My Broken Mariko (Mai burôkun Mariko)
Yuki Tanada – 2022
Tomoyo, OL célibataire menant une vie morne à Tokyo, apprend un jour en regardant les infos que sa grande amie de toujours, Mariko, s’est suicidée. Elle se rend illico chez ses parents pour voir l’urne funéraire de son amie et lui rendre hommage. Mais ça se passe mal. Ulcérée par la présence du père dont elle sait qu’il n’a cessé de persécuter Mariko durant son enfance et son adolescence (il l’aurait même violée), elle se saisit de l’urne et s’enfuit avec. Son but : disperser les cendres à Marigaoka, lieu que Mariko aurait aimé visiter avec son amie…
Les adaptations live de mangas ne sont pas toutes foireuses, My Broken Mariko en est la preuve. Adapté d’un josei manga de Waka Mariko (très bon one shot d’ailleurs, que l’on trouve en France chez Kioon), Yuki Tanada a su rester très fidèle à l’œuvre, sans pour autant que cela soit pesant, artificiel, comme c’est souvent le cas lorsqu’un réalisateur accepte une commande de ce type. On peut penser que ce qui a attiré la réalisatrice dans le projet, c’est tout simplement le fait qu’une nouvelle fois, elle allait devoir gérer l’histoire de jeunes femmes en marge de la société (One million yen girl), vivant un quotidien bouleversé à cause d’un événement (The Cowards who looked to the sky).
Vu après le magnifique 658km Yoko no tabi de Kazuyoshi Kumakiri, je me suis donc de nouveau retrouvé face à un road movie où il est question de faire son deuil de quelqu’un. Avec pour point commun quelques mésaventures pour les deux héroïnes (une fois arrivée à destination, Tomoyo se fait faucher son sac à main où se trouvent son portable et tout son argent) et une rumination du passé qui devra être dépassée afin de retrouver l’apaisement. En revanche, rien de commun entre elles pour la personnalité puisque Tomoyo est, elle, une jeune femme parfaitement intégrée dans la société. Mais bossant dans une entreprise sous la pression d’un petit chef qui la gonfle passablement, on sent qu’elle n’est pas non plus totalement heureuse. Rude caractère en tout cas. Grosse fumeuse, elle se laisser parfois déborder par ses émotions et ses accès de colère. Ce qui n’est pas sans lui donner un côté viril qui, avec les flashbacks nous montrant une Mariko à l’inverse féminine et toute en émotions rentrées, donne à imaginer une amitié teintée d’homosexualité. Cela reste en tout cas du domaine de l’implicite.
Ainsi la rencontre que fait Tomoyo avec Makio, jeune homme nonchalant et désœuvré, qui vient en aide à Tomoyo au milieu de sa détresse après s’être fait voler tous ses biens. Il est l’antithèse parfaite du connard qui sert de supérieur à Tomoyo dans son entreprise. Une sorte d’amant idéal pour cette jeune femme que l’on ne sent pas épanouie dans sa vie tokyoïte. Eh bien cela ne donnera rien.
N’attendez pas une multitude de péripéties. My Broken Mariko, tout comme 658km Yoko no tabi, se veut avant tout comme une histoire simple sur l’amitié entre deux jeunes femmes (et là, je pense aussi à l’excellent Look Back sorti l’année dernière), toutes deux interprétées par d’excellentes actrices. Manque peut-être un peu de cette âpreté vue dans le film de Kumakiri, mais là, c’est une affaire de goût. En tout cas, Yuki Tanada continue d’être une réalisatrice intéressante
7/10
Le film a été quelque peu incendié par les inconditionnels du manga et par ceux qui pensent que le film est trop manga-esque (sigh+shrug+grr). Je l’ai trouvé dynamique, bien filmé et les deux actrices assurent bien (j’adore Nao). Un peu compact (1H20 ce n’est pas fréquent pour un long métrage nippon) mais ça fonctionne, histoire forte !
Effectivement, à un moment je me suis dit qu’une demi-heure en plus, ça n’aurait pas été de refus. Mais comme tu dis, le film fonctionne bien ainsi.
Au fait, j’y songe, tu es toujours sur FB ? Je demande car comme j’ai perdu les clés du précédent compte facebook, pour le cas où tu aurais envoyé des MP, ne sois pas surpris si je n’ai pas répondu.