Tora-san 19
C’est dur d’être un homme : Mon Seigneur ! (男はつらいよ 寅次郎と殿様)
Yôji Yamada – 1977
Une chose sympathique dans la série des Tora-san, c’est, outre cette capacité à montrer de jolis minois d’actrices ou de chanteuses pour jouer le rôle de la madone (pas que de simples minois d’ailleurs, toutes savent parfaitement camper leur personnage), celle d’introduire parfois de vieilles gloires du cinéma japonais. Ainsi Kanjūrō Arashi qui, dans cet opus, va incarner le descendant des seigneurs d’Ozu et qui – comme c’est souvent le cas avec les vieillards dans cette série – va se prendre d’amitié pour Torajirō. Arashi, alors âgé de 74 ans, est un vieux de la vieille qui a alors joué dans une pléthore de films, notamment de genre (série des Zatoichi, de la prison d’Abashiri, de Lady Yakuza…). Il campe ici un personnage de vieux noble erratique assez amusant et sa connexion avec le personnage de Kiyoshi Atsumi fonctionne à merveille.
Sinon, l’opus rejoint ceux où l’histoire d’amour passe au second plan. La madone du film, Mariko (jouée par Kyōko Maya), est une veuve qui a été mariée au fils du seigneur d’Ozu. Comme celui-ci est désespérément à la recherche de cette bru qu’il n’a pas connue (parce qu’il n’avait pas autorisé le mariage), le hasard de la rencontre avec Tora fera bien les choses. Il s’agira surtout de faire rencontrer le beau-père et la belle-fille.
Mais toujours, il faut ici essayer d’imaginer comment le spectateur de l’époque qui, ne sachant pas que la série allait atteindre les cinquante épisodes, avait plus de raisons que le spectateur contemporain d’espérer que Tora trouve enfin une épouse. Quand Torajiro dit lors d’une scène que finalement son destin est peut-être de rester seul toute sa vie, de ne jamais prendre femme, on se demande si ce n’est pas la fausse piste qui prépare une heureuse issue.
Mais en fait, non, les dix dernières minutes, qui de nouveau laisse croire que le miracle va avoir lieu, vont encore une fois lacérer le cœur de notre héros. On sera peut-être moins triste pour lui que pour d’autres épisodes, la relation avec le personnage de Mariko n’ayant été qu’assez peu développée durant l’histoire (rien à voir avec le personnage de Lily).
7/10