Chu Kosaka dit merci à Haruomi Hosono

Toujours agréable de tomber sur un artiste musical dont on pressent que ses albums vont devenir des compagnons pour la vie. Ainsi Chu Kosaka (1948 – 2022) qui a commencé avec le rock (dans le groupe Apryl Fool, avec Haruomi Hosono), avant d’enchaîner avec le folk et… de devenir pasteur !

Arigato est son premier album, sorti en 1971. Un coup d’oeil sur les musiciens qui ont participé à l’enregistrement : rien à dire si ce n’est qu’il y a du beau monde. Des musiciens de studio, comme Takahiko Ishikawa (merveilleuse utilisation du banjo dans la dernière chanson, Inaka Machi), mais aussi d’autres artistes comme Yumi Arai au piano, Shigeru Suzuki (membre de Happy End) à la guitare, et surtout Harumi Hosono himself, que l’on entend chanter dans Doronko Matsuri et, sur la face B, dans Arigato, l’une des pépites de l’album.

Pendant longtemps, j’ai cru que cette chanson était le fait de Happy End avant de découvrir donc sa présence dans l’album de Kosaka (de mémoire, on la trouve aussi dans le « Hosono Box », compilation en plusieurs cd retraçant les étapes de sa carrière). On pourrait se dire que Kosaka a au moins écrit les paroles et imaginer la mélodie, mais non, pour cela aussi, c’est Hosono qui s’en est chargé. Que s’est-il donc passé pour que la chanson n’atterrisse finalement pas dans l’un des albums de Happy End (ça aurait eu de la gueule) ? C’est tout simple : un geste d’amitié de la part d’Hosono pour aider son ami qui avait du mal à compléter la tracklist de son premier album.  Quand ils ont entendu le résultat, les autres membres de Happy End auraient été atterrés de voir que cette chanson avait été donnée par Hosono à son ami. Et lui-même, voyant la perfection de ce qu’il avait composé, aurait regretté un peu son cadeau, mais c’était trop tard. Oui, Chu Kosaka pouvait vraiment lui dire « arigato ».

Chanson bien aérienne, bien agréable à écouter, n’est-ce pas ? Mais un coup d’oeil sur les paroles nous montre un ton bien plus grinçant :

Arigatō kimi no kimagure ni arigatō
Merci pour tes caprices, merci

Arigatō kimi no detarame ni arigatō
Merci pour tes absurdités, merci

Oseji mo hiniku no kotoba ni mo tada dōmo dōmo
Aux flatteries comme aux sarcasmes, je réponds seulement : “merci, merci”.

Kuchi kara deru kotoba wa tada arigatō dake
Les seuls mots qui sortent de ma bouche sont : merci.

Arigatō kimi no usoppachi ni arigatō
Merci pour tes mensonges, merci.

Arigatō kimi no usuwarai ni arigatō
Merci pour tes sourires en coin, merci.

Oseji mo hiniku no kotoba ni mo tada dōmo dōmo
Aux flatteries comme aux sarcasmes, je réponds seulement : “merci, merci”.

Kuchi kara deru kotoba wa tada arigatō dake
Les seuls mots qui sortent de ma bouche sont : merci.

Dō desu boku wa daichi no yō ni
Voyez-vous, je suis comme la terre…

Kawaru subete o ukeireru furi
Je fais semblant d’accepter tout ce qui change.

Dandan baka ni natte iku no desu
Petit à petit, je deviens idiot.

Arigatō kimi no chūkoku ni arigatō
Merci pour tes conseils, merci.

Arigatō kimi no shinsetsu ni arigatō
Merci pour ta gentillesse, merci.

Ishi ni natta kokoro no soko ni hibiite mo
Même si cela résonne au fond de mon cœur devenu pierre

Kuchi kara deru kotoba wa tada arigatō dake
Les seuls mots qui sortent de ma bouche sont : merci.

 

Si ce sont des mots pour une rupture, alors on peut dire qu’Arigato, avec sa reprise lancinante du mot-clé avec des variations, est une merveilleuse chanson de rupture et oui, l’on peut comprendre le désarroi des membres de Happy end.

Mais Arigato n’est pas la seule pépite de l’album. Inaka machi, chanson cette fois-ci de Kosaka, conclut brillamment l’album, avec des paroles enjouées et nostalgiques :

Dōmo gobusata shite masu
Minasan okawari nai desu ka
Boku wa itatte genki desu
Natsukashii furusato e no tayori
Nagai hateshinaku nagai
Sabishii totemo sabishii
Me ni ukabu no wa amai furusato no furui Inaka michi

Cela fait longtemps que je ne vous ai écrit.
Comment allez-vous tous ?
Moi, je me porte parfaitement bien.
C’est une lettre pleine de nostalgie
adressée à mon village natal.
Long, interminablement long…
Solitaire, terriblement solitaire…
Devant mes yeux se dessine le tendre vieux chemin de campagne de mon pays natal.

De quoi donner envie d’enchaîner avec les sept autres cd du coffret Chu’s garden. L’après-midi promet d’être folkeuse.

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