Panic in High School (Koko Dai Panikku)
Sogo Ishii – 1978
Attal aurait été bien inspiré de mater Panic in High School avant de nous pomper l’air avec son « choc des savoirs ». Il aurait peut-être compris (mais rien est moins sûr) que bien-être et course à l’excellence pour satisfaire un nébuleux classement PISA ne va pas de pair.
Ishii, lui, l’a en tout cas compris, comme en témoigne un double règlement de comptes avec l’institution scolaire. D’abord en 1976 avec le tonitruant Panic in High School, premier du nom, court métrage de quinze minutes. Puis deux ans plus tard quand des pontes de la Nikkatsu, impressionnés par son court-métrage, ont proposé à Ishii d’en faire un remake.
Cette version, c’est un peu son Dune à lui, dans la mesure où ça a lui a coupé l’envie de fricoter de nouveau avec une major. De son propre aveu, il n’aime pas le film et considère que l’aventure avec la Nikkatsu a été décevante. Pourtant, quand on voit le film on se dit pas de doute, c’est bien un film d’Ishii. Et si l’on considère que la Nikkatsu a tout de même été un studio permissif pour permettre de créer à des histrions tels que Seijun Suzuki ou Tatsumi Kumashiro pour les roman porno, il faut reconnaître que Panic in High School envoie quand même un uppercut dans cette production de 1978. Sorti un an avant Another Brick in The Wall de Pink Floyd, le film suggère clairement qu’il serait bon de foutre la paix aux kids. Certains sont nazes en maths et ne pourront postuler pour telle université ? Eh bien, qu’est-ce que ça peut foutre ? Surtout que, période punk oblige (genre musical auquel Ishii était attaché), le monde dans lequel ils vivent illustre bien l’idée du « No future ».
Pour preuve l’attitude lamentable du monde des adultes auxquels ils appartiendront bientôt. Tout n’est pas non plus exécrable, certains professeurs parlent raisonnablement par rapport au malaise qui tombe sur leur lycée, mais dans l’ensemble, ce n’est pas la joie. Et c’est pareil pour les lycéens qui rappellent l’adage qui veut que le clou qui dépasse appelle le marteau. Eux, les pauvres chéris, ce qu’ils voulaient, c’était de continuer à apprendre avec leur prof de maths. Quelle idée de l’avoir tué ! À cause de Jono, ils vont rater leur examen d’entrée à la fac, c’est sûr !
D’un autre côté, on ne saurait non plus totalement leur en vouloir. Mais dans ce monde où l’on se doit de rentrer dans un moule, on comprend aussi que d’autres aient besoin d’exprimer une rage intérieure. La délicate Murakami, camarade de Jono, le fera par exemple en chantonnant des airs (suscitant aussitôt des regards faisant deviner qu’on la perçoit comme bizarre, un peu anormale). Jono, lui, le fera en se barricadant et en hurlant à la fin des phrases illustrant le mal-être quasi schizophrène de la « course du rat » imposé par le système dès l’école.
Bref, Panic in High school, en dépit des réserves d’Ishii, est le parfait film coup de poing. C’est fiévreux du début et à la fin et effectivement – le titre ne ment pas –, on est bien face à un état de panique généralisé. Une parfaite illustration d’un certain « cinéma enragé » dont Ishii sera le chantre pour d’autres films à suivre.
7/10