Cinq ans après, le neuvième

Olrik jr

J’ignore pourquoi ce nouveau séjour au Japon, commencé le 13 juillet, devait constituer dans mon esprit le dixième. Sans doute à cause du gouffre entre 2018 et 2023. J’aurais dû y retourner en 2020 et puis voilà, le covid est arrivé et a repoussé les échéances. En 2022 cela aurait pu être bon, mais les billets d’avion étaient devenus trop chers et comme les beaux-parents avaient décidé de venir en automne…

En tout cas ce voyage n’est pas le dixième comme je l’avais cru, mais bien le neuvième. Chiffre qui forcément appellera un autre voyage pour obtenir un nombre à deux unités (encore que Beethoven s’est bien arrêté à sa Neuvième…). Après y être allés toutes les années paires, ce sera les impaires, à moins que l’on passe à un rythme de deux à trois années. Ce qui n’a rien d’impossible puisque madame Olrik ne sera plus de la partie. Eh oui, après dix-neuf ans de mariage, c’est fini, owari ! et comme elle a pas mal de choses à gérer pour organiser sa nouvelle vie, me voici de retour au Japon, toujours flanqué d’Olrik jr (17 ans) et d’Olrik the 3rd (12 ans), pour passer plusieurs semaines chez les beaux-parents qui n’ont aucun problème avec moi comme moi je n’en ai aucun avec eux.

Curieux voyage donc, mais finalement, alors que je tape ces lignes à la moitié de ce séjour, je n’ai pas l’impression que ça va changer grand-chose. Retrouver les sensations est ce qui prime, tout comme permettre aux kids de s’immerger dans un voyage linguistique et surtout de redécouvrir un pays un peu comme s’il s’agissait d’un premier voyage (surtout pour Olrik the 3rd dont le dernier séjour datait de l’époque où il avait sept ans). Quant à Olrik jr, ce sera l’occasion de bien se la couler douce, de faire provision de plein d’images avant la fièvre studieuse d’une première année de Prépa).

Comme à chaque séjour estival, j’ai conservé la fenêtre d’une semaine pour utiliser le Japan Rail Pass et faire un petit périple. Habituellement placée en fin de séjour, cette semaine a cette fois-ci été entamée dès notre arrivée à Tokyo. Sans madame qui s’occupait de toutes les démarches liées aux transports, j’ai dû retrouver mes réflexes de mon tout premier voyage. Sans vouloir m’offrir des fleurs (pas mon genre, hein !), je dois dire que j’ai positivement excellé, offrant aux kids l’image d’un paternel gérant comme un dieu n’importe quelle situation. Passer la douane, choper l’Access Express de la ligne Keisei pour rejoindre Nippori et atterrir à notre Sakura Hotel peu avant minuit, du premier coup (j’avais bien regardé sur Google map), tout cela s’est fait comme dans un rêve, notamment grâce aux cartes Suica préalablement achetées et qui m’ont évité de galérer devant les distributeurs.

Arrivés à l’hôtel à 23h30, on n’avait plus qu’à dormir sur les trois futons disposés sur les tatamis de notre modeste chambre. Un peu spartiates, les futons, mais bon, j’ai remarqué qu’au Japon, l’été, le corps s’adapte assez bien à des couches de type « planches à pain ».

Le lendemain, réveil tranquille puis direction à la station juste à côté de Nippori, à Ueno, pour échanger les coupons achetés en France contre les Japan rail pass. Petite déception : autrefois, les pass étaient nominatif et avaient de la gueule. Maintenant, c’est un bête petit bout de carton qui peut se perdre bien plus facilement. Et si ça arrive, on chiale sa mère : le flyer explicatif au guichet indique bien que la JR ne procédera à aucun duplicata. Quand on connaît le prix du train au Japon, il y a tout intérêt à centraliser les pass chez une seule personne, adulte et responsable de préférence. Olrik jr étant capable d’étourderies, je récupère les trois passes et, mochiron, on en profite pour traîner nos galoches au parc de Ueno. Rien de bien particulier en ce qui me concerne, j’ai connu des sensations mémorielles plus vives, mais à entendre les kids proférer des « mais oui ! je me souviens ! », je comprends que le plaisir de la redécouverte sera surtout de leur côté. On salue la statue de Saigo Takamori, celle de la gigantesque baleine, on descend du côté de l’étang où se trouvent les gros nénuphars, puis on quitte le parc pour zoner dans le marché d’Ameyoko et dans le magasin de jouets à côté de la station d’Ueno. Olrik jr, qui s’est aperçu qu’il n’a pas pensé à apporter un couvre-chef, cherche une casquette. Effectivement, lui qui s’est coupé les cheveux façon joueur du Koshien (un truc décidé avec ses copains de Terminale), voit bien que le soleil au Japon, l’été, cogne plus fort que John Bonham sur sa batterie. Il attendra un Uniqlo trouvé dans l’après-midi.

L’après-midi, direction le Tokyo Sky Tree. À la base, on voulait refaire le musée Ghibli, mais comme je me suis fait blouser par le système des réservations, on s’est dit que faire le Sky Tree à la place serait un bon dérivatif. Mais en fait, non. Pour avoir fait cinq ans plus tôt la Tokyo Tower la nuit, faire le Sky Tree en plein jour nous a moins intéressés. Bien sûr, voir le béton et le bitume de Tokyo s’étendant à perte de vue, à 360°, est saisissant, mais voir toutes ses lumières la nuit était plus… disons atmosphérique. Et puis, il y avait le monde, l’habituel cirque des queues à n’en plus finir, chose que l’on n’avait pas eue avec la Tokyo Tower.

Le reste de la journée s’est passé à Harajuku puis à Shibuya pour faire notamment une incursion au Mandarake mais sans non plus pousser trop loin la première journée. On est rentrés sagement à l’hôtel vers 22 heures car le lendemain, nous attendait des hauteurs bien plus sympathiques que celle du Sky Tree : celles du Mont Fuji. Tout le long de la journée, je m’étais demandé si cela serait raisonnable. J’avais pourtant en amont zyeuté pas mal d’articles et de vidéos montrant que oui, faire le parcours dit Yoshida avec un gosse de douze ans était jouable avec quelques précautions, mais j’hésitais encore. Je me disais que l’idéal serait de partir très tôt, de faire l’ascension et de revenir en soirée. Mais les horaires des trains m’indiquaient assez que le projet demandait à être fait au pas de course et faire ainsi l’ascension du mont Fuji à partir de sa cinquième station, qui plus est avec le soleil qui allait faire notre fête, ce n’était pas la meilleure des idées.

La solution la plus raisonnable était finalement celle-ci : s’y rendre vers 17H, commencer l’ascension vers 19H de manière à arriver au sommet vers quatre heures du matin, afin d’assister au lever du soleil. Montée nocturne, à la fraîche, bien couverts de nos sweat-shirt alors que la météo indiquait qu’au sommet, il ferait un acceptable 9°C, ça devait le faire.

Je proposai le projet aux kids, qui le validèrent sans problème. Ça allait être inoubliable, pour sûr !

Inoubliable, c’est certain. Mais sûrement pas de la manière escomptée.

À suivre…

Vue à Shibuya : Hikaru Mitsuhima vantant les mérites d’une boisson en haut d’un distributeur. Elle pourrait faire la pub de flacons de pisse de rhinocéros que sa simple vue me la ferait acheter sans réfléchir.

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