Tora san 21
C’est dur d’être un homme : Tora-san entre en scène (男はつらいよ 寅次郎わが道をゆく)
Yoji Yamada – 1978
Sentiment assez curieux lors du visionnage de cet épisode où le sentiment de redite le disputait à celui d’assister à un épisode généreux et original.
En soi, faire découvrir le monde des revues féminines (dans le style de la compagnie de Takarazuka, il s’agit de la Shochiku Revue, à laquelle appartenait d’ailleurs Chieko Baisho dans ses jeunes années) était une bonne idée. Yamada avait déjà brillé dans la restitution d’un spectacle théâtral XL dans son film Harakara, le résultat est ici très plaisant. Mais comme de bien entendu, Tora va s’amouracher de la star de la revue (jouée par Nana Kinomi) et on ne peut s’empêcher de faire le parallèle (en défaveur de cette dernière) avec l’autre femme artiste de la série, Lily.
Sinon, actualité cinémato-spatiale oblige, l’ouverture fait gentiment son beurre de la récente sortie de Star Wars. Dans son rêve, Tora se voit comme un extraterrestre envoyé pour consoler Sakura de la perte de son frère. On le voit repartir dans une soucoupe cheap au possible, avec Gen et deux acolytes en singes grotesques (clin d’œil à Chewbacca ?) munis de pistolets lasers probablement achetés dans le premier supermarché venu. Amusant, mais pas mon ouverture préférée.
Depuis le temps, on, le sait, les films sont structurés en deux parties (problème touchant le quotidien de la famille Kuruma puis rencontre avec la Madone du film). Là aussi, le choix est original puisqu’il s’agit d’exploiter en un premier temps la méforme de l’oncle, en proie à d’inquiétantes faiblesses au niveau du cœur – faiblesses dont Tora est en partie responsable avec ses accès de colère envers le voisinage. La vieillesse de l’oncle et de la tante avaient souvent été évoqués, mais jamais en se risquant sur le thème de la santé défaillante. C’est peut-être là mon principal regret concernant cet opus : puisque le sujet donnait lieu à une touchante scène dans laquelle Tora, pour s’excuser, remettait à son oncle un mot écrit de sa main accompagné d’une modeste offrande, c’était l’opportunité de jeter un sort particulier sur la relation entre l’oncle et le neveu, en ménageant des scènes plus développées entre les deux personnages, un peu comme celles avec Tora et Sakura. Peut-être que de telles scènes viendront dans la série.
Au lieu de cela, nous avons droit à la rencontre avec Tomekichi Gotō, jeune alter ego maladroit qui collectionne lui aussi les râteaux auprès des bijins de sa cambrousse. Petite originalité là aussi : à chacune de ses apparitions, Yamamoto nous gratifie d’un morceau aux sonorités pop rock qui n’aurait pas dénoté dans un pinky violence (à noter que l’aspect pop se retrouve à la fin de l’ouverture onirique, avec un jeune qui, à côté de Tora, écoute dans son radio-cassette UFO, des Pink Lady). Personnage cependant anecdotique qui nous fait d’ailleurs nous demander ce qu’est devenu le sympathique Noboru (vérification faite, il fera une ultime apparition dans l’un des films de 1984).
En bref un épisode tout de paillettes grâce à la revue mais auquel il manque un petit quelque chose pour accéder à ce mélange d’humour et de de sentiment absolument gracieux et irrésistible. Bon, après, comme la veille j’avais revu Massacre à la Tronçonneuse pour le faire découvrir à Olrik jr, 19 ans et demi (le pauvret était un peu pâle et en sueur à la fin de la projection), j’étais peut-être moins réceptif…
6/10