Une momie barbante

Loft (Rofuto)
Kiyoshi Kurosawa – 2005

Reiko Haruna est une autrice à succès qui, commençant à se sentir en panne d’inspiration, décide de quitter la ville pour s’installer dans un loft isolé à la campagne. Elle découvre alors que son voisin est une archéologue qui s’occupe chez lui d’une momie vieille de 1000 ans. Après avoir sympathisé, il lui avoue que depuis son exhumation, il vit d’étranges événements…

Cette fois-ci, Kurosawa utilise pour son fantastique le thème de la momie. Ah ! la momie ! ça fleure bon les films de la Hammer ! Et ça évoque aussi tout un pan de la littérature fantastique du XIXe siècle, française comme anglaise. On songe aussi au Horla de Maupassant, avec Reiko, enfermée chez elle et comme poursuivie par un double prenant l’apparence d’une jeune femme (événement qui intervient à partir du moment où elle accepte de recueillir la momie chez elle). En soi, le film est intéressant par un fond évocateur d’autres œuvres, qu’elles soient liées à la littérature ou aux propres œuvres de Kurosawa, œuvres antérieures ou à relier avec des films ultérieurs. Ainsi, le fait que l’on se trouve face à une personne allant s’isoler dans une grande maison à la campagne évoque le personnage principal de Cloud, son tout dernier film (qui sortira d’ailleurs en France durant le mois de juin). Comme lui, elle s’y verra d’ailleurs agressée, avec la venue importune d’un éditeur qui se passe mal.

Mais passée cette richesse de motifs, le film m’a paru un brin vide et pesant, comme si la manière de Kurosawa de filmer le fantastique, les apparitions, commençait à s’épuiser d’elle-même. J’ai suivi avec beaucoup d’indifférence, presque en bâillant, les scènes fantastiques, tout comme celles mettant en scène avec les deux personnages (pourtant excellemment interprétés par Miki Nakatani et Etsushi Toyokawa) entre lesquels va se tisser une histoire sentimentale, thématique à mon sens glissante pour Kurosawa. D’ailleurs, pour le confirmer, si s’agit d’écouter son témoignage au début d’une récente émission de Mauvais Genres où il avoue que les rencontres homme/femme ne sont pas son fort. Il y a en effet quelque chose d’artificiel qui achève de plomber l’ensemble. Et je ne parle pas de la fin qui, là aussi, m’a bien faut hausser les sourcils à cause d’une incrédulité limite gênée.

À mon sens un petit crû que ce Loft sorti en 2005. Peut-être pas sa meilleure période, mais je retenterai quand même prochainement Rétribution, sorti l’année suivante, et avec Kôji Yakusho.

5/10

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