Tora dissertera à sa manière sur la façon des Japonais d’exprimer l’amour (ou plutôt de ne pas l’exprimer), à l’opposé de celle des Américains, bien plus explicite. En cela, on devine que Hiroshi et Sakura sont de dignes Japonais, qui n’ont pas besoin de dire « je t’aime ». Reste qu’il est intéressant de voir Sakura affronter un étranger qui ose le lui dire. Et s’il ne fait aucun doute que son couple avec Hiroshi atteindra les derniers opus de la saga, il est aussi plaisant d’interroger leur espace intime pour lui donner une certaine profondeur. Oui, Hiroshi aime-t-il Sakura lorsqu’il lui demande, sans un regard, de lui apporter une tasse de thé ? Yamada laissera le spectateur méditer sur la question.

Et quand une Sakura éplorée viendra confier à Tora ce qui lui arrive, ce dernier ne se mettra en colère. Il sait bien, lui, ce qu’il en coûte à un homme quand il est rejeté par celle qu’il aime. Aussi fera-t-il preuve d’une belle grandeur d’âme pour aplanir tous les angles et permettre au film de se conclure sur une réconciliation et une note exotique, avec le gars Michael dans une station-service de son pays, avec une manière d’être qui rappellera étrangement son homologue japonais. Peut-être y aurait-il pu avoir un meilleur acteur que Hedelman, mais au bout du compte, sa prestation reste sympathique, en tout cas visuellement mémorable.

7,5/10

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