Demain, c’est l’été. Enfin bon, d’un point de vue calendaire car si l’on prend compte les surchauffes d’épiderme et les envie subites de se faire un yakiniku arrosé de force bière, ce gros mal poli d’été est là depuis un certain temps déjà. N’importe, même si ce n’est pas ma saison préférée, l’expérience du Japon à cette saison a contribué à lui conférer une aura à la fois fatigante et doucereuse, me permettant d’alterner la saine fatigue, les footings à la fraîche au petit matin, avec les menus plaisirs faits de boissons fraîches, de kakigori, de fines viandas au yakiniku et de pas mal de livres à déguster durant les vacances. Et si en plus on a une playlist idoine, alors là, l’été c’est carrément le bien !
Yep !
Et justement, histoire de fêter l’entrée symbolique dans l’été, réactivons la section musique pour évoquer cet album :
?!
La jaquette bariolée peut inquiéter le néophyte, mais l’amateur éclairé sera tout de suite rassuré avec la mention de Haruomi Hosono, un des fab four du groupe Happy End avant d’être un des pilliers du YMO en compagnie de Ryuichi Sakamoto et Yukihiro Takahashi. Après l’arrêt de Happy End en 1973, Hosono, avec Suzuki, un des autres membres du groupe, décide de fonder Tin Pan Alley. Le temps de quelques albums avant l’ère YMO, Hosono et ses comparses produiront une musique illustrant le genre dit « exotica », genre influencé par des sonorités de contrées telles que l’Océanie, l’Amérique du sud, la Polynésie et autres contrées où il peut être bon de se la couler douce façon « tropical dandy ». A priori pas le genre qui m’intéresse le plus mais il faut avouer que cet album est véritablement un petit joyau.
Ça commence doucement avec Chattanooga Choo Choo, vieux standard de Glenn Miller repris ici en portugais. Ambiance copacabana à fond les manettes, l’introduction est légère, enjouée mais pourtant anecdotique. En fait le morceau prépare le suivant, Hurricane Dorothy, sans aucune hésitation LA chanson de l’album. De ces morceaux qui vous donnent envie d’illico d’arrêter toutes affaires cessantes votre activité du moment, de mettre votre plus belle chemise à fleurs façon Magnum et d’aller sur votre transat dans votre jardin pour siroter le plus longtemps possible un gigantesque cocktail multicolore tandis que de sculpturales vahinés à grosses poitrines (tant qu’à faire) vous ventilent doucement le visage avec de grandes plumes d’autruches. Le titre dure 5’36 mais il pourrait durer le double que ça ne serait pas un problème. La voix limitée (mais immédiatement reconnaissable) de Hosono, associée aux chœurs lénifiants des « Tropical Lady Singers » et à une orchestration mélodieuse et répétitive, avec un long decrescendo dans les deux dernières minutes, comme mimant un magnifique coucher de soleil, tout cela comble d’aise les portugaises de l’auditeur qui se trouve tout à coup à deux doigts d’envoyer une lettre de démission à la frite de son employeur afin de quitter sa chienne de vie pour aller mettre la clim’ dans des tropiques moins vaines. « Je veux faire l’amour ! » susurre subitement une des Tropical Lady Singers. Qu’elle se rassure, elle n’est alors pas la seule tant la décontraction du gland atteint dès les premières minutes de l’album des sommets.
Après pareil chef-d’œuvre, direction l’Asie avec Kinu Kaidou et la route de la soie. Là aussi, jolie coloration musicale avec des notes de sitar, la voix nasillarde de Hosono, les voix singeant malicieusement un chœur asiatique traditionnel et des percussions sur des bambou (à ce qu’il me semble).
Après cette passe de trois, difficile de ne pas être conquis. La suite se déguste comme du petit lait (de noix de coco, cela va de soi). C’est léger, aérien, déconcertant de facilité et c’est tout surpris que l’on glisse et arrive déjà au dernier morceau avec quelques minutes faisant entendre cris d’on ne sait quels oiseaux exotiques sur fond de bruits de vagues. Arrivé à ce point de l’album, on aura sûrement fini de déguster le cocktail multicolore évoqué plus haut et l’on se dira peut-être que l’on vient d’écouter son équivalent musical. 34 minutes de pur bien être qui ne demandent qu’à être suivies de la suggestion émise par la Tropical Lady Singer : faire l’amour. Après cela, soyez certains que vous serez mûrs pour vouer un culte à Haruomi Hosono toute votre vie.
Cocktail à déguster ici sans modération :
https://www.youtube.com/watch?v=E59HdCg4ogE
Album génial.
Je confonds où c’est sur Drink Cold que j’avais lu un article sur la période exotica d’Hosono, où comment l’Orient reprenais à son compte une musique Occidentale qui faisait « Orient », soit une sorte de double mouvement, de l’Est à l’Ouest à l’Est ! Euh… je me comprends.
(ça fait des années que ces albums devraient être chronique sur Guts of Darkness, mais avec mon collègue gros fan de Hosono, on lambine à mort ;))
Je crois effectivement que Megane avait rédigé un article sur le sujet. C’est même sûr connaissant son engouement pour YMO et Hosono. Par contre plus possible de vérifier sur wayback machine.
Putaaain !
Il avait fait un super truc sur Cochin Moon aussi, si mes souvenirs sont bons.