Heaven’s Story
Takahisa Zeze – 2010
Une petite fille, après que sa mère, son père et sa sœur ont été poignardés par un fou, se rend compte avec douleur qu’elle ne pourra plus tard se venger (puisque l’assassin s’est suicidé après son forfait).
Un père de famille, lui, est bien décidé à tuer l’assassin de son enfant et de sa femme, dès que ce dernier sortira de prison.
Le même assassin parvient justement des années plus tard à retrouver sa liberté, en servant d’aide à domicile permanente auprès d’une femme atteinte d’Alzheimer.
Pendant ce temps, un flic faisant le tueur pour arrondir ses fins de mois, verse chaque mois de l’argent à une veuve dont le mari a été tué alors qu’il faisait une patrouille.
Voilà un petit échantillon des personnages parmi la petite dizaine qui compose Heaven’s Story, magnum opus de Takahisa Zeze : rien moins que 4H38 pour rendre compte d’une réflexion sur le thème de la vengeance mais aussi d’une méditation sur l’existence. Sur ce point, je mettais très haut Eureka de Shinji Aoyama (3H37), mais là, je dois dire qu’il y a concurrence avec Heaven’s Story. Avec une différence : si le chef-d’œuvre d’Aoyama faisait dans l’épure (sépia, linéarité, lenteur, peu de personnages), le film de Zeze est davantage dans le mouvement avec un va-et-vient constant entre dix personnages et une caméra à l’épaule façon DOGME. Pas non plus une épuisante hystérie, juste de quoi donner un aspect fiévreux sans pour autant saouler.
Zeze aurait-il pu faire plus court ? Sans doute. Mais le voyage n’aurait pas été le même. S’étalant environ sur huit années, l’histoire a justement besoin de prendre son temps pour rendre compte de l’opposition entre l’écoulement du temps et ce qui permet de le figer, de le consacrer par des choix visant au bonheur. Et pour ce qui est d’illustrer le deuil qui va permettre d’aller de l’avant, Zeze livre une séquence mélangeant marionnette et costumes colorés qui n’a rien à envier à certaines séquences de Dolls, de Kitano.
Un film puissant qui me donne envie d’explorer davantage la filmo de Zeze, voire de retourner à certains de ses premiers pinkus rageurs (Raigyo, notamment).
8,5/10