la Cité interdite (Yoshiaki Kawajiri – 1987)

Wicked city

La fin des années 80 fleurait bon les œuvres d’animation coups de poing pour les happy few qui s’intéressaient à ce qui se faisait au Japon dans le domaine. Akira bien sûr, mais aussi Urotsukidoji et les œuvres de Yoshiaki Kawajiri, un des fondateurs du studio Madhouse mais surtout réalisateur œuvrant dans un cocktail sexe et violence délicieusement marquant sur le plan graphique. Ainsi Ninja Scroll mais aussi cette Cité interdite, troisième film de l’auteur mais en réalité premier qu’il a pu vraiment diriger de A à Z. L’histoire est tirée d’un roman d’Hideyuki Kikuchi, un des spécialistes du roman d’horreur :

A la fin du XXème siècle, la cohabitation est fragile entre le monde des humains et celui des démons. Afin de prévenir tout conflit, deux gardes du corps d’élite (un humain, Taki, et une femme démon, Maeki) sont chargés de protéger un émissaire devant signer un traité de paix. C’est du moins la mission officielle, le réel but sera bien différent…

Au départ prévu pour être une OAV de 35 minutes, Kawajiri s’est vu proposé le challenge de développer le film sur 80 minutes. Il releva le gant et fit bien puisque Yoju Toshi apparaît comme une œuvre sombre parfaitement réussie, à la lisière de plusieurs genres : polar, érotisme, S-F et fantastique. Raide et minimaliste dans les moments de calme, l’animation devient convaincante dans les scènes d’action, même si le but n’est pas non plus d’avoir un rendu époustouflant. En fait, c’est surtout l’ambiance que l’on apprécie, avec notamment un chara design très particulier où les femmes sont toutes filiformes et vénéneuses.

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Le choix de tonalités bleutées (le bleu étant la couleur préférée de Kawajiri mais aussi celle qui, d’après lui, a le meilleur rendu vidéo) concourent aussi à rendre le spectacle percutant. En se passant quasi intégralement la nuit, le film obtient un côté Blade Runner, mettant en valeur les passages colorés dans le Tokyo électrique des quartiers genre Roppongi.

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Mais Kawajiri, on l’a dit, c’est avant tout du sexe et de la violence. Et là, on est servi dans les grandes largeurs, Kawajiri laissant parler une imagination dans laquelle des femmes araignées côtoient des masseuses de Soapland à la plastique marschmallesque ou encore des démons utilisant leur ombre pour absorber leur adversaire.

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On ne s’ennuie pas, les confrontations étant bien disséminées dans le film et, quand elles sont un peu plus espacées, laissent la place à des scènes olé olé dans lesquelles la froide Maeki va peu à peu se distinguer. Je vous passe les détails, on devine un univers misogyne dans lequel les femmes ne sont pas à la fête. On aura notamment droit à une scène de viol collectif qui, même si elle ne va pas dans les détails (les films de Kawajiri ne vont pas non plus aussi loin qu’Urotsukidoji), montrera bien qu’on est sur un terrain définitivement adulte, ou tout du moins ado aguerri en quête de sensations fortes. C’est évidemment crapoteux et racoleur mais aussi toujours inquiétant tant on ne sait jamais à quoi s’attendre avec les héroïnes de Kawajiri (ce sera encore le cas dans Ninja Scroll), parfois plus proches de la mante religieuse que de la femme.

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Le seul moment romantique du film.

Bref Yoju Toshi, c’est de l’OAV old school qui décoiffe et qui continue encore d’être aujourd’hui parfaitement regardable. Vous ne matez que du Dragon Boule ? C’est pas grave, vous aurez droit à un personnage de vieillard libidineux assez savoureux qui ne sera pas sans vous rappeler une connaissance :

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« Voyons, qu’y-a-t-il de beau sur Bulles de Japon cette semaine ? »

7/10

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