SCOOP! (Hitoshi One – 2016)

Shizuka Miyakonojo (Masaharu Fukuyama) est un paparazzi à la quarantaine bien entamée. Au début de sa carrière fasciné par l’idée d’être un grand photo-journaliste, il s’est finalement fait à l’idée de chasser des scandales avec des célébrités. Sa parfaite connaissance des ficelles du métier lui permet de vivoter, de se payer des prostituées quand il en a envie ou encore de faire la bringue avec son ami Chara (Lily Franky). Un jour, une des rédactrices du tabloïd pour lequel il travaille (SCOOP!) lui demande de prendre sous son aile une jeune recrue, Nobi Namekawa (Fumi Nikaido) afin de lui apprendre les rudiments du métiers…

Hitoshi One m’était absolument inconnu au bataillon. Un coup d’oeil à son pedigree m’apprend qu’il est l’auteur de six films et quand je vois leurs affiches je comprends pourquoi je n’ai jusqu’à présent jamais vu le moindre de ses métrages. Il a en revanche co-réalisé Rivers Edge Okawabata Detective Agency, drama suffisant pour que la carrière du gus éveille un peu mon attention. D’autant que si je n’attendais rien au début du visionnage de ce SCOOP! (adapté d’un téléfilm de 1985), je dois reconnaître qu’à la fin j’ai clairement eu le sentiment d’avoir assisté à un excellent film.

Porté par d’excellents comédiens, le film propose d’abord une plongée dans le monde nocturne des paparazzis. On est prié de ne pas se mettre une pince à linge sur le nez. Si la démarche de ce type de photographe est évidemment nauséabonde, le spectateur n’échappe pas à un certain sentiment d’admiration face à l’imagination et la roublardise que déploie Shizuka pour parvenir à ses fins. Savoir faire qui a tôt fait de contaminer sa jeune collègue, d’abord réticente puis farouche chercheuse de scandale.

Le duo fonctionne parfaitement et partager avec eux leurs embuscades nocturnes est assez excitant, d’autant que leurs cibles n’inspirent pas franchement la sympathie. A ces moments d’action photographique répond ceux de l’action rédactionnel, avec la cheftaine Sadako Yokogawa (You Yoshida) et son armée de rédacteurs prêts à tous les racolages pour battre le record d’exemplaires du journal. Tout y passe : de l’amourette inédite entre deux idoles du moment à la découverte du visage d’un tueur rendu confidentiel par la protection de la police, ou encore des rencontres dans une chambre d’hôtel entre un politicien et une présentatrice TV à forte poitrine (jouée par Asana Mamoru, miam !) :

Souriez, c’est dans la boite !

Le film serait évidemment répétitif s’il n’y avait pas l’intrigue concernant Shizuka. Le voir fréquenter des oppai bars avec Chara est sympathique :

Le gus Chara, la frime enfouie dans les nichons, ne paye pas de mine ici mais attention, le personnage sera riche en surprises !

Mais derrière cette ivresse vivant l’instant présent se cache non pas un traumatisme mais une inquiétude : après 25 ans à avoir joué au paparazzi, n’est-ce pas le moment de passer à autre chose et de faire un travail photographique plus sérieux ? Le spectateur, lui, se demande surtout pourquoi ce type plein de ressources a un jour décidé de suivre cette voie.  La réponse à cette question sera étonnante et fera plaisir à l’amateur de photographie puisque la figure tutélaire de Robert Capa sera convoquée ainsi que la notion d’instant décisif. HCB ne sera pas mentionné mais on comprend que tout a tourné et continuera de tourner pour Shizuka autour de cette idée : saisir l’instant décisif qui tue et qui prendra forme dans une photo qui sera pour lui un achèvement professionnel. On se gardera bien ici de livrer le moindre indice concernant la fin.

On donnera à la place un aperçu de l’ambiance au sein du journal. On notera la belle décoration sur les murs.

Deux heures assez vivifiantes que propose SCOOP! avec cette plongée dans le monde du tabloïd japonais. Le film réussit à la fois dans sa volonté de jouer la carte de la comédie grinçante (Fukuyama, Nikaido et Franky sont très bons dans ce registre) que dans celle d’utiliser une note plus dramatique, sans oublier de questionner l’utilité de ce type de journalisme même si, pour ce dernier point, Hitoshi One sa gardera bien d’être trop virulent puisque, après tout, la bassesse des attaques vaut bien l’hypocrisie policée de leurs cibles.

Un très bon film de l’année 2016 qui saura toucher au cœur les amateurs de bonnes comédies et de photos volées (Ah ! la technique du hip shoot !). Sur ce, je vous laisse, je vais au conbini acheter le dernier Flash.

8/10

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7 Commentaires

  1. J’ai totalement rejeté le dernier acte du film… Les réactions des personnages m’ont semblé totalement improbables / incohérentes, j’avoue que je suis surpris de te voir aussi enthousiaste.

    • Ah sinon concernant les autres films de One : son adaptation de « Bakuman » est assez réussie et je suis curieux de voir son remake de « Sunny », ayant bien aimé l’original coréen (et j’ai un faible pour Suzu Hirose).

      « Be My Baby », en revanche, reste un souvenir douloureux.

  2. Qu’est-ce qui ne t’a pas plu dans la dernière partie ?

    Je note sinon pour « Bakuman ». J’ai apprécié le manga mais quand le film est sorti, j’avoue que je m’en suis méfié et n’ai pas cherché à le voir.

    • One a réussi à rendre « cinématographiques » des scènes où des personnages écrivent/dessinent un manga, ce n’est pas rien… J’ai même trouvé qu’il améliorait certains éléments (la romance bien culcul par exemple).

      Concernant « Scoop », j’ai trouvé que le personnage de Lily Franky était très mal écrit. Le fait qu’il pète un tel câble m’a paru bien mal amené… Sans parler de la conclusion du film. En gros, j’ai trouvé la rupture de ton trop brutale, ça jure avec le reste, je n’y ai pas cru.

      • Je vois. L’accident suicidaire de Shizuka peut être acceptable puisqu’on présente souvent sa vie avec des accents de vie de raté, qui a choisi un type de acrrière au détriment d’une autre, plus glorieuse. Mais pour le personnage de Franky, peut-être qu’effctivement ce qu’on apprend sur lui n’est pas suffisant pour faire avaler la pilule.
        Le truc c’est que je me suis fait spoiler, j’ai visionné le film en sachant que cela se terminerait par un drame, du coup la rupture de ton s’est faite plus en douceur pour moi.

        Tu donnes envie pour Bakuman. Avec ce temps de merde je crois que je vais visionner cela bientôt.
        Là je vais commencer ReMind. Comme c’est sur Netflix, tu as dû voir cela.

        • Pas encore tenté « Re:Mind ». Là je regarde « Byakuyakou », un drama adapté d’un roman de Keigo Higashino.

          Le pilote m’a emballé, mais depuis je souffre un peu face à une avalanche de ressorts dramatiques assez glauques (quant on en arrive à la nécrophilie dès le 2ème ou 3ème épisode, ça fait avancer à reculons).

          • « quant on en arrive à la nécrophilie dès le 2ème ou 3ème épisode, ça fait avancer à reculons »

            Hey ! Mais c’est que tu me donnerais presque envie ! Et quand en plus je vois que Haruka Ayase joue dedans, ça sent le visionnage dans les prochaines semaines.

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