Namie est une experte dans l’art de la poterie. Mais ce que le quidam ne sait pas, c’est que la beauté de ses œuvres vient d’une technique particulière faisant appel à l’amour. Oui, l’amour de la glaise et même l’envie de la former en usant certaines parties du corps. En digne artisane, elle essaye de transmettre ses époustouflantes techniques à ses étudiantes. Malheureusement, lors d’un concours de poterie, Namie se voit ravir la première place par une sérieuse rivale, la bimbo Hikaru, qui possède elle aussi une technique particulière pour façonner ses vases…
性戯の達人 女体壺さぐり (Seigi no Tatsujin Nyotai Tsubo Saguri)
Bon, procédons avec méthode. Tout d’abord, on ne niera pas que ce film peut être perçu comme une histoire toute à la gloire de l’artisanat japonais. On ne le dira jamais assez : les artisans là-bas sont des gens humbles et dont le soucis de perfection, l’imagination pour améliorer leur art n’a de cesse de provoquer admiration et respect. Et donc pour le cas où vous en douteriez, je ne peux que vous conseiller de voir Seigi no Tatsujin.
Cela étant dit, la deuxième chose que l’on ne pourra nier davantage est que ce film est tout à l’image de ce machin :
une sombre bouse informe et visqueuse
Réalisé deux ans avant Suicide Club qui révéla Sono à l’international, Seigi no tatsujin fait partie de ces « pépites » que l’on déniche dans la 1ère période de Sono, pépites auxquelles seul le fan peut trouver de l’intérêt. Mal filmé, mal joué, répétitif, long dans ses scènes de cul, le film fait d’abord penser à un épisode de Minna Esper Dayo. A la différence que pour ce drama, les épisodes, calibrés pour durer 25 minutes, ne permettaient pas vraiment de s’ennuyer (c’est juste quand on se farcit la série en entier que ça devient un peu compliqué). Là, on a beau retrouver le même humour mélangeant l’érotisme au débile (chose en soi qui n’a rien de déshonorant, au contraire, depuis Go Nagai on sait combien le genre se porte bien), le goût bien connu de Sono pour les gros seins et les petites culottes (Seigi no tetsujin, film matriciel !? Je pose la question…), c’est chaud de le voir en une traite sans appuyer sur la touche « avance rapide ».
Pourtant, ce n’est pas faute de distiller des étapes dans la construction de l’ « intrigue », intrigue qui nous livre progressivement les coups spéciaux de ces femmes pour effectuer des poteries ultimes. Ça commence avec la fabuleuse technique de Namie consistant à imaginer des choses avec ses doigts graciles alors qu’elle est en train de donner forme à son œuvre :
Déjà, on est admiratif (et songeur).
Mais toujours soucieuse de parfaire son art, Namie comprend que les doigts ne suffisent pas :
Comme on le voit, il s’agit d’un atelier de poterie où règne une bonne ambiance.
Là, on se dit que Namie a atteint un niveau indépassable. Mais c’est mal connaître l’artisanat japonais où on risque à chaque instant de croiser son maître. Ainsi Hikaru qui utilise une technique incomparable et au résultat surpassant les créations de Namie :
A l’arrière-plan, on distingue Sion Sono lui-même dans le rôle du mari et maître de Namie, et pour lequel le maître mot pour réaliser de belles poteries est « amour ». Précisons que Sono est assez mauvais dans le rôle, mais c’est sans doute fait exprès.
Où cela s’arrêtera-t-il ? En fait une troisième concurrente fera son apparition et vaincra les deux rivales grâce à sa technique de modelage par l’entrejambe. La parade pour ces dernières consistera à s’associer afin de combiner leurs fabuleuses techniques et surpasser la petite outrecuidante.
Voilà pour l’intrigue, donc. Intrigue ma foi riche en scènes légères mais encore une fois desservi par une complaisance en terme de durée et de laideur en terme d’image. On songe ici à ce que ferait Sono aujourd’hui sur le même sujet et avec les moyens qui sont les siens maintenant. Et on songe aussi à ce que pourrait donner ses roman porno à venir (pour rappel, il devrait s’adonner au genre pour la Nikkatsu qui cherche à ressusciter son ancienne gloire dans la polissonnerie). Sans doute bien frapadingues, à la manière de sa version cinéma de Minna Esper Dayo, mais si l’on prend en compte des films sombres et bien construits tels que Guilty of Romance, cela peut donner un mélange intéressant. Nous verrons bien.
En attendant, revoir ces vieux pinku pique un peu les yeux. L’intérêt est d’y voir ce cynisme évoquant une complaisance du cinéma à raffoler toujours plus de racoleur…
Hystérie des membres du jury devant les oeuvres de la pulpeuse Hikaru mais aussi devant sa capacités à montrer ses aptitudes physiques durant le concours. Et croyez bien que ce n’est pas la scène la plus gratinée.
… mais aussi de voir déjà combien les hommes apparaissent dans son cinéma comme de fieffés pervers ne pensant qu’à ça, et les femmes comme de nymphomanes un brin vénéneuses n’hésitant pas à se jeter sur le premier puceau croisé dans une forêt pour lui faire sa fête :
Un film hardi qui n’hésite pas à mettre la main à la pâte donc, mais pour ce qui est de l’intérêt dans la manière d’évoquer la sexualité, c’est à partir de Strange Circus que ça deviendra sérieux.
Penses-tu que c’est Namie qui a parfait le manche de la raquette de Kei en vue de Roland-Garros ? Le cas échéant, la victoire pourrait de fait ne pas être loin 🙂
Je serais à peine étonné si c’était le cas. Disons que s’il bat Gasquet aujourd’hui en trois sets secs, je pense que cela constituera une preuve sérieuse validant l’hypothèse (raquette peut-être pas parfait par Namie mais par sa gymnaste de petite amie).
Dans tous les cas Sion Sono devrait t’embaucher pour ses scénarios, c’est une idée intéressante, j’ai limite envie de compléter mon article sur Kei en la reprenant.
Tu pourrais également faire un second article sur Kei, surtout s’il passe deux ou trois tours de plus à Roland-Garros, non ? D’autant plus que j’ai l’impression qu’une part de sa vie nous reste encore secrète…
« Tu pourrais également faire un second article sur Kei »
Uniquement s’il gagne en finale. Pour les parts de sa vie encore secrètes, on attendra quelques années que d’autres anecdotes fassent surface, il est encore jeune, je ne doute pas que d’autres possibilités en termes d’articles apparaîtront.
La barre est haute 🙂
Bon sang ! Perdre ainsi contre Epaules de serpent ! Il doit forcément y avoir une explication extra-sportive ! Clairement il n’était pas dans son assiette, va falloir songer à envoyer mes reporters pour trouver l’explication…