Rues embryonnaires #1

Sans doute ce chat souriait-il intérieurement face à cet étranger qui s’était mis à genoux devant lui avec un boitier collé au visage, sous le regard de deux femmes, attendries de voir ce grand gaijin photographier le minet alors que l’intéressaient tout autant les dalles du sol, la roue de vélo, le micro jardin botanique, la façade de la maison, sobre et japonaise à la fois, et la présence de ces matrones discutant tranquillement au milieu de l’après-midi.

Ainsi sont ces ruelles dans les centres des villes japonaises. Au fil d’une déambulation, on décide de quitter une rue clinquante pour emprunter une obscure ruelle sur la droite. Après quelques pas, on s’arrête,  un peu perplexe devant ce bordel de rouille, de sacs poubelles et de pompes à chaleur. D’un côté cette petite rue semble nous jeter à la gueule son insignifiance, sorte de tuyau qui se contente d’évacuer les résidus de la consommation se déroulant « de l’autre côté », là où les lumières de la ville font rage.  On n’a pas trop y envie de s’y attarder. Mais après coup, on se dit que ce déversement de laideur est tout de même fait avec une certaine coquetterie d’artiste et qu’au Japon, ces ruelles insignifiantes peuvent receler bien des beautés cachées.

J’ai souvent pensé qu’il s’agissait simplement d’une question d’habitude. Je serais Japonais, je traînerais mes basques pour la première fois dans de pauvres rues en France que je ressentirais la même chose. D’ailleurs, voir des touristes asiatiques en train de mitrailler la façade de la maison de madame Michu n’est pas chose rare et suscite immédiatement en nous le sourire. Mais tout de même, je tiens à mon idée : la photogénie de ces rues banales est à un autre niveau que les nôtres. Comme avec les Japonaises en fait.

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5 Commentaires

  1. j’ai dormi chez un ami à Osaka (enfin en proche banlieue), et comme toi j’ai été assez fasciné par ses petites rues pleines de petites maisons avec le mini jardinet en devanture, quelques excentricités communes pour marquer son territoire et décorer, les chats, quelques chiens, la quiétude ambiante…. j’ai bien aimé à m’y perdre d’ailleurs. Sans trop le faire exprès ceci dit, ce qui m’a longuement compliqué la tache pour retrouver le foyer où je devais dormir. Ce n’est vraiment pas sur que je puisse y vivre, mais j’aime m’y balader alors qu’il n’y a rien à y voir pour un touriste qui a déjà si peu de temps qu’il ne devrait pas passer du temps ici inutilement. J’aime l’inutilité.

  2. J’ai toujours trouvé que c’était ces rues qui faisaient l’intérêt des villes au Japon, bien plus que les grandes avenues clinquantes.
    D’ailleurs c’est aussi pour cela que je préfère de loin les petites villes et villages aux grandes mégapoles.

  3. @ Guillaume et David : c’est une toute autre atmosphère, un autre rythme de vie, celui des femmes au foyer, des écoliers allant ou rentrant de l’école, et des grand-mères qui vont à leur supermarché. Un mélange d’incroyable quiétude et de tranquille activité. J’aime bien.

  4. Rien que pour faire une remarque à deux balles parce que ça faisait bien longtemps, hein ? ^^ Et ce que ce genre de photo, dans ce style de quartier, j’adore parce qu’il y a un truc qui s’en dégage que j’ai du mal à exprimer ici mais vous trouvez pas que le chat est vachement « fat » ?! Purée, il en mange du ramen le salaud. Regardez moi ce grassouillet. Y a du Garfield au Japon…

    Sur ce… 🙂

  5. Les chats japanisthanais ne sont pas les plus malheureux du monde, ça non! Ces petites rues sont truffées de gamelles et d’écuelles à leur usage.
    Par contre, j’ai souvenir à Hiroshima de chats qui morflaient méchamment à cause de la chaleur. Et là, ils faisaient vraiment plus pitié qu’envie.

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